mardi, avril 03, 2007

Le coup de gueule du jour ou Le client est Roi

Je devais, en principe, telle la bergère, sur la suggestion de Zaboo, faire l'inventaire de mes moutons-ton-taine domestiques (ceux sous les meubles, vous savez...) Mais il faut que je partage ma mésaventure de cet après-midi. Coup de gueule, donc.

J'habite depuis peu tout près d'un gros bourg, Plouc-Ville (si si, quoi qu'en pensent ses habitants, ça n'est qu'un gros bourg, à l'esprit de village bien ...village, quoi) qui fait office de "grande ville" locale. Donc, j'avais besoin de terreau, et de "pralin" pour planter mes pieds de haie, puisque les 70 trous sont faits et bien faits, et qu'ils attentent patiemment.
Vu l'écart de prix entre le rayon Jardinerie du BricoTruc local et le AgriMachin local (fournisseur des agriculteurs professionnels et des maraîchers du dimanche), mon choix se porte sur le... moins cher.

Fermé le lundi. Hier j'ai donc fait demi tour en pestant. Mais bon, il a le droit... Puisque c'est ainsi nous reviendrons mardi. Mardi j'y retourne. Le parking de 8 places est plein, je gare le minibus familial tant bien que mal entre un gros 4x4 boueux et une Clio blanche. Et j'entre dans ledit magasin.
Etes-vous déjà entré dans une vraie boutique antillaise ou africaine, à Paris ou ailleurs ? Je vous le conseille... L'accueil vaut le détour : les filles papotent entre elles ou sont au téléphone, personne ne s'occupe de vous, ni ne répond à votre bonjour, limite vous perturbez la réunion de copines. Idem chez AgriTrucTruc.
Si je trouve tout de suite le seau de "pralin", je erre comme une âme en peine à la recherche d'un sac de terreau, entre les pelles de toutes tailles, les rayons d'aliments pour bétail, volailles (entre nous , j'ignorais qu'on faisait autant de sorte d'aliment pour nourrir les poules, si avec ça elles vous pondent pas trois douzaines d'oeufs par jour c'est bien du Diable...) J'ai l'impression d'être arrivée par erreur dans un mariage où je n'étais pas invitée, ils se connaissent tous et je suis l'intruse ; ça se bise à chaque rayon, et que je te raconte ma dernière sortie pêche, la chasse de samedi dernier, des nouvelles du fiston , des patates à repiquer mais "il fait encore froid quand même houloulou", des "moi j'ai ressorti mes géranium et toi ?", des "ma fille m'a offert un camélia, il est dans la véranda", des "ben tiens vl'à l'Marcel, alors Marcel, qu'est-ce t'en dis ?" (version locale pour dire "comment vas-tu ?") ; bref, un vrai bonheur pour un ethnologue, un parfait nid d'autochtones, mais sur l'heure je n'ai ni le temps ni l'humeur... je cherche du terreau, nomdidjou, ça devrait pas être compliqué tout de même...

Désespérée, je me plante dans la queue à la caisse, tant pis pour mon terreau, au hasard de mes pérégrinations dans les rayons j'ai rencontré un litre de liquide vaisselle bio pour quatre fois moins cher que mon supermarché habituel, je n'aurais pas tout perdu ! Voilà qu'un gentil pépé se plante devant moi, tranquillou, pose ses emplettes sur le tapis roulant tout en discutant avec un autre plus loin. Moi ? Je n'existe pas. TRANSPARENTE. ça faisait des années que ce truc du transparente, inexistante, ne m'était plus arrivé, j'en avais oublié cette désagréable sensation, désagréable et humiliante. Encore toute étranglée de rage, plus la déception de n'avoir pas trouvé mon terreau, l'idée d'aller quand même au Brico en chercher et d'avoir un peu perdu mon temps... je me rapproche du tapis, ne pas laisser de quoi s'insérer, on sait jamais. Voilà -t-y pas qu'un autre de ses conscrits arrive, et bonjour, et comment tu vas, et mine de rien que je te passe devant la dame qui poireautait avec son seau de pralin à la main, me bouscule, se retourne, me voit, ME REGARDE.. et se retourne et continue de discuter... A la limite c'est moi qui aurais du m'excuser de m'être trouvée sur son chemin ! Soufflée j'étais ! Estomaquée ! Mais on m'a appris à respecter les anciens, trop bien élevée je suis et pour le coup je ne remercie pas mes parents... Je leur trouve des excuses, ils doivent être très pressés, ils ont mille choses à faire, ils sont vénérables, le privilège de l'âge les autorise à toutes les impolitesses...

