vendredi, mars 11, 2011

TénardierLand

J'ai l'air, comme ça, vue de l'exterieur, d'être une mère cool limite négligente qui laisse pousser ses enfants tous seuls... Mais il y a quand même chez nous quelques règles sur lesquelles nous sommes INTRANSIGEANTS le Doux et moi. Limite psychorigides. Une de nos fixettes concerne le comportement à table. Déjà, les repas se prennent en famille, et non pas chacun à sa guise à son heure.Nous lâchons prise sur certains détails vainement energivores concernant entre autre le look ; l'ado cherche son identité, marque son appartenance à une tribu -pas familiale !-  c'est bien connu. J'estime qu'avec aujourd'hui 4 mâles ados à domicile (oui, 4, pas 1, pas 2, pas 3... 4 d'un coup... ça fait très lourd moi je vous le dis) les lubies vestimentaires leur passeront comme elles sont venues, comme elles ont passé furtivement mais intensément sur moi au même âge. Un impératif : tu t'habilles comme tu veux pour aller voir tes potes mais quand tu sors avec moi tu mets un jean correct, propre de préférence et UNE CEINTURE MERCI. Tes cheveux tu en fais ce que tu  veux, longs, courts, des  dreads ou pas, POURVU QU'ILS SOIENT PROPRES. Lâcher du lest également sur la propreté ou la décoration de leur grotte individuelle.

Je parlais du comportement à table. Je ne remercierai jamais assez mes parents pour l'éducation qu'ils m'ont donnée dans ce domaine, éducation que j'ai pu appliquer (sans honte aucune)  et développer dans une famille de marquis lorsque j'étais au pair en Italie mais surtout dans mon EX belle-famille de comtes qui ont sournoisement traqué le faux pas (pas de bol, je sais jusqu'à peler et manger une oranger ou une pêche au couteau et à la fourchette, idem pour la crevette facétieuse). Je tiens donc à ce que les enfants aient une tenue à table qui soit  plus que correcte (et ça demande une énergie, mes aïeux... 100 fois sur le métier de parent tu remets ton ouvrage...)
Entre autres exigences (on ne vient pas à table dépoitraillé, on met ses deux mains sur la table, on ne sort pas son portable à table on le laisse carrément dans sa chambre, on vient également sans ses écouteurs...) nous tenons à ce qu'ils mangent de tout, ou à défaut, goûtent de tout ce qu'on leur sert. Au mieux, qu'ils finissent leur assiette.
Et pas la peine de manger à vitesse supersonique pour retourner vaquer à ses occupations, on attend que le dernier ait fini son assiette pour passer au dessert ou sortir de table. Quand tu seras tout seul chez toi tu pourras même manger devant la télé avec les doigts à même la barquette si tu veux mais en attendant...

Donc, on goûte de tout. Et on ne dit jamais "C'EST PAS BON", y en a qui se sont pris des baffes pour moins que ça. On dit éventuellement "je n'aime pas". Mieux, on ne dit rien.  Bien sûr, l'ado en famille se lâche sur les convenances et les platrées de soupe sont accueillies avec la liesse générale que je vous laisse deviner... Idem pour certains légumes qui ne font pas l'unanimité. Mais voyez-vous, la cuisinière s'en tape royalement, la cuisinière c'est elle qui décide, c'est elle qui fait les courses, c'est elle qui fait les menus et c'est elle qui se met aux fourneaux. Donc, elle cuisine ce qu'elle veut. Si certains ne sont pas contents,  ils peuvent quand ils le souhaitent et sans préavis préparer le repas familial. la critique est aisée mais l'art est difficile, n'est-ce pas.

Je fus prise il  y a quelques jours, d'une frénétique envie de potée. Une bonne potée, avec des bons saucissons  à cuire du fermier près de chez mes parents, fermier qui élève ses propres gruicks qui gambadent dans sa forêt. Le cochon a été tué il  y a peu et mon congel s'est rempli. Des bonnes carottes toutes biscornues et pleines de terre, pas les carottes oranges fluo toutes droites comme des surligneurs, du bon poireau idem, en provenance de mes paniers du vendredi, des patates du même endroit, pleines de vraie terre elles aussi.

Les grands ont grimacé pour la forme, la mayo maison a fait passer le tout et certains se sont même resservis. Pendant ce temps... Le Zébulon pleurait à chaudes larmes sur son assiette. Et chacun sait que si on n'aime pas les poireaux ni le chou, froid c'est encore meilleur, n'est-ce pas, tu as raison de prendre ton temps mon gars. Je veux bien qu'on n'aime pas certains légumes, qu'on ne les aime pas au point de ne pouvoir en faire un repas complet mais à 13 ans, ce n'est pas comme s'il n'en avait jamais mangé... C'était juste là, cette fois, chou+poireaux ça faisait beaucoup d'un coup. Pas même voulu goûter. Ou alors en faisant mine de vomir... (là c'est une attitude que j'adore... 13 ans, hein, pas 3...) Il est resté à pleurer sur son assiette. Bonne fille (on n'est pas bourreaux quand même) je lui ai rappelé que s'il n'avait plus faim, il n'avait pas faim pour le dessert non plus... et qu'au goûter, s'il avait vraiment faim, son assiette l'attendrait... Idem pour le dîner. OK, il a dit, pensant que sa vieille mère avait la mémoire courte et pouvoir échapper ainsi à la potée de 16h.

