Y a du roulis, y a du tangage...
ça y est... Ils sont partis. La horde des Remuants a quitté notre nid pour aller s'égayer "en face". 24h après, j'apprécie le grand silence qui suit l'agitation de la semaine précédente. Quand je dis "grand silence" ça n'est pas tout à fait vrai, il reste un Lapin seule et désemparée qui occupe l'espace sonore ainsi libéré en promenant à toute berzingue une poussette de poupée sur du plancher en bois au son de cris de guerre tonitruants !
Je n'aime pas, je ne m'habitue toujours pas à l'instant qui suit immédiatement leur départ, les chambres vides d'eux mais pleines de leur désordre. Je m'inquiète et j'ai peur pour eux. Je n'aime pas les savoir loin de moi. Je n'ai pas confiance...
Pourtant, la semaine "avec eux" à temps plein n'a pas été de tout repos. Nous en sommes à la 3è crise d'adolescence "en rafale" et commençons à être un peu ébranlés. Sonnés. "no country for old men", ça n'est plus de notre âge. Elles sont de plus en plus virulentes semble-t-il. Celle de ma belle-fille s'est étirée longuement, me faisant découvrir à la fois vie en famille recomposée et crise d'adolescence. Elle s'est étirée en longueur, elle a enflée par moments mais c'était notre première...
Ensuite, mon Ainé a pris la relève, fulgurante. Aussi brève que violente. Mais brève. C'est aujourd'hui terminé, nous avons de la chance, notre santé mentale de parent n'aurait pas survécu à une attaque plus soutenue.
Elle a néanmoins chevauché celle du Numéro2... celui dont nous attendions avec angoisse la rébellion... celui dont nous pressentions qu'il serait le moins docile, celui qui ressent tout, qui n'accepte pas, sans compromis. Depuis plus d'un an, Doux et moi, nous naviguons à vue avec lui, dans la tempête. Il souffle le chaud et le froid, joue à l'ange et au démon en un même instant. Déstabilise, questionne. Déstabilise encore. En veut à la terre entière. Se venge sur nous. Qui encaissons.
Cette fois nous n'encaissons plus. Prendre les coups, prendre ses coups se fait au détriment du reste de la fratrie recomposée et ça n'est pas juste. Il a des comptes à régler et ça n'est pas avec nous, mais c'est nous qui sommes là. là pour ça. Notre sacerdoce de parents. Ma croix. A vie. Mon expiation (aaaah, j'avais déjà fait, pourtant, ce laborieux travail sur la culpabilité mais elle me rattrape, c'est atavique, c'est inhérent à ma nature ?)
Au milieu des récriminations en vrac, se dressait la difficulté à trouver sa place... pour lui, l'herbe semble plus verte ailleurs... Il en est persuadé. Après des nuits sans sommeil, je me rends à l'évidence : il lui faut faire cette expérience d'aller vivre un temps chez son père. A supposé que le père accède à ce désir... "sur le principe, je ne suis pas contre" a-t-il répondu..." il faut voir comment on peut organiser ça".
Même si, et ça n'est pas moi qui le dis, même si c'est le condamner. Parce qu'un ado de 13 ans ne sortira pas indemne d'un quotidien de plusieurs mois avec son père travesti ; parce qu'il n'est pas simple pour un ado scolarisé de vivre dans une caravane à longueur d'année ; parce qu'il ne lui sera pas facile de passer tous ces mois à manger et se vêtir Restau du Coeur et Emmaüs.
Mais s'il ne veut plus vivre ici, c'est son choix ; l'assumera-t-il ?
Reste la solution de l'internat...
Tout ça n'est pas simple. Tout ça me mine. Tout ça me fatigue.
Fatiguant d'être parent. Souvent.
Fatiguée d'être parent.
Parfois.
Là maintenant.
PS : allez voir "No country for old men", le dernier film des frères Cohen...
Edit du 03 mars...
J'ai récupéré ma nichée... calmée.
"Je veux pas aller habiter là-bas, ça va pas non ???!!!"
D'humeur charmante depuis son retour... 24h d'une rare trêve... un instant de grâce et de paix qu'on souhaite éternel...
Aura-t-il donc suffit d'une toute petite semaine, sept jours de rien du tout pour apaiser le tourbillon ?
A voir... pour l'instant je savoure, j'avais oublié comme il pouvait être adorable, mon poussin... à l'origine !
Merci à vous !
Libellés : L'aventure du quotidien, Mes poussins, vie de recompo
20 Comments:
Oh la la! il ne peut pas vouloir ça, sauf pour te faire de la peine, trop dur ce passage de l'adolescence!
Comprends ton inquiétude et ta fatigue....on a beau vouloir le meilleur pour eux, nos enfants nous usent...souvent envie de baisser les bras. Bon courage. Bises.
tu vois je pense a toi meme d egypte..., j aime a dire que mes enfants sont mon plus grand remords et aussi mon plus grand bonheur...si tu savais comme je te comprends..
bene.
Ouh là. Que ce doit être dur...
Les miens sont trop jeunes, pour que je comprenne.
Sache juste qu'un coeur qui veut comprendre te lit...
bises
Que faire dans ces cas là ? Ne pas tout laisser tomber, c'est sûr. Dans les moments de crise, j'espère juste qu'un jour, ils ouvriront les yeux et "sauront", "comprendront" qui nous (les parents) sommes (ou "étions" pour la version pessimiste !) et ce que nous faisons (...ou "faisions"). Vous ne pouvez pas lui dire oui en lui demandant d'attendre les vacances pour modifier la garde ? 2 mois avec son père pourrait le faire changer d'avis.
pas TA croix, NOTRE croix… tu n'es pas toute seule dans ce "combat" (enfin, j'espère que j'arrive à soulager un petit peu ton quotidien…).