Pendant ce temps, j'observe autour de moi et je constate avec soulagement que cette serviable échoppe dispose d'un vendeur, même âge que ses clients, qui tutoie et connait tout le monde, qui va chercher les sacs de patates à repiquer et les pose sur le tapis roulant, à la demande. Et puis même, ooooh dis donc, des sacs de terreau ! Voilà qui fait mon affaire, finalement, vieille boutique mais les habitudes "à l'ancienne" ont du bon : on va vous chercher les trucs lourds, comme dans certaines stations on vous sert encore de l'essence ! Rapide comme le cobra, désespérée comme la mangouste, je me lance sur lui qui passe à ma portée pour lui jeter ma requête comme une bouteille à la mer.

- Excusez-moi monsieur (j'y mets les formes, on n'est pas des bêtes, même si on est un chouill' énervée) je cherche du terreau...
- Quelle quantité ?
- Ben... 40 litres ça devrait aller.
- 50 litres, on n'a pas 40.
- Bon ben 50 litres ça ira bien.

Et là... alors qu'aux autres, muni de son caddy greffé au bout de son bras il faisait la navette en leur disant "je vais te le chercher, c'est tout ce qu'il te faudra ?" à moi, que croyez-vous qu'il me dit ?

- C'est là-bas derrière. Il vous faudra un charriot, ils sont dehors les charriots.

Re-re-glurp... Normalement... j'aurais du tout planter là. Mon liquide vaisselle et mon pralin à 8 euros. Normalement. Mais je ne l'ai pas fait. J'ai posé mes bidules sur le tapis, j'ai dit "je reviens". Et je suis allée tout doucettement chercher un caddy, dehors, sous la pluie, en me disant "si c'est à jetons je me barre". Mais comme ils sont troooop sympas dans ce magasin, ils n'embêtent pas leurs clients avec des jetons de caddy (c'est parce qu'ils ne savaient pas que j'allais venir...)
J'ai trouvé le terreau, la vaaaaache comme c'est lourd 50 l de terreau ! Et ça rend le caddy difficile à manoeuvrer, ça ne fait que conforter ma joie, mon immense bonheur, ce bonheur-là qui vient de me déclencher une méga-crampe d'estomac (Spas*fon au secours ! ) de rage contenue.

Longtemps que je n'avais plus vécu ça, depuis mon passage rapide en Ternois profond il y a quelques années. Plouc-Land, à moins de quarante kilomètres d'une ville universitaire de 400 000 habitants agglomération comprise... qui l'eut cru ?

En sortant je suis allée me calmer au BazardLand du coin, ben je les ai trouvé vachement sympas les filles de chez BazardLand, même si je n'ai pris qu'un fouet à main (pour battre mes crèmes) à 1 euros 15... Et pour vraiment vraiment bien me calmer je me suis ruée en rentrant sur une boite de Brownie "Format familial à découper", d'une traite, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien dans l'emballage d'alu ("format familial", c'est quoi ces familles d'ascètes, dis-moi ?) Et une bonne poignée de poissons au chocolat par dessus, même ceux au lait que j'aime pas. Après j'étais calmée. Dégoûtée, furax, mais calmée.
Et je me suis dit que j'y retournerai, dans ce magasin. NA ! Ils m'y verront, ils ne me feront pas fuir, je les forcerai même à me parler parce que je poserai plein de questions la prochaine fois... NAN MAIS !

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14 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Je suis désolée, ce n'est pas drôle mais j'ai ri...
J'ai l'impression de me voir ici, au Venezuela, dans certaines boutiques où, sous prétexte que tu es étrangère, tout le monde te passe devant...
La différence c'est qu'on ne parle pas la même langue et qu'ils sont persuadés que je ne comprends rien ! C'est parfois assez drôle de voir leurs têtes quand je m'immisce dans la conversation...

4/4/07 00:59  
Anonymous Anonyme said...

Et tu te moquais de ma sortie football dans le lensois ? mdrrr
Chacun sa croix finalement.
Des magasins comme celui-là il en existe partout en France car beaucoup de gens résonnent encore village-bourg et celui qui n'est pas de leurs habitudes est considéré comme un étranger.
Je suis sûre que lorsque tu y auras été plusieurs fois, tu seras déjà mieux acceptée.
C'est triste mais c'est comme cela la France.
Sauf si tu viens à Armentières, là tout le monde est sympa mdr.
Bises

4/4/07 09:33  
Blogger FD-Labaroline said...

