Mille étoiles et mille soleils
Edit du lundi 05
merci de vos commentaires, la peine pour l'Ainé est toujours aussi lourde de culpabilité "et si j'avais été là, peut être que..."
Mais on ne peut pas porter toute la culpabilité du monde, ni se faire l'ange gardien de ceux qu'on aime, j'en sais quelque chose...
J'ai malgré tout dû me faire violence pour le laisser aller à un festival, en pleine montagne au milieu des pins vendredi soir. J'ai lâché prise. J'ai fait confiance à sa bonne étoile. Parce qu'on ne peut pas les protéger de tout tout le temps, on ne peut qu'espérer qu'ils apprennent de la vie, même si la leçon chaque fois est terriblement douloureuse.
Il a enterré son copain samedi, une belle cérémonie, a-t-il dit, mi chrétienne mi bouddhiste. Depuis, il veut que je lui achète Le livre tibétain de la vie et de la mort... J'accède à sa demande.
C'est la fin de l'année.
ça aurait pu être une chouette fin d'année scolaire.
ça n'est pas une chouette fin d'année scolaire, et je n'arrive pas à me réjouir.
Pour certains c'est l'année du bac. Au lycée proche de chez moi, celui que fréquente l'Ainé, l'habitude est d'aller camper là-haut tout là-haut, au départ des parapentes, dominer la vallée et voir à ses pieds scintiller les lumières. Enivrant. Une vue sublimissime, je le reconnais. Pour qui n'a pas le vertige.
Ils sont allés camper. Ils ont pris les tentes, sont montés qui en voiture avec leur permis tout frais, qui en funiculaire. C'est le dernier jour de la dernière épreuve du bac. On souffle. Le point final de sept années d'études secondaires.
L'Aîné a souhaité y aller cette année, profiter de cette douce nuit avec ses copains (lui ne passe pas encore le bac). J'ai dit "je réfléchis, mais je ne suis pas très chaude", des inquiétudes de mère , peut être trop. Et puis finalement il était fatigué, il a décidé de ne pas y aller.
Ils se sont couchés, là-haut sur le plateau qui domine la vallée, tard dans la nuit, tôt le matin... Il en manquait un... qui était là puis qui ne l'a plus été. Tout d'un coup.
L'hélicoptère de la gendarmerie l'a retrouvé quelques heures plus tard... quelques mètres plus bas.
Aîné a perdu un copain, un copain de ses sorties de ski, un copain des soirées, un copain de musique, un "bonpotamoi". Aîné n'exprime guère ses sentiments. Depuis, il reste en contact permanent avec sa bande, ceux du lycée... depuis 5 jours, devant le lycée, les bouquets s'amoncellent, les élèves se succèdent, jusque très tard dans la nuit, à la lueur des bougies. On parle à voix basse, on gratouille doucement une berceuse à la guitare. Dans le calme. Presque en silence. C'est LE lieu où conserver la mémoire, le point d'union. Ils se tiennent chaud au coeur, ils exorcisent ainsi. Je le laisse tranquille, cuver ainsi son chagrin avec sa tribu, collectivement. Et il rentre tard dans la nuit, les joues fraiches et humides.
Depuis 5 jours, mon coeur de mère se serre de l'immense (mais tout aussi inutile) compassion et empathie que j'ai pour les parents. Pour son jeune frère qui a malgré tout eu le courage d'aller passer son brevet aujourd'hui avec mon Numéro 2 qui est dans sa classe, qui est son pote aussi... Numéro 2 est plus extraverti que son frère, il lâche sa peine, chaque jour. Même si ça ne le soulage guère, même s'il trouve tout ça tellement injuste et inadmissible. J'aimerais que l'Ainé apprenne à lâcher ses peines également... ça l'aiderait, ça nous aiderait à l'aider...
La fin de mon année scolaire ne s'achève pas dans la liesse, loin de là... Elle est entâchée par la peine et la douleur des autres.
Je pense aux parents, et j'aimerais les soulager d'un bout de leur chagrin ,mais le chagrin ne se partage pas : il se répand. En cercles concentriques. Et il reste égal, au centre du cercle, à la proche périphérie, tout aussi intense même s'il est vécu par un plus grand nombre.
J'aurais une pensée douloureuse également lorsque seront affichés au lycée les résultats du bac, dans 1 semaine.
Je dédis mille étoiles à A. M. et mille soleils à ses parents et à son frère.
merci de vos commentaires, la peine pour l'Ainé est toujours aussi lourde de culpabilité "et si j'avais été là, peut être que..."
Mais on ne peut pas porter toute la culpabilité du monde, ni se faire l'ange gardien de ceux qu'on aime, j'en sais quelque chose...
