Ne pas être une mère parfaite...
Même si quelques 60 années séparent cette image (d'Epinal) de la vie d'une mère active d'aujourd'hui, les clichés ont la peau dure. Nous travaillons toute la journée, nous courrons pour rejoindre nos pénates (lesdits pénates s'avèrent souvent tout sauf paisibles et accueillants -ils le deviendront passé 22h une fois les enfants couchés-) afin de sacrifier à une deuxième journée, plus ingrate celle-là.
Je ne manque pas à la règle. J'ai des journées très denses, partageant ma semaine sur deux établissements, je fais dans chacun autant de projets que si j'y étais à temps plein. Double investissement et une course haletante. Mais c'est mon choix. Je ne parle pas des élèves à gérer et des gueulantes à pousser. Je rentre donc chez moi, vidée, souvent hagarde, pour me coller à la surveillance des devoirs de ma progéniture à moi, me désespérant une nouvelle fois devant leur manque abyssal de motivation (j'vous jure, y a des claques qui se perdent...)
Hier soir, donc, après une de ces journées où le coucher du Lapin est expédié plus rapidement que de coutume (soit en une demie-heure au lieu d'une heure) l'histoire racontée en deux pages et la sacro-sainte chanson du soir chantonnée sans ferveur aucune... Voilà-t-y pas qu'une fois couchée, elle se met à braire de toutes ses forces (oui...ma fille hurle, elle braie ,elle beugle, au choix...)
MA-MAAAAAAAAAAAAAAAANNNNNNNNNNNNNN !
Je laisse dire. Sourde.
MA-MAAAAAAAAAAAAAANNNNNNNNNNNNNN !
Impérieuse capricieuse.
Une boule monte dans mon estomac, me coupe le souffle, me bouleverse le plexus solaire. Je respire comme au yoga... je fais la zen comme je peux. Et je remonte les escaliers le pas lourd, en poussant des soupirs de taureau.
- y sont attachés !
Elle a deux horribles peluches Diddl-porte-clé (des abominations de provenance inconnue...) qu'elle avait attaché ensemble et qu'elle n'arrivait pas à séparer.
Quand la mère sort de ses gonds, la mère est tout sauf glorieuse...
J'ai pris les (affreuses) peluches, tiré sur les têtes comme une damnée (purée c'est super solide c'truc !) jusqu'à en arracher une pour séparer les choses. J'ai jeté sur son lit les cadavres de velours sale.
- voilà, ils sont détachés ! Maintenant, DODO !
Elle en est restée bouche bée..."collée au mur" comme diraient mes ados. Silencieuse...
Elle n'a remis sa sirène en route que lorsque j'ai eu tourné le dos et commencé à descendre les escaliers. Elle a appelé son père (sage précaution !)
Qui a fini par monter. Gronder. Puis redescendre, l'objet à la main. Sereinement, il a recousu la tête du cadavre.
Comme lorsque, sans rien dire, il va chercher la pelle et ramasse les éclats de verre par mes soins rageurs explosés.
Il attend que passe l'orage. Il est d'une patience qui ne me rend pas fière de mes (rares) colères ...mais ceci est une autre histoire;
Mon Lapin n'oubliera pas que sa maman lui a déchiré sa peluche. Pas plus que moi-même n'ai oublié le magnétophone que m'a mère a cassé de colère lorsque j'avais 16 ans (okêêêêêê.... je tardais à venir à table... ne dites rien à mes fils, surtout !)
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