jeudi, avril 26, 2007

Smels like teen...



Je reprends volontiers le flambeau tendu par BricolGirl chez elle, «ce que nous imaginions devenir plus tard quand nous étions petits» Si j’ai tout de suite trouvé le sujet intéressant, l’exercice s’avère à l’usage moins simple que prévu. Parce qu’un poème appris en anglais en classe de Terminale est venu se coller à ma mémoire et ne me quitte plus depuis. Vingt quatre ans que je n’avais plus pensé à ce poème, et là tout d’un coup j’en ai des morceaux plein la tête. Mais revenons à nos moutons…

- Qu’est-ce que tu voudras faire quand tu seras grande ?
Je suis allongée sur la table d’opération, l’anesthésiste tient à la main le masque qui m’endormira et c’est le chirurgien qui me pose la question.
- je voudrais être hôtesse de l’air.
- Ah, tiens, comme ma fille !
Sa fille c’est Patricia, la pimbêche de la classe. Je ne veux pas donner l'impression de copier Patricia, je renonce donc à 8 ans à faire ma Natacha. Mais ça ne m’empêche pas aujourd’hui d’avoir des talons hauts ! Finalement, je ne sais pas si Patricia est devenue hôtesse de l’air …

Par contre, deux choses étaient certaines, immuables au fil des années, évidentes, aussi loin que je me souvienne, du temps où je coupais encore les cheveux des poupées en espérant qu’ils repoussent.
1/ je me voyais avec beaucoup d’enfants, plus de deux en tous cas.
2/ je travaillerai et j’aurai un métier.

Ces deux objectifs étant fermement établis, il s’agissait de mitonner le quotidien, le tout-courant, en épicurienne cigale que je suis. Si le «avoir beaucoup d’enfants» s’est accompli sur le très tard, je ne perdais pas de vue le « avoir un métier », j’ai été élevée avec l’idée que l’instruction libère l’humain, et la femme en particulier, et que pour avoir le choix de ce que je voulais comme vie plus tard, il fallait que je laboure et sème tant que mon cerveau d'écolière était frais et dispo. Une sorte de "mange-ton-pain-noir-aujourd'hui-tu-auras-ton-paradis-demain" .

A 14 ans, j'ai une révélation violente : je veux être juge pour enfants, parce que j’ai lu Chiens perdus sans collier, de Gilbert Cesbron. Pendant deux ans j’ai eu ça en tête très fort, j’ai visualisé le parcours des études, de la fac de droit à l’Ecole de la Magistrature. On s'était promis-craché avec Luc de remettre l'autre dans son chemin en cas de déviation... Luc ne jurait que par la médecine, il est devenu avocat... Je ne suis pas juge pour enfants. Et puis je suis arrivée au lycée… je me suis emballée pour d’autres matières pour lesquelles j’avais plus de facilités, j’en ai découvert de nouvelles… et la magistrature a disparu de mes ambitions. Et quand plus tard j’ai connu les cours de droit dans le cadre d’un autre cursus universitaire, je me suis félicité d’avoir choisi une voie différente : la rigueur nécessaire à ces études-là m’aurait été fatale…

Plus que des rêves d’enfant, ce sont des aspirations plutôt diffuses : je veux grandir, je veux comprendre les adultes, je veux faire des vrais choix qui m’engagent, je veux être LIBRE, libre d’être moi-même sans regard réprobateur proche. Que du classique, quoi (à l’époque, je souhaitais par-dessus tout échanger ma petite sœur contre un grand frère, j’aurais tout donné pour un grand frère…ça n’est jamais arrivé. Heureusement, par la suite, j’ai eu des amis qui furent de moi aussi proches que des frères, et en prime j’ai même gardé ma sœur… !)

Je croyais que je parviendrai à la compréhension suprême, que je serai alors à l'aise sur le grand échiquier, dotée des clés pour tout comprendre, de la pierre philosophale. Adolescente, je me suis crue illuminée de cette connaissance universelle …très brièvement, avant de me rendre compte que plus on apprend, plus on découvre l’immensité de notre ignorance et le chemin sans fin qui est à parcourir. Ainsi, en entrant dans l’âge adulte (qui reste une période non définie pour moi, je la situe vaguement entre 20 et 25 ans…) je deviens humble, et plus que des renoncements, je réajuste légèrement mes ambitions, je les ré-étale dans le temps. La seule vraie douleur ressentie comme une amputation à mes aspirations, c’est, à 33 ans, de renoncer à l'idée d'une famille nombreuse (non, trois enfants ça n’était pas l'idée que j'avais de la famille nombreuse). Parce que je n’avais pas choisi le bon partenaire, celui qui m’aurait donné suffisamment confiance pour poursuivre ma conception du bonheur. Je sentais confusément que je m’enlisais dans des rêves qui n’étaient pas miens, et cela ralentissait ma quête. La quête de moi-même, parce que c’est bien de cela qu’il s’agit, en fait, non ?