J'ai malgré tout dû me faire violence pour le laisser aller à un festival, en pleine montagne au milieu des pins vendredi soir. J'ai lâché prise. J'ai fait confiance à sa bonne étoile. Parce qu'on ne peut pas les protéger de tout tout le temps, on ne peut qu'espérer qu'ils apprennent de la vie, même si la leçon chaque fois est terriblement douloureuse.
Il a enterré son copain samedi, une belle cérémonie, a-t-il dit, mi chrétienne mi bouddhiste. Depuis, il veut que je lui achète Le livre tibétain de la vie et de la mort... J'accède à sa demande.
C'est la fin de l'année.
ça aurait pu être une chouette fin d'année scolaire.
ça n'est pas une chouette fin d'année scolaire, et je n'arrive pas à me réjouir.
Pour certains c'est l'année du bac. Au lycée proche de chez moi, celui que fréquente l'Ainé, l'habitude est d'aller camper là-haut tout là-haut, au départ des parapentes, dominer la vallée et voir à ses pieds scintiller les lumières. Enivrant. Une vue sublimissime, je le reconnais. Pour qui n'a pas le vertige.
Ils sont allés camper. Ils ont pris les tentes, sont montés qui en voiture avec leur permis tout frais, qui en funiculaire. C'est le dernier jour de la dernière épreuve du bac. On souffle. Le point final de sept années d'études secondaires.
L'Aîné a souhaité y aller cette année, profiter de cette douce nuit avec ses copains (lui ne passe pas encore le bac). J'ai dit "je réfléchis, mais je ne suis pas très chaude", des inquiétudes de mère , peut être trop. Et puis finalement il était fatigué, il a décidé de ne pas y aller.
Ils se sont couchés, là-haut sur le plateau qui domine la vallée, tard dans la nuit, tôt le matin... Il en manquait un... qui était là puis qui ne l'a plus été. Tout d'un coup.
L'hélicoptère de la gendarmerie l'a retrouvé quelques heures plus tard... quelques mètres plus bas.
Aîné a perdu un copain, un copain de ses sorties de ski, un copain des soirées, un copain de musique, un "bonpotamoi". Aîné n'exprime guère ses sentiments. Depuis, il reste en contact permanent avec sa bande, ceux du lycée... depuis 5 jours, devant le lycée, les bouquets s'amoncellent, les élèves se succèdent, jusque très tard dans la nuit, à la lueur des bougies. On parle à voix basse, on gratouille doucement une berceuse à la guitare. Dans le calme. Presque en silence. C'est LE lieu où conserver la mémoire, le point d'union. Ils se tiennent chaud au coeur, ils exorcisent ainsi. Je le laisse tranquille, cuver ainsi son chagrin avec sa tribu, collectivement. Et il rentre tard dans la nuit, les joues fraiches et humides.
Depuis 5 jours, mon coeur de mère se serre de l'immense (mais tout aussi inutile) compassion et empathie que j'ai pour les parents. Pour son jeune frère qui a malgré tout eu le courage d'aller passer son brevet aujourd'hui avec mon Numéro 2 qui est dans sa classe, qui est son pote aussi... Numéro 2 est plus extraverti que son frère, il lâche sa peine, chaque jour. Même si ça ne le soulage guère, même s'il trouve tout ça tellement injuste et inadmissible. J'aimerais que l'Ainé apprenne à lâcher ses peines également... ça l'aiderait, ça nous aiderait à l'aider...
La fin de mon année scolaire ne s'achève pas dans la liesse, loin de là... Elle est entâchée par la peine et la douleur des autres.
Je pense aux parents, et j'aimerais les soulager d'un bout de leur chagrin ,mais le chagrin ne se partage pas : il se répand. En cercles concentriques. Et il reste égal, au centre du cercle, à la proche périphérie, tout aussi intense même s'il est vécu par un plus grand nombre.
J'aurais une pensée douloureuse également lorsque seront affichés au lycée les résultats du bac, dans 1 semaine.
Je dédis mille étoiles à A. M. et mille soleils à ses parents et à son frère.
Libellés : Je les aime, Mes poussins
22 Comments:
Que dire, les mots sont si vains face à un tel chagrin.
mab
Une bougie ce soir brillera à la fenêtre. Elle ne consolera personne, ne soulagera personne. Elle sera juste l'expression d'une mère pour des parents, un frère, une famille, perdue au mileu de tant de chagrin. Un petit fanal de plus pour celui qui doit se sentir aussi bien seul de les avoir laissé là, sur le bord du chemin.
Oh non..... j'ai lu ça dans le DL.... je n'ai pas pensé que cela pourrait te toucher d'aussi près....
Toutes mes pensées, c'est une douleur qui restera à jamais pour les siens, et pour tes enfants, que cette saloperie de fu***** life fait toujours grandir à contre-temps.
* Mab et Lapunaise, merci pour vos pensées, la petite lumière de Lapunaise.
* Natacha, c'est au lycée de P. là où tu eus fait un remplacement. On se voit cet été ? Mel-moi. Tu te fais trop rare.
