Marcher dans le sable (3/3)
De son coté à lui tout allait bien.
- Enfin, je me suis trouvé ! Disait-il l’air épanoui de celui qui, effectivement, s’était trouvé. Non seulement il travaillait sur le ré-équilibrage de ses énergies avec son acupuncture-kinesiologue , mais «révélé» par ses séances avec le psychiatre, il était euphorique. Oui, il s’était trouvé. Du moins, il avait trouvé un point d’ancrage, pour reprendre sa nouvelle expression.
Elle ne trouvait plus cela amusant du tout, il poussait un peu loin et façon inquiétante une certaine féminisation. Rien à voir avec le «métro-sexuel» des magazines, ce nouvel homme qui prend soin de son corps . Il avait commencé à se raser intégralement, il se sentait mieux ainsi, disait-il. Elle trouvait très perturbant de le voir enfiler des bas auto-agrippants sous ses pantalons ; "c’est tellement agréable à porter, je ne comprends pas que tu n’en mettes pas tous les jours"; elle lui avait même montré comment les enfiler, en les retroussant délicatement sur les pouces glissés à l’intérieur de chaque coté du bas, les déroulant précautionneusement des orteils à la cuisse, en prenant garde que les cuticules ne déchirent le voile. Elle ne l’avait fait qu’une fois, elle avait eu tord, ça avait été lui faire croire qu’elle était d’accord, qu’elle partageait son fantasme. Plus que sa passion toute neuve pour la kinésiologie, c’est cela qui la déstabilisait le plus. Jour après jour, il abandonnait les attributs de la masculinité. Subrepticement…
Que lui arrivait-il ? Jamais il n’était allé aussi loin… ses lubies ne lui duraient pas si longtemps, habituellement. Il se lassait rapidement, zappant d’une philosophie à une autre, d’une expérience à une autre. Elle était le garde-fou, toujours. Du moins, jusque là. Maternante, peut être trop. A vouloir le protéger de lui-même. Elle y avait pris un plaisir narcissique 10 ans auparavant, de l’orgueil surtout. Aujourd’hui elle se trouvait dépassée et impuissante.
Il continuait de voir la couleur des auras, il prétendait même que les énergies des individus se parlaient entre elles, indépendamment de leur propriétaire… Il prétendait que les auras se reconnaissaient, d’une vie à l’autre, qu’elles pouvaient se retrouver, amies, des vies plus tard. C’est ce qui donnait ce sentiment de connivence souvent, cette sensation d’avoir trouvé l’âme sœur. Elle avait voulu comprendre, décrypter le mécanisme, en saisir les rouages pour mieux l’épargner, cette fois encore. Parce qu’elle ne pouvait pas se résoudre à le laisser sombrer, malgré tout. Pas par amour de lui. De cet amour-là il n’y avait plus. Par humanisme, sans doute. Assistance à personne en danger. Elle a lu beaucoup ; un jour elle a même pris son téléphone pour appeler une association… mais au nom de la liberté de chacun, elle ne pouvait rien faire d’autre que se préserver. Elle et ses enfants. Surtout ses enfants. Préserver les finances familiales, aussi.
Peu à peu elle eut en face d’elle un parfait inconnu. Physiquement, d’abords. S’il n’avait pas cessé de fumer comme prévu, il avait perdu du poids. Il avait même perdu ce moelleux abdominal qui fait le confort et le charme de nos quadras. Il était imberbe et passait beaucoup de temps à traquer la pilosité récalcitrante, il avait le sourcil finement épilé, l' ongle miroir. Lorsqu’il partait au travail le matin, il se déguisait en homme, disait-il… mais les autres étaient-ils dupes ? Elle aurait voulu prendre contact avec P., elle n’osait pas. Lui dire quoi ? Peut être même croyait-il qu’elle l’encourageait dans ce sens, après tout, une épouse soutient son mari, forcément, elle était supposée être de connivence.