En pointant aujourd’hui ce qui est fait et ce qui reste à faire, je réalise qu’au virage d’un certain mois d’Avril 2002, j’ai choisi de reprendre MA route, la mienne seule, de mon propre chef, celle de MA LIBERTE. Une certaine indépendance psychologique. Enfin. Attendue 38 années. Pour garder mes rêves, mon chemin, droit devant. Et il se trouve, ô cerise sur le fondant au chocolat, que ce chemin, je ne m'y promène pas seule. A mon rythme, comme je veux, mais accompagnée et marchant tous deux d'un même pas.
C'était ça, l'idée (floue) que j'avais de ma vie adulte.

Et comment je m'imagine dans 30 ans ? Comme ça...

When I am an old woman I shall wear purple
With a red hat that doesn't go, and doesn't suit me,
And I shall spend my pension on brandy and summer gloves
And satin sandals,and say we've no money for butter.
I shall sit down on the pavement when I am tired,
And gobble up samples in shops and press alarm bells,
And run my stick along the public railings,
And make up for the sobriety of my youth.
I shall go out in my slippers in the rain
And pick the flowers in other people's gardens,
And learn to spit.

You can wear terrible shirts and grow more fat,
And eat three pounds of sausages at a go,
Or only bread and pickle for a week,
And hoard pens and pencils and beer mats and things in boxes.

But now we must have clothes that keep us dry,
And pay our rent and not swear in the street,
And set a good example for the children.
We will have friends to dinner and read the papers.
But maybe I ought to practise a little now?
So people who know meare not too shocked and surprised,
When suddenly I am old and start to wear purple!
Jenny Joseph

Qui veut reprend le sujet, par exemple, Zaboo en preums et les autres suivent !

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19 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Ton article est tout simplement MAGNIFIQUE !
D'un sujet si simple, tu nous en sors un beau cheminement semé d'embûches et de questionnement...
Moi, j'ai beau cherché, je ne sais plus du tout ce que je voulais être, étant petite... Ce dont je me souviens c'est que je me suis toujours posé beaucoup de questions sur ce que voulait dire "réussir sa vie"...
Je vais questionner chez moi (au cas où les souvenirs seraient plus frais...) et essayer de reprendre le flambeau.

27/4/07 00:37  
Anonymous Anonyme said...

Avoir eu des rêves, des envies, des idées précises même, c'est déjà une réussite.
Combien de gens n'ont jamais eu de rêves...Passifs, tout au long d'une vie.
Je les plains sincèrement.
Alors ! réalisés ou pas, l'essentiel c'est bien d'y penser.
Vouloir refaire le monde, se mobiliser...jouer à Don Quichotte, ça ne fait de mal à personne, ça peut même en aider certains.
Bonne nuit

27/4/07 00:44  
Blogger Grande-Dame said...

Je souris en lisant cette conception du bonheur, de l'accomplissement, ce besoin viscéral de trouver cette essentielle liberté dans SON rythme...ça sonne tellement familier!

Il m'arrive régulièrement de penser que je serais plus proche de ce que je suis réellement si j'étais seule. J'ai souvent eu cette impression...

Très beau billet.

27/4/07 02:45  
Blogger bricol-girl said...

Merci FD je savais bien que tu nous ferai un joli devoir.

27/4/07 08:26  
Anonymous Anonyme said...

Bé C koi ce bordel, je me fends d'un long comm et la machine, elle me le prend pas...GRRRR! bref, je te disais que c'était très beau ton billet et que j'essaierai de faire aussi bien re-bises

27/4/07 08:55  
Anonymous Anonyme said...

Superbe billet FD, mais je ne suis pas étonnée, je trouve que tu as un talent d'écriture (bon tu me frustres aussi à ne pas en faire plus souvent des billets hein ;-) ).

Finallement tu auras su mener ta barque à bon port et ça ça doit te rendre très heureuse.

Continue sur ta voie ...

27/4/07 09:06  
Anonymous Anonyme said...

bon je crois que j'ai lu mon nom quelque part........
ça tombe bien, j'ai adoré ta note, mais j'en avais une autre en tête..
Et celle ci me ferait déterrer de sacrés rochers.....
le défi sera de l'écrire avec un beau style littéraire, comme tu le fais toujours.