Mille soleils pour l'espérance de ce boy et de tous ceux qui ont des doutes et manquent parfois d'espoir!mille pensées aussi pour vous tous!
Quelle tristesse ! Quelle épreuve pour sa famille et ses amis ! Je suis de tout cœur avec vous tous.
Plein de pensées pour vous, pour tes fils et surtout ton ainé, et puis pour la famille de ce gamin. Que de douleur...
Un tel chagrin, une telle perte ne devraient jamais exister. Douces pensées.
quelle horreur, mon Dieu quelle horreur... Les mamans ont parfois de drôles de pressentiments... Cibou Jr ne s'est jamais remis du chagrin d'avoir perdu un de ses meilleurs amis dans un accident de scooter, il y a bientôt 10 ans....
L'horreur.
Et le mot est trop faible.
Jamais des parents ne devraient connaître une douleur pareille, non jamais.......
Et pourtant..... Combien sont-ils à pleurer un jour devant un cercueil, et combien sommes-nous à penser "Pourvu que les miens, Mon Dieu, laissez-les moi.........."
Ciboulette, tu as raison, jamais on ne se remet d'un tel chagrin. Ni les parents, ni les copains.
J'ai perdu ma meilleure amie il y a 30 ans, autant dire hier...
Les larmes coulent malgré moi et je pense très fort à cette famille endeuillée.
Un rêve : pourvoir faire "retour arrière" et rejouer la partie
L'horreur.
Et le mot est trop faible.
Jamais des parents ne devraient connaître une douleur pareille, non jamais.......
Et pourtant..... Combien sont-ils à pleurer un jour devant un cercueil, et combien sommes-nous à penser "Pourvu que les miens, Mon Dieu, laissez-les moi.........."
Ciboulette, tu as raison, jamais on ne se remet d'un tel chagrin. Ni les parents, ni les copains.
J'ai perdu ma meilleure amie il y a 30 ans, autant dire hier...
Les larmes coulent malgré moi et je pense très fort à cette famille endeuillée.
Un rêve : pourvoir faire "retour arrière" et rejouer la partie
Navrée
je maîtrise encore mal les réponses
Cannelle
Je compatis, du mieux qe je peux, et me sens relativement impuissante, en effet. "rejouer la partie en arrière". Oui, c'est tellement tentant. Mais le temps passe, inéluctablement, et la plaie sera difficile à cicatriser. Cicatrisera t elle un jour ?
pour ce qui est de ne jamais communiquer sa peine, j'ai ma seconde fille qui elle aussi, est comme ça. Et c'est fou ce qu'on se sent maladroit devant eux, et surtout impuissants. Je vous embrasse tous.
De retour dans la blogosphère, je trouve chez toi l'horreur absolue, celle devant laquelle les mots ne sont que des emplâtres sur des jambes de bois. Pourtant, non, l'empathie n'est pas inutile, elle tisse autour des personnes qui sont au centre du séisme un réseau serré de chaleur humaine qui les empêche de sombrer. Des milliers de petites flammes allumées comme celle de Lapunaise, génèrent une énergie positive, la même qui pousse les gens à s'entraider en cas de grandes catastrophes. Non, l'amour n'est jamais inutile, même si dans ce cas, des milliers de jours ne réussiront jamais à refermer la plaie béante de son chagrin. Si elle a d'autres enfants,un mari aimant, peut-être trouvera-t-elle en eux la force de ne pas se jeter sous un train.Je me joins à toi en tous cas, pour porter quelques grammes de ce chagrin inhumainement lourd.
Prends soin de ton fils. Les ados vivent si mal ce genre d'épreuve.
Affectueusement
Célestine
au hasard des clics j'arrive ici
pour lire un billet émouvant, difficile
perdre un enfant...
accident stupide...
quelle tristesse.
Mon coeur de mère se serre
Mais il n'y a pas de mots;non pas de mots...
quelle tristesse...
mes pensées vont vers cette famille..mais aussi vers ses copains..sa tribu..pas facile ;.
la vie n'est pas un long fleuve tranquille...
tendrement!
J'aime bien ton blog. Tu écris en plein et en délié...
Tu sais dire l'absence et la douleur aussi.
Je viendrai te rendre visite plus souvent.
Nous avons en commun, je crois, le goût des mots et des histoires, celles qui tissent la trame humaine.
Merci pour ces lignes et peut-être à bientôt sur mon blog.
http://marypier60.blogspot.com
Ma hantise absolue...
On se relève de nombreuses épreuves. Mais si j'en juge par l'état de ma grand-mère aujourd'hui, perdre un enfant éteint la lumière...
Bises ma belle,
Manderley
Horrible. Injuste.
Comme cela a été dit plus haut les mots sont vains.
Pensée émue.
lpqr
Je suis passée et j'ai lu. Trop nul, trop dur.
la montagne est belle et cruelle
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