Il lui avait annoncé un soir qu’il avait envoyé sa lettre de démission. Certes, ça n’était pas la première fois mais cette fois-ci l’inquiétait plus que les précédentes. Il souhaitait approfondir sa nouvelle découverte de lui-même, il avait besoin de disposer de tout son temps, il entrait dans un monde merveilleux, en marge, tellement enrichissant. Il ouvrait son 3è œil, celui qui est là… là… tu vois pas ? Mais non, bien sûr toi tu ne peux pas le voir.
Il s’essayait vainement à photographier les auras. Mais l’aura est facétieuse, elle ne se laisse pas apprivoiser ainsi, la coquine. Il faut croire en elle très fort pour qu’elle vous apparaisse. Et plisser les yeux, comme cela… il parait qu’au bout d’un moment, on finit par la voir. Elle a essayé. Elle a plissé les yeux comme indiqué, s'est concentré très fort. Elle n’a jamais rien vu, aucun halo autour de quiconque.
Alors ils ne sortaient plus, elle ne voulait pas que les amis, la famille, le voient ainsi. Fassent l’amalgame entre lui et elle. L’entendent, surtout. L’écoutent de sa voix forte et sûre parler de son 3è œil comme d’une nouvelle maîtresse. Du halo qui danse et des énergies à moduler. Elle inventait des excuses plausibles. Personne ne s’inquiétait encore.
Mais que faisait donc son psychiatre ? Il lui faisait ressurgir son moi profond. Et par ses chakras grands ouverts, sa féminité s’échappait. Il prenait exemple sur elle le matin dans la salle de bain. Comme le petit garçon qui regarde sa mère se maquiller, il était fasciné par le geste précis de la pause de l’eye-lin, par la dextérité qu’elle avait à allonger ses cils au rimmel. Tu pourras me montrer comment tu fais ? Non, elle ne pouvait pas. Alors, gênée, elle ne se maquillait plus. Juste une crème de jour posée discrètement, à la sauvette.
Jusqu’au jour où…
- Tu sais, maintenant j’ai suffisamment confiance en toi pour te dire un truc, je sais que tu ne vas pas me juger parce que tu es tolérante. Tu promets ? Elle promit… j’ai toujours porté des sous-vêtements féminins. En cachette. J’ai porté les tiens, pour aller au boulot, pour sortir, dans la journée, n’importe quand. Mais uniquement dans la journée. Parfois même je mets tes vêtements, tes chaussures à talons, dans la salle de bain, j’aime me regarder dans des vêtements de femme. C’est dur de se cacher tout le temps, je n’en peux plus. Maintenant je voudrais te demander quelque chose… je ne supporte plus de m’habiller en homme et de faire semblant. Me permets-tu de porter des bas pour la nuit ? Me permets-tu de porter des robes et des jupes quand je rentre à la maison ?
Aujourd’hui encore, les mots lui manquent pour décrire ce qu’elle ressentit à ce moment-là. Rien n’est assez fort pour parler de cette stupeur, de ce gouffre qui engloutit tout à coup une vie entière, du corps qui s’immobilise, pétrifié, du coeur qui remonte dans la gorge jusqu’à la nausée, de cette envie de hurler tellement violente qu’elle rend muet, de cette implosion intérieur, du bruit alentour qui s'assourdit soudain, comme ouaté par la surprise, de cet effondrement irréversible… Et surtout, surtout, un sentiment de trahison incommensurable, le sentiment d’être passé à coté, d’avoir manqué quelque chose à un moment, de ne pas avoir pu reconnaître certains signes. De méconnaître l’autre à ce point malgré une écoute qu’elle croyait constante, celui dont partageait la vie depuis 13 ans, celui dont elle portait le nom et élevait les fils.
Ses fils, justement. Comment peut se développer un petit garçon dans ces conditions ? Ses fils avaient entre 4 et 8 ans, quels dégâts sur le développement de leur identité ? Parce que, quoi que l’on en dise, quelle que soit son ouverture d’esprit, pour elle, les sexes ne sont pas interchangeables à l’envie… Elle avait épousé un homme (elle était tentée de dire «un vrai», un qui parle de voitures et qui ne participe en rien ni à l’éducation des enfants ni aux tâches ménagères !), si elle avait voulu une femme dans sa vie elle n’aurait pas eu de mal à trouver une amoureuse… C’était un être sexué qu’elle souhaitait dans son lit, un être à la sexualité évidente…
Elle y pensa des nuits entières… la journée, ses pensées ne tournaient qu’autour de cela : comment préserver les petits garçons ? Du coup, «comment elle vivrait avec ça » passait en second. Elle pourrait rebondir, elle le savait. Mais eux ?