Ta note est magnifique.
je le ferai promis, mais pas tout de suite, là c'est armaguédon dans l'appart, et le marché.
après.....

Merci, on en attendait une note, et bien je nous trouve bien récompensées de notre patience.

gros bisous

27/4/07 09:32  
Anonymous Anonyme said...

Oui, ça valait le coup d'attendre. Très beau texte où je trouve beaucoup de douceur et de nostalgie (Le spleen à la Baudelaire, peut-être)
Et le poème , même si je n'ai pas compris certains mots, est très beau et très émouvant..
Toi aussi, qui a repris TA route ...
Moi, petite, je rêvais d'être écrivain...
Misère !!

27/4/07 10:08  
Blogger FD-Labaroline said...

* Nat, je suis sure que tu sauras retrouver un bout de ta mémoire, ce qui a fait que tu es devenue celle que tu es aujourd'hui (t'as vu comme c'est bien dit !) Nous attendons donc...

* Maky, il y a ceux qui VIVENT une vie, et ceux qui vivent des NON-VIE, c'est triste...

* Grande Dame, pense-tu vraiment que tu serais plus en accord avec toi-même sans le regard-miroir des Autres dans ta vie quotidienne ?! Ne serait-ce pas juste un coup de fatigue passager ?!

* BricolGirl, je suis contente que que tu sois contente !

27/4/07 10:53  
Blogger FD-Labaroline said...

Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

27/4/07 10:53  
Anonymous Anonyme said...

Bon et bien ma belle j'ai fait mes devoirs...........
bisous

27/4/07 14:14  
Anonymous Anonyme said...

ah ben voilà, je viens de chez zaboo, c'est beau ce que tu as écrit
ce poème anglais est magnifique, je comprends qu'il te soit remonté d'un coup ...

27/4/07 15:41  
Blogger FD-Labaroline said...

* Bénérangère, mais oui, je te fais confiance, tu sauras nous retourner ça en moins de deux (mets la pression la FD, vas-y, mets la pression !)

* Mlle Maupin, la frustration c'est les prémices du plaisir... hi hi hi !! et puis, du caviar tous les jours ça n'est plus du caviar, hein ?!

* Zaboo, je vais aller les voir, tes rochers, j'espère qu'ils ne t'ont pas ensevelie et que tu respires encore...!

* Soeur Anne ,poursuis tes rêves, tu peut être écrivain un jour, pourquoi pas ? je te le souhaite.

* Khey, oui, quand j'ai appris le poème de Jenny Joseph je me suis dit ben oui, moi aussi je veux avoir le culot d'oser tout ça une fois vieille, je vais essayer de m'en souvenir !
Je vais voir chez Zaboo... et toi Khey, tu t'y mets?

27/4/07 16:37  
Anonymous Anonyme said...

Non tout va bien , j'ai eu beaucoup de plaisir à le faire,
gros bisous
même pas mal ^_^

27/4/07 17:42  
Anonymous Anonyme said...

kookoo...C Too ben ouais ,-)

29/4/07 17:07  
Anonymous Anonyme said...

J'aurais aimé savoir ou avoir une idée de "Keskeu" je serai plus tard. J'ai l'impression d'avoir raté un truc là, je n'étais pas très ambitieuse mais peut-être est-ce du à mon éducation ? Nous étions 6 filles et 1 garçon et je crois que je me contentais de ce que j'avais (aujourd'hui encore). C'est grave docteur ???
Il n'en reste pas moins que voilà encore une belle note très bien écrite !
Biiz

1/5/07 23:35  
Anonymous Anonyme said...

ben t'es partie cueillir du guetmu ? bises

2/5/07 07:48  
Blogger FD-Labaroline said...

* zaboo, j'ai vu, bravo, chuis fière de toi !

* Béré-Béné, fais encore coucou comme ça j'aime bien ! nan, pas de muguet par ici, ya pu d'saison et les traditions se perdent ma pôv'dame :-(

* Bii, peut être que tes envies sont sourdes, tues, muettes, mais en tous cas elles sont bel et bien là, je le sais, à ce que tu écris chez toi !

2/5/07 13:46  
Blogger Jane said...

Je réalise en parcourant d'autres blogs, que décidément, tu as une écriture spéciale, magnifiquement travaillée sans en avoir l'air, ou sans s'en donner la prétention, et c'est de là, je crois, que viens notre plaisir de te lire.

Tiens, je viens d'apprendre que cette chanson dont je connais l'air par cœur, c'est Stevie Wonder. Je m'endormirais moins idiote.

Le poème est so sweet ! Ça me donne envie de l'apprendre !

28/2/10 22:08  

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