C'était sans compter sur la filouterie dudit Zébulon, dont ,coup de chance ,c'était également le tour de débarrasser la table (oui parce que non contents de les forcer à manger de tout, nous les utilisons comme esclaves et les faisons débarrasser table, le lave-vaisselle et mettre le couvert à tour de rôle.) Voilà donc le Zébulon qui balance tout le contenu de son assiette à la poubelle (même pas dans celle qui va au compost !) et que je te planque tout ça sous montagne d'essuie-tout. Trop discret ! Là, mon sang n'a fait qu'un tour...

Non seulement il a eu droit à l'interminable leçon de morale, mais je lui en ai également servi une nouvelle assiette au dîner. J'ai été sympa, il a eu droit au reste de la mayo, quand même. Il a pleuré, je lui ai laissé tout le temps dont il avait besoin (soit 45 mn) et il a terminé son assiette. Et il est venu s'excuser d'avoir jeté sournoisement sa nourriture à la poubelle. Jamais auparavant il n'avait eu cette attitude aussi extrême, et moi non plus.

Goûter de tout, à défaut d'aimer tout, est quelque chose auquel je tiens ce qui concerne mes enfants (quand je dis "mes" j'inclus mon beau-fils, je parle des enfants qui vivent chez nous.) J'ai "récupéré" il  y a presque 10 ans un beau-fils fâché avec les légumes ET les fruits. Des repas pâtes-patates-purée-riz et un menu pour chacun des 7 membres de la famille, ça n'est pas possible. Des efforts d'imagination pour planquer le navet, le poireau ou la carotte, moi je vous le dis ! Aujourd'hui il mange de tout, apprécie même avec une joie certaine les épinards-béchamel ou les tartes aux légumes (un excellent moyen de planquer plein de trucs, la tarte ou le curry de légumes et lait de coco ou les légumes au cumin ou au ras-el-hanout accompagnés de boulgour !)

J'ai consolé le Zébulon aujourd'hui en préparant son plat favori : chili con carne.

Ce soir... Soupe. Avec le reste ds légumes de la potée !

Qui a dit "éduquer sans contraindre" ?!

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mardi, mars 01, 2011

Le Djeune

Qui peut me dire pourquoi l'ado, qu'il faut sortir du lit le matin au transpalette pour aller au lycée, qui se retourne dans son lit en grognant, qui petit-déjeune à l'arrache parce qu'il se rend compte qu'il ne lui reste que 4 mn pour prendre son bus "mais-pourquoi-tu-m'as-pas-réveillé-plus-tôt", qui court comme un dératé au bout de la rue sauter dans son bus matinal dont le chauffeur, le connaissant, l'attend quelques minutes depuis 2 ans... Donc, pourquoi ce même jeune, le même, juste 3j plus tard, est capable de se lever à 07h30 un jour de vacances, de prendre un copieux petit déjeuner, de préparer avec une conscience que je ne lui connaissais pas tout son matos de ski, bouteille d'eau et biscuits compris, les gants qui vont bien, les lunettes etc... Etre même largement en avance pour prendre la navette qui les montera ses potes et lui sur les pistes ensoleillées et quasi désertes.

Je n'en croyais pas mes yeux ce matin et je saurai m'en souvenir. Ainsi donc, l'ado est capable de gérer son réveil matinal tout seul quand c'est nécessaire...
Bon, c'est ce même ado qui , alors que vers 14h vous vous apprêtez à jouir d'une petite sieste bien méritée (si si, bien méritée) vous appelle pour vous annoncer que
1/ Y a trop trop d'brouillard on y voit pas à 2 mètres
2/ Il fait trop froid on se caille vraiment grave
3/ La navette est à 18h
4/ si par hasard vous ne pourriez pas...

Vous faites quoi ? Vous vous octroyez votre sieste de 2h bien méritée et vous laissez 4 jeunes se geler dans le brouillard au pied des pistes, après tout vous avez donné de quoi prendre la navette, zut alors, hein...

Ben non... vous soupirez un grand coup, vous enfilez vos bottes, votre chaude veste et vous vous mettez au volant de votre minibus. Et vous n'oubliez pas au retour de faire la distribution de potes dans les hameaux voisins avant de rentrer chez vous.

Pour la sieste du jour, c'est grillé. Alors vous vous consolez en envoyant un mel au Doux qui bosse. Vous vous donnez rendez-vous dans un salon de thé et à défaut de sieste toute seule vous compensez avec un bon thé accompagné d'un vrai bon gâteau en tête à tête dans un endroit calme et ouaté. Vous ètes juste partie de la maison quasi en catimini en lançant à la cantonade "Je vais faire des courses je suis là dans pas longtemps".

De toutes façons, votre troupeau d'ado s'en fiche, chacun est collé devant un écran ou un bol de céréales, et tant que le réfrigérateur est plein, que la coupe à fruits déborde de clémentines, et tant qu'il n'est pas l'heure du repas, personne ne s'inquiète de savoir où vous êtes.

Pas même la grenouillette ! 

Demain, sieste. Si si, j'insiste !

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