Il dormait sur le canapé du salon. Dans son lit, elle ne pouvait pas.
- je ne suis pas homosexuel, lui dit-il comme pour la rassurer, ni même hétéro, je n’aime pas les garçons. J’aime les femmes, je les admire, j’aime leur corps. Je hais mon corps d’homme, je hais le corps des hommes. Je suis une femme dans un corps d’homme, une femme qui aime les femmes mais qui se serait trompée d’enveloppe corporelle à la naissance. Une mauvaise réincarnation.
- Une sorte de « lesbien », quoi…
Plonger avec lui dans son fantasme relevait de la folie. Parfois, à vouloir sauver l’autre on se noie soi-même, faisant finalement plus de victimes que si on n'était pas intervenu. Malgré sa volonté de soulager sa souffrance évidente, malgré le désarroi dont il faisait montre, elle n’était pas à même de l’aider. Mais que faisait donc son psychiatre ?
Elle se retrouvait piégée, plus que jamais, écartelée entre la nécessité d’éloigner ses enfants et la culpabilité de le laisser faire face tout seul. "Pour le meilleur et pour le pire", avait-elle promis 13 ans auparavant. Elle était victime d’un chantage. Acculée. Le choix de F.
(…)
Serait-il impossible de vivre debout
Voilà qu'on s'agenouille
D'être à moitié tombé
Sous l'incroyable poids
De nos croix illusoires
Voilà qu'on s'agenouille
Et déjà retombé
Pour avoir été grand
L'espace d'un miroir
Voilà qu'on s'agenouille
Alors que notre espoir
Se réduit à prier
Alors qu'il est trop tard
Qu'on ne peut plus gagner
A tous ces rendez-vous
Que nous avons manqués
Serait-il impossible de vivre debout
(…)
Jacques Brel, vivre debout
- Enfin, je me suis trouvé ! Disait-il l’air épanoui de celui qui, effectivement, s’était trouvé. Non seulement il travaillait sur le ré-équilibrage de ses énergies avec son acupuncture-kinesiologue , mais «révélé» par ses séances avec le psychiatre, il était euphorique. Oui, il s’était trouvé. Du moins, il avait trouvé un point d’ancrage, pour reprendre sa nouvelle expression.
Elle ne trouvait plus cela amusant du tout, il poussait un peu loin et façon inquiétante une certaine féminisation. Rien à voir avec le «métro-sexuel» des magazines, ce nouvel homme qui prend soin de son corps . Il avait commencé à se raser intégralement, il se sentait mieux ainsi, disait-il. Elle trouvait très perturbant de le voir enfiler des bas auto-agrippants sous ses pantalons ; "c’est tellement agréable à porter, je ne comprends pas que tu n’en mettes pas tous les jours"; elle lui avait même montré comment les enfiler, en les retroussant délicatement sur les pouces glissés à l’intérieur de chaque coté du bas, les déroulant précautionneusement des orteils à la cuisse, en prenant garde que les cuticules ne déchirent le voile. Elle ne l’avait fait qu’une fois, elle avait eu tord, ça avait été lui faire croire qu’elle était d’accord, qu’elle partageait son fantasme. Plus que sa passion toute neuve pour la kinésiologie, c’est cela qui la déstabilisait le plus. Jour après jour, il abandonnait les attributs de la masculinité. Subrepticement…
Que lui arrivait-il ? Jamais il n’était allé aussi loin… ses lubies ne lui duraient pas si longtemps, habituellement. Il se lassait rapidement, zappant d’une philosophie à une autre, d’une expérience à une autre. Elle était le garde-fou, toujours. Du moins, jusque là. Maternante, peut être trop. A vouloir le protéger de lui-même. Elle y avait pris un plaisir narcissique 10 ans auparavant, de l’orgueil surtout. Aujourd’hui elle se trouvait dépassée et impuissante.