Je te comprends, mille fois... Nana a commencé sa crise d'ado (oui oui, 9 ans) et c'est tellement dur, tellement violent. Je vis la même chose que toi, elle n'a que moi pour déverser tout ça. Je suis fatiguée aussi de prendre les coups.
Je suis là, un peu plus qu'avant, si tu veux parler un soir... ou écrire.
Bisous
Oh oui je comprends cette douleur de la culpabilité envers ses enfants que même un compagnon présent ne peut alléger. De la patience, de l'écoute et faire le pari d'un meilleur avenir en prenant les décisions nécessaires. Tu auras fait du mieux que tu peux et c'est l'essentiel. Ton coeur de mère le sait. Savoir se protéger aussi -même si c'est probablement encore le plus difficile!! Bon courage ma belle.
tu dois le laisser y aller, ne pas dire non, sans cela tu seras la mauvaise, celle qui lui a interdit l'accès au bonheur, je sais de quoi je parle, j'en veux encore à ma mère son refus d'il y a 30 ans !!!
courage ! et puis dis toi, qu'il t'aime, mais il ne le sait plus
Hou la la ... mais il existe aussi des bateaux qui ne chavireront jamais ... et ce malgré les tempêtes ...
le roulis et le tangage
Bises et bon repos pour toi et Doux
Titeso6
De même il me semble que tant que les deux capitaines restent à bord ... tous les espoirs sont permis non :o)
Bisous et bon week end
so6
Comme je te comprends, sans savoir...exactement !
Je pense qu'il faut agir honnêtement selon ses critères et ne pas avoir à se justifier.
Il n'y a pas de vérité, chacun a la sienne.
Les parents n'ont pas à culpabiliser, ils sont des êtres qui doivent vivre pour EUX aussi.
L'adolescence est un océan qui ne cesse de déferler et qui vient bousculer les parents. Je suis sur que cette " coupre " ne peut que lui faire du bien. L'internant reste cependant la meilleure solution. Mëme si c'est d'une autre manière mais il reste cadré.
courage !
pourquoi nous inciter à aller voir ce film ?
Je comprends mieux ton absence sur la blogosphère.
Ah les crises d'adolescence une horreur quand il faut prendre ce genre de décision.
J'ai fait ça pour mon grand, deux ans chez son père. Il me rejetai, et moi je n'en pouvais plus.
Il l'a demandé, il y est allé, et tu vois il est revenu, et tout est calme maintenant.
Comme Khey, je dirais, laisse le prendre la décision et l'assumer, sinon, ça déviera en torts réciproques, et en querelles incessantes.
Et comme ce sera son choix, il en tirera lui même ses propres enseignements.
7 ans après je culpabilise encore, mais maintenant c'est lui qui me remercie.
Bon courage ma belle, gros bisous
L'internat pourquoi pas, on en sort grandit! et l'éloignement lui fera peut-être prendre conscience de certaines choses?
* Mab, pourtant il l'a dit, et les enfants savent très bien ce qui fait de la peine aux parents...ce qui touche.
* Tanette, envie de baisser les bras 10 fois par jour ,au moins !
* Béné, merci, je reçois bien ton empathie à distance.
* SoeurAnne, merci... c'est un mauvais passage, l'adolescence !
* Père divorcé, bienvenu ici ! il n'aura pas été besoin de tester les deux mois de vacances, finalement (j'y avais pensé !)
* Lililabergère, ben bon courage avec nana, ma grande... bon courage ! Ils nous testent à longueur de temps, plus on parait fort, plus il faut continuer de l'être...!
* Doux, je sais... mais je ne peux pas m'empêcher de tout prendre sur moi...
* Jeolianne, "savoir se protéger soi-même"... merci de ces mots, qui boostent ! c'est ça l'essentiel !
* Khey, bien sûr, la raison veut que... et j'écouterai la raison, je l'écouterai lui... mais quand même...de toutes façons il me reprochera quelque chose, quoi qu'il sera fait.
* Titeso6... le roseau qui plie et ne rompt pas... mais bon ,des fois le roseau il en marre de survivre aux grands vents.
* Maky, un parent qui ne culpabilise pas, ça n'existe pas (enfin, si, ça existe mais ça n'est pas moi !)
* Lio, bonjour et bienvenu ici. Un océan qui déferle... j'aime l'image mais elle n'est ni rassurante ni apaisante...!
* Dam, allez voir le film, parceque c'est un film à la fois prenant et surprenant, doux et violent. Quelque part un mélange de Pulp Fiction et de Jacky Brown de Tarantino...et puis Tommy Lee Jones y est très attachant...
* Zaboo, je me doutais bien que ça arriverait un jour, il parait que c'est courant, classique. Mais quand même, avec ce père-là c'est pas si inoffensif que ça...
* Fabienous, l'internat c'est la solution qui se profile de plus en plus distinctement. J'en serais malade toute la semaine mais c'est à faire...
Bon et bien je viens de lire ton édit, et je suis bien heureuse pour toi.
gros bisous
Ah ... bien l'édit ... ça prouve ce que je sais déja ... il faut leur faire confiance à nos streums !! :o) enfin des fois ;o)
Bisous
so6
Coucou, me voilà de retour...
Cela semble terrible ces crises d'ado !
Tu me files la frousse... le mien va avoir 10 ans ! ca s'approche, non ?
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