dimanche, janvier 10, 2010

de Bourgogne et d'autres choses...

Vite, avant que ne s'effacent les souvenirs doux de ces quelques jours. Quelques jours volés à personne. Quelques jours rien qu'à nous deux. Trois jours par an. Trois journées, deux nuits. Sur 365. C'est peu, dit comme ça. Mais pour nous c'est immense. Vital.

Nous avons hésité entre Bruxelles, Londres... ou moins loin. J'ai de trop froids souvenirs d'Amsterdam en Décembre. Ce fut donc moins loin. La Bourgogne.

Les garçons ayant rejoint leur autre parent (ce qui a bien failli ne pas se faire... mon ainé nous ayant fait revivre comme chaque fois la scène du "j'irai-pas-c'est-mort"... sauf que cette fois ses 65 kgs de muscle ont été posés manu militari sur le siège arrière de la voiture par un "père" excédé au bout de 30 mn de tergiversations et d'allées-venues dans le froid), nous avons déposé la grenouillette chez ses grands-parents.

Et zou. On trace la route ! Vous n'imaginez pas cette sensation de légèreté, cette euphorie, cette liberté si précieuse : monter juste nous deux dans la voiture, sans avoir une grenouillette remuante à attacher, à détacher, à trimballer, à faire taire, à calmer, à gronder... sans avoir à se dépêcher pour être de retour à telle heure... Sans avoir non plus une meute d'ados ronchons à gronder, à calmer, à faire taire...

Je n'ai hélas pas de photos de la terre Burgonde à vous montrer... (là je vais cafter, c'est pas beau je sais) Doux est le préposé aux photographies. Il fait ça tellement mieux que moi... Doux a bien pris son bel appareil photo... mais au moment d'immortaliser l'instant, Doux s'est rendu compte qu'il n'avait pas chargé la batterie avant de partir... Il est comme ça, mon Doux... comme mon Zébulon... Etourdi. Très. Très très. ça fait son charme, je ne lui en veux jamais. Parce que ça n'est jamais grave, j'en ris souvent. Et avec lui, j'aime l'improvisation. Qu'il a érigée au rang d'art. J'apprécie enfin, parce que je lui fais confiance, d'être portée par son sens de la "dernière minute". Un bouquet de belles surprises.

Au gré de zig-zags campagnards, notre inspiration nous a déposés aux Hospices de Beaune. Belle architecture, sublimes toits polychromes. Fascination extrême : la vitrine des instruments anciens, clystères en tous genres et outils de trépanation... J'en frémis encore.

Des châteaux, des ruisseaux qui serpentent, un véritable paysage de peintre ("une vue d'artiste", dit mon Doux), des villages et hameaux vides de population et partout cette pierre jaune... Les bonbons à l'anis de l'Abbaye de Flavigny, achetés au kilo... la truffade d'andouillette au Chaource d'un certain petit restaurant à la déco design... Le Pommard... le Chassagne-Montrachet... le Volnay... le gentil petit producteur dont la cave est cachée dans un recoin du village de Pommard... une dégustation au débotté, explosion de saveurs, de découvertes, un vrai moment de grâce...

L'Abbaye de Fontenay, grandiose sous le ciel orageux, le clair-obscur sous ses arcades et les rares rayons de soleil, magiques, se glissant entre les étroites ouvertures. Les bâtiments religieux anciens me fascinent. Ado, je déstestais que ma mère, fan de vieilles pierres, nous inflige ces visites, guide vert à la main. En vraie prof ;-) Adulte, j'adore ça... J'adore quand mon Doux me fait l'histoire de l'art et de l'architecture (j'adore faire les musées avec lui également pour cette même raison... ) J'adore être écrasée par l'Histoire des lieux, ce sentiment d'humilité, de petitesse face au temps qui passe. Mais j'évite de (trop) faire subir ça à mes ados... un peu quand même, pour garder leur curiosité en éveil mais pas trop pour ne pas les écoeurer. Fascination extrême : l'église de l'abbaye, imposante, immense, dépouillée (c'est un peu le principe des Cisterciens, cet ascétisme...) Elle m'a laissé sans voix. Le temps couvert ce jour-là et le peu de visiteurs ajoutait à l'ambiance du lieu.

Une jolie chambre d'hôte, avec sa table opulente et sa maîtresse de maison genéreuse (et ses bons tuyaux de cuisinière pour un dos de cabillaud rôti tout simple à s'en relever la nuit), les deux jeunes familles belges avec enfants avec qui partager la table et les bons mots (c'est très plaisant de voir les autres se dépatouiller avec leurs enfants et de n'avoir pas à s'y coller avec les siens ! Liiiiiiibres !)

Les pains d'épices de chez Mulot-et-Petitjean à Dijon-sous-la-pluie.... faire les boutiques et me laisser offrir de jolies choses par mon Doux... se retenir de rire, happant en passant la conversation d'un couple de trentenaires bien propres-sur-eux : Monsieur dit à madame, l'index se curant bien consciencieusement la narine... "chais c'que j'ai mais j'ai plein d'croûtes en ce moment" Trop classe :-)

Trois tous petits jours. Trois petits jours, c'est peu, mais pour nous c'est immense. Enchainer sur 2 jours en montagne, basculer dans l'an neuf avec une amie-de-trente-ans les pieds dans la neige, apercevoir au cours d'une ballade,tout près, les chamois venus chercher l'herbe sous la neige à proximité des hommes . Se dire que décidément j'admire cette femme, mon amie, médecin de garde un soir de Nouvel An. Qui part pendant 3h sauver une vie alors que d'autres font la fête. Mais qui n'y parviendra pas. A qui il faudra tout de même souhaiter une bonne année, pour la rendre plus forte.