Il continuait de voir la couleur des auras, il prétendait même que les énergies des individus se parlaient entre elles, indépendamment de leur propriétaire… Il prétendait que les auras se reconnaissaient, d’une vie à l’autre, qu’elles pouvaient se retrouver, amies, des vies plus tard. C’est ce qui donnait ce sentiment de connivence souvent, cette sensation d’avoir trouvé l’âme sœur. Elle avait voulu comprendre, décrypter le mécanisme, en saisir les rouages pour mieux l’épargner, cette fois encore. Parce qu’elle ne pouvait pas se résoudre à le laisser sombrer, malgré tout. Pas par amour de lui. De cet amour-là il n’y avait plus. Par humanisme, sans doute. Assistance à personne en danger. Elle a lu beaucoup ; un jour elle a même pris son téléphone pour appeler une association… mais au nom de la liberté de chacun, elle ne pouvait rien faire d’autre que se préserver. Elle et ses enfants. Surtout ses enfants. Préserver les finances familiales, aussi.
Peu à peu elle eut en face d’elle un parfait inconnu. Physiquement, d’abords. S’il n’avait pas cessé de fumer comme prévu, il avait perdu du poids. Il avait même perdu ce moelleux abdominal qui fait le confort et le charme de nos quadras. Il était imberbe et passait beaucoup de temps à traquer la pilosité récalcitrante, il avait le sourcil finement épilé, l' ongle miroir. Lorsqu’il partait au travail le matin, il se déguisait en homme, disait-il… mais les autres étaient-ils dupes ? Elle aurait voulu prendre contact avec P., elle n’osait pas. Lui dire quoi ? Peut être même croyait-il qu’elle l’encourageait dans ce sens, après tout, une épouse soutient son mari, forcément, elle était supposée être de connivence.
Il lui avait annoncé un soir qu’il avait envoyé sa lettre de démission. Certes, ça n’était pas la première fois mais cette fois-ci l’inquiétait plus que les précédentes. Il souhaitait approfondir sa nouvelle découverte de lui-même, il avait besoin de disposer de tout son temps, il entrait dans un monde merveilleux, en marge, tellement enrichissant. Il ouvrait son 3è œil, celui qui est là… là… tu vois pas ? Mais non, bien sûr toi tu ne peux pas le voir.
Il s’essayait vainement à photographier les auras. Mais l’aura est facétieuse, elle ne se laisse pas apprivoiser ainsi, la coquine. Il faut croire en elle très fort pour qu’elle vous apparaisse. Et plisser les yeux, comme cela… il parait qu’au bout d’un moment, on finit par la voir. Elle a essayé. Elle a plissé les yeux comme indiqué, s'est concentré très fort. Elle n’a jamais rien vu, aucun halo autour de quiconque.
Alors ils ne sortaient plus, elle ne voulait pas que les amis, la famille, le voient ainsi. Fassent l’amalgame entre lui et elle. L’entendent, surtout. L’écoutent de sa voix forte et sûre parler de son 3è œil comme d’une nouvelle maîtresse. Du halo qui danse et des énergies à moduler. Elle inventait des excuses plausibles. Personne ne s’inquiétait encore.
Mais que faisait donc son psychiatre ? Il lui faisait ressurgir son moi profond. Et par ses chakras grands ouverts, sa féminité s’échappait. Il prenait exemple sur elle le matin dans la salle de bain. Comme le petit garçon qui regarde sa mère se maquiller, il était fasciné par le geste précis de la pause de l’eye-lin, par la dextérité qu’elle avait à allonger ses cils au rimmel. Tu pourras me montrer comment tu fais ? Non, elle ne pouvait pas. Alors, gênée, elle ne se maquillait plus. Juste une crème de jour posée discrètement, à la sauvette.