* Natduvenez, on fait vraiment tâche dans le paysage local, famille ultra nombreuse, on roule en minibus, on n'a pas la même maison que les autres et nous ne sommes pas tous de la même couleur... ça fait beaucoup à assimiler d'un coup pour eux :-) Dans 2 générations ils s'y feront peut être !

* Mlle Baudet, on m'avait dit aussi "tu verras dans le Ternois ils sont sympas". Aaaaah ouaiiiiis... j'attends toujours ! J'aurais du être mutée à Armentières, tu as raison, ça n'aurait pas été pire !

4/4/07 09:46  
Blogger zaboo said...

Mais c'est pas possible, en gros c'est un magasin où on ne peut acheter que si on est du bled !!!!!! Et du moins parmi les ploucs !
Rhooooooooooooooooo la patience, moi j'aurais tout planté gueulé et annoncé que j'allais chez le concurrent...........
Tu l'as méritée ta boîte de brownies.
Pour conclure, je dirais que tu n'es pas comme eux, donc tu n'es pas une plouc ! et toc !

Cette boutique, est un amas de mal élevés.

pffffffffffffff, gros bisous ma belle FD pas plouc !

4/4/07 09:48  
Anonymous Anonyme said...

J'avais de la peine pour toi, j'ai même pas réussi à sourire parce que je te voyais dans le magasin et je ressentais dans mes tripes ta souffrance, est ce parce que je l'ai vécu oui, et le pire c'est que tu restes plantée, la répartie elle vient après quand tu te remets à respirer en sortant du magasin.

Je t'admire, tu vas y retourner ...

4/4/07 11:32  
Anonymous Anonyme said...

Stratégie 2 : n'aller plus que chez le concurrent Bricotruc et causer la faillite d'Agrimachin... Et ce sera bien fait, na !

4/4/07 21:16  
Blogger bricol-girl said...

Quel parcour du combattant mais quelle satisfaction quand tes plantations seront les plus belles.

5/4/07 06:47  
Anonymous Anonyme said...

ben dis donc c'est les jours des coups de gueules !!!
t'as bien raison !! râle ça fait du bien

5/4/07 11:03  
Blogger *isadora* said...

Le Ternois... Tu connais le Vimeux ? Je parie que c'est du même acabit...

On dirait du Kamini, ce que tu décris :-/
Sans blague, je ne suis pas sûre que j'aurais eu ta patience...
Pourtant tu as bien raison de vouloir y retourner !

5/4/07 15:25  
Anonymous Anonyme said...

nan mais quelle bande de muffles pecnos !!!

Je serais de toi, j'y retournerais en effet et tant qu'a faire avec des alliées grandes gueules histoire de faire encore plus de bruit

sans déc'

Y manquent pas d'air !

5/4/07 15:48  
Anonymous Anonyme said...

Comme la Tite je dis "t'as ben raison d'y retourner et fais les iéch surtout !"
J'ai bien ri - mais à ta façon de raconter seulement - car j'imagine bien ta "souffrance" si c'était moi c'était pareil - Sauf que faut pas se laisser em***rder tout de même ! Vas-y franco, on est derrière toi !!!!
Biiz

5/4/07 17:16  
Anonymous Anonyme said...

Et bien, c'est dingue, mais j'ai mis du temps à réaliser qu'il s'agissait d'une question de ..couleur...
Et tu as raison, des cons bouseux ou pas, il y en a partout, dans le Ternois aussi (C'est le trouduc du monde, ce coin-là).

Mais comment as-tu fait pour ne pas exploser ? (J'ai un peu peur que tu me répondes, "l'habitude")

La fille d'Arras va aller lire le gars d'Armentières, tiens !!

6/4/07 13:05  
Anonymous Anonyme said...

Ma bonne éducation aurait était un poil émaillée dans une telle situation. Je crois que les p'tits vieux se seraient retrouvés à la queue après un coup pareil !!!
Tu as de la patience je t'admire j'en ai pas autant perso j'ai un peu tendance à envoyer ch*er surtout avec les années (nan chuis pas vieille !!!)
Allez la prochaine fois que tu y retournes appelles moi on va y fiche le dawa dans c'te boutique !

7/4/07 20:19  
Anonymous Anonyme said...

Moi aussi, j'ai ri... jaune.
J'ai déjà connu ce genre de situation, où tu n'ose rien dire de peur de passer pour une mégère ou pire, pour une "estrangère".
J'aurais fait pareil pour les brownies ;o)

8/4/07 22:52  

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