Et puis reprendre le fil d'une vie qui court. Qui galope. Qui file comme le vent. Qui effacerait tout ça s'il ne restait quelques images fugaces et quelques douceurs au coeur.
Et quelques bonbons à l'anis.
Et quelques grammes de pain d'épices.
Et quelques bouteilles docilement couchées dans la cave de mon père...

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13 Comments:

Blogger Catherine said...

La côte d'Or n'a maintenant presque plus de secrets pour toi ;-D Un très joli département mais quel est celui qui n'est pas joli nous habitons un bien beau pays.

10/1/10 18:51  
Blogger Delphine said...

Bon alors je ne sais pas par quoi commencer et en plus je dois coucher les enfants, donc je vais à l'essentiel:
1. ravie de te lire et toute épanouie
2. oui, c'est un besoin pour les couples de se retrouver qqs jours par an
3. Beaune, nous y avons passé deux semaines contraints et forcés car c'était une étape prolongée par une maladie inopinée de mon père.
4. il faisait plus chaud en Bourgogne qu'en Belgique?
5. Tu as vraiment vu des chamois???????? Génial.
6. Dijon, c'était pour les 40 ans de mariage de mes parents l'année passée, tous les enfants, beaux-enfants et petit-enfants, plein de petits BB pleurant nuit et jour, les parquets du manoir qui grincent, les adultes de plus en plus sur les nerfs, la pluie, la pluie et encore la pluie, mais ça nous a soudés encore un peu plus j'te jure!
7. A cette occasion papa nous a offert deux très très bonnes bouteilles qu'Amaury a stocké dans sa cave (parce que la nôtre n'est pas bonnes) et.... elles ont été bues :-((((((((
Bises et merci pour ce beau moment

10/1/10 19:06  
Blogger tanette said...

Trois jours bien mérités.. et merci pour le cadeau que tu nous fais de ton récit. L'abbaye, la chambre d'hôte, le pain d'épice, le chamois...et puis cette amie admirable qu'il faut aussi réconforter...tout cela est si bien écrit.
Je te souhaite de garder en mémoire ces images et les douceurs au coeur pour les jours qui ne manqueront pas de recommencer à galoper.
Bises.

10/1/10 20:17  
Anonymous béné said...

"Trois tous petits jours. " mais dans ton coeur...ils doivent occuper une de ces places ;-)

PS: je ne vois pas le jour en ce moment...cf;MSN

10/1/10 20:53  
Blogger FD-Labaroline said...

* Catherine, une des rares régions pour laquelle nous nous disons que nous y retournerons dès que possible... et pas très loin de chez nous.

* Delphine, pour le vin stocké chez les parents, la mésaventure est arrivée à ma soeur (avec un Gewurzt' vendanges tardives !) C'est le risque... même si les bouteilles sont marquées, ou mises à part, séparées des autres.Tu devrais retourner dans la région, vraiment, elle vaut le détour. t puis ça n'est pas loin de chez vous, si j'en juge au nombre de tes compatriotes croisés sur place :-)

* Tanette, si tu passes dans cette région, ne fais pas comme nous, n'oublie pas les photos (mais je suis sûre que tu es mieux organisée que nous !)

10/1/10 21:03  
Blogger FD-Labaroline said...

* Béné... j'arrive sur ta boite msn... ça va ?

10/1/10 21:04  
Blogger bricol-girl said...

Je suis heureuse pour toi des ces quelques jours volés au quotidien

11/1/10 07:30  
Blogger ms said...

Qu'ils font du bien ces moments là, sans enfants, sans obligation si ce n'est de profiter. Ici aussi ils sont rare mais on y arrive. Nous traversons depuis des années la Bourgogne, sans nous y arrêter ! Pourtant, un arrière grand père originaire de cette région, il faudrait ....

11/1/10 08:34  
Blogger tanette said...

Réponse à ton com : crois bien que j'apprécie la chance que j'aie et que je la savoure...ce qui ne m'empêche pas de compatir...sincèrement, je plains tout ceux qui ont eu les mêmes difficultés que toi ce matin...
Bises.

11/1/10 12:35  
Anonymous phenix said...

si joliment raconté...
Plein de belles choses pour 2010

13/1/10 07:56  
Blogger  Célestine ☆ said...

Comme tout cela fait envie, si joliment raconté. On sent que tu as passé des jours magnifiques et on en a tellement besoin, de se créer des bons souvenirs pour enjoliver les jours gris, les récrés à se cailler dans la cour, les nuits qui tombent trop tôt et toutes les joyeusetés de l'hiver. L'amour tient chaud comme un manteau...
Toujours ravie de te retrouver sur ton blog.A très bientôt.
Célestine

13/1/10 10:10  
Blogger Co de contes said...

ton pain d'épices me fait saliver devant mon écran..
tu as eu raison.;je te comprends.;notre escapade à Venise avait aussi ce gout de liberté que ne peuvent connaitre que les parents d'zados!

13/1/10 20:14  
Anonymous KaMaïa said...

Miam, on s'y croirait :D
Ca fait du bien les vacances à deux, faudra qu'on essaye, nous.

18/1/10 14:48  

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