Jusqu’au jour où…
- Tu sais, maintenant j’ai suffisamment confiance en toi pour te dire un truc, je sais que tu ne vas pas me juger parce que tu es tolérante. Tu promets ? Elle promit… j’ai toujours porté des sous-vêtements féminins. En cachette. J’ai porté les tiens, pour aller au boulot, pour sortir, dans la journée, n’importe quand. Mais uniquement dans la journée. Parfois même je mets tes vêtements, tes chaussures à talons, dans la salle de bain, j’aime me regarder dans des vêtements de femme. C’est dur de se cacher tout le temps, je n’en peux plus. Maintenant je voudrais te demander quelque chose… je ne supporte plus de m’habiller en homme et de faire semblant. Me permets-tu de porter des bas pour la nuit ? Me permets-tu de porter des robes et des jupes quand je rentre à la maison ?
Aujourd’hui encore, les mots lui manquent pour décrire ce qu’elle ressentit à ce moment-là. Rien n’est assez fort pour parler de cette stupeur, de ce gouffre qui engloutit tout à coup une vie entière, du corps qui s’immobilise, pétrifié, du coeur qui remonte dans la gorge jusqu’à la nausée, de cette envie de hurler tellement violente qu’elle rend muet, de cette implosion intérieur, du bruit alentour qui s'assourdit soudain, comme ouaté par la surprise, de cet effondrement irréversible… Et surtout, surtout, un sentiment de trahison incommensurable, le sentiment d’être passé à coté, d’avoir manqué quelque chose à un moment, de ne pas avoir pu reconnaître certains signes. De méconnaître l’autre à ce point malgré une écoute qu’elle croyait constante, celui dont partageait la vie depuis 13 ans, celui dont elle portait le nom et élevait les fils.
Ses fils, justement. Comment peut se développer un petit garçon dans ces conditions ? Ses fils avaient entre 4 et 8 ans, quels dégâts sur le développement de leur identité ? Parce que, quoi que l’on en dise, quelle que soit son ouverture d’esprit, pour elle, les sexes ne sont pas interchangeables à l’envie… Elle avait épousé un homme (elle était tentée de dire «un vrai», un qui parle de voitures et qui ne participe en rien ni à l’éducation des enfants ni aux tâches ménagères !), si elle avait voulu une femme dans sa vie elle n’aurait pas eu de mal à trouver une amoureuse… C’était un être sexué qu’elle souhaitait dans son lit, un être à la sexualité évidente…
Elle y pensa des nuits entières… la journée, ses pensées ne tournaient qu’autour de cela : comment préserver les petits garçons ? Du coup, «comment elle vivrait avec ça » passait en second. Elle pourrait rebondir, elle le savait. Mais eux ?
Il dormait sur le canapé du salon. Dans son lit, elle ne pouvait pas.
- je ne suis pas homosexuel, lui dit-il comme pour la rassurer, ni même hétéro, je n’aime pas les garçons. J’aime les femmes, je les admire, j’aime leur corps. Je hais mon corps d’homme, je hais le corps des hommes. Je suis une femme dans un corps d’homme, une femme qui aime les femmes mais qui se serait trompée d’enveloppe corporelle à la naissance. Une mauvaise réincarnation.
- Une sorte de « lesbien », quoi…
Plonger avec lui dans son fantasme relevait de la folie. Parfois, à vouloir sauver l’autre on se noie soi-même, faisant finalement plus de victimes que si on n'était pas intervenu. Malgré sa volonté de soulager sa souffrance évidente, malgré le désarroi dont il faisait montre, elle n’était pas à même de l’aider. Mais que faisait donc son psychiatre ?
Elle se retrouvait piégée, plus que jamais, écartelée entre la nécessité d’éloigner ses enfants et la culpabilité de le laisser faire face tout seul. "Pour le meilleur et pour le pire", avait-elle promis 13 ans auparavant. Elle était victime d’un chantage. Acculée. Le choix de F.
(…)
Serait-il impossible de vivre debout
Voilà qu'on s'agenouille
D'être à moitié tombé
Sous l'incroyable poids
De nos croix illusoires
Voilà qu'on s'agenouille
Et déjà retombé
Pour avoir été grand
L'espace d'un miroir
Voilà qu'on s'agenouille
Alors que notre espoir
Se réduit à prier
Alors qu'il est trop tard
Qu'on ne peut plus gagner
A tous ces rendez-vous
Que nous avons manqués
Serait-il impossible de vivre debout
(…)
Jacques Brel, vivre debout
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10 Comments:
je devais partir pour un RDV...trop tard, je serai en retard. J'ai tout lu, ce témoignage bouleversant, écrit avec bcp de courage et de lucidité. Je ne sais pas quoi dire sinon que je crois que l'écriture est une extraordinaire thérapie. Voilà C tout.
ton texte me coupe le souffle.
Je trouve également que cette note est très courageuse ... en même temps elle me fait froid dans le dos.
Vivre pendant près de 13 ans avec un homme, le papa de ses enfants et s'apercevoir après tout ce temps que l'on s'est trompé, qu'on vivait au côté de quelqu'un qui peu à peu devient un inconnu ...
Je me sens mal à l'aise aussi parce que je réalise que celà peut arriver à tout le monde... et de t'avoir lue, je me sens voyeuse ... mais c'est ta faute aussi, j'ai été happée
Tu as du beaucoup culpabiliser , te demander à côté de quoi tu étais passée, à quel moment tu aurais pu le deviner et pourquoi tu ne l'a pas fait, est ce toi qui a failli, les enfants comment leur expliquer ???
Je ne t'aiderai pas beaucoup en te disant que malheureusement tu n'aurais rien pu y faire, les méandres de l'inconscient sont tels qu'on ne se connait même pas soi même alors les autres ...
Je découvre ce blog grâce à mon amie ci-dessus...Comme elle, estomaquée bien qu'ayant vécu une séparation au bout de 13 ans aussi...des souvenirs qui remontent. Garder le cap, pour les enfants, pour soi, s'accorder le droit à l'erreur, garder pour l'autre l'amitié ou le respect dû à tout être humain, ne pas se laisser submerger par la haine ou la colère....il y a un moment où, après toutes les difficultés, la séparation devient un réel soulagement....
bon courage en tout cas
Je ne sais comment exprimer ce que ton texte me fait ressentir.
C'est une situation qui malheureusement quoi tu aurais pu faire n'aurait pu être éviter.
On ne peut pas changer les gens contre leur volonté.
La Troll Family
J'ai lu les 3 textes d'un coup et je suis stupéfaite....
Je ne peux qu'imaginer ce que tu as enduré à ce moment-là...
J'attends la suite, parce que je sais qu'il y en a une ;-)
(tu as reçu mon mail d'il y a une dizaine de jours?)
des bises
C'est déchirant. Ce que cette situation a dû impliquer de questions sur soi-même et sur l'autre, de précautions qu'il fallut prendre pour les enfants, d'angoisse qui ronge et coupe le souffle, j'en reste baba. Sans compter ce que retranscrire dans ces trois épisodes t'a aussi obligée à remuer de souvenirs englués... Je t'embrasse, FD. Toi et tous les tiens ;-)
Est-ce que ça t'a fait du bien au moins de partager ce traumatisme? tu en as trop dit maintenant je veux savoir si les enfants s'en sont sortis sans trop de dommages.
Bon courage mais je sais que tu n'en manques pas.
J'ai lu 2 et 3 dans la foulée et j'en suis bouleversée.
Comment quelqu'un arrive-t-il à dissimuler de la sorte pendant autant d'années, je ne le comprend pas...
Il est vrai qu'on a envie de te demander "Et maintenant ?", parce que tu écris tellement bien, qu'on a souvent l'impression de lire un livre. Et le livre est triste, là.
Comment as-tu pu vous sortir, les garçons et toi, de cela, voilà qui laisse perplexe, même si l'on a des éléments de réponse...
Gros bisous
J'aarive pas çà croire ce que je viens de lire, quand je pense que ça n'arrive qu'aux autres, quelle situation à vivre!! Je te souhaite plein de courage, je ne trouve aucun mot de soutien, mais ce témoignage me bouleverse
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