Parenthèse
Je réponds aux commentaires des messages précédents sous la forme d'un billet, ça m'est plus commode. D'abords, merci. Merci. Merci. D'avoir lu. D'avoir compris.
Je pensais, oui, que l'écriture pouvait être libératrice. Mais elle demande de replonger profond, dans des abysses que l'on avait pris soin d'éviter ces dernières années. La chambre de Barbe Bleue. Je pensais avoir digéré. Mais ça n'est pas le cas. ça ne sera jamais digéré, intégré, accepté, clos. D'ailleurs, je me relis à peine, d'où les fautes qui y sont laissées. Le texte est jeté, brut de décoffrage ou presque. Désolée, je n'y mets pas de fioritures, le bouquet n'est pas emballé.
De nombreuses choses se mêlent dans cette histoire, comment l'amour s'en va-t-il ? Comment et à quel instant précis (si instant précis il y a ) désaime-t-on l'autre ? Comment peut-on être aveugle au point de ne voir que ce que l'on veut voir ? En treize ans de vie commune, personne n'a cru que je n'avais rien vu, rien repéré. Mais quand on a confiance, il n'y a pas de raison d'être sur ses gardes. Pas de raison de se méfier de ce qu'on ne connait même pas...
Et même quand on découvre, on ne peut pas changer les gens. On a tord de se croire plus fort, ce n'est que vanité et orgueil. Oui, je me suis sauvée, pas de la façon la plus admirable et la plus honnête qui soit (à trahison, trahison et demie...), mais parfois la fin justifie le moyen. Et je ne regrette pas. Il ne se passe pas un seul jour sans que je ne me félicite d'avoir saisi la main qui se présentait à moi, d'avoir sauté du train en marche quitte à passer sous les roues...
Comment s'en sortent les garçons ? Comment un petit garçon peut-il construire son identité sexuelle lorsqu'il découvre que son papa voudrait être une maman, que son papa change de prénom, que son papa a des seins qui poussent... Comment peut on laisser croire à un enfant qu'il suffit, par la force de la volonté, qu'on peut changer le cours de la nature, devenir oiseau si l'on a envie, ou poisson ou caillou ou arbre... "Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place", m'a t-on seriné quand j'étais enfant... "non poussin, ton kiki ne va pas tomber", "non poussin, tu continueras à l'appeler papa, il est ton papa, pas ta maman". Je passe sur la honte des enfants à l'école, en ville, au supermarché... je passe sur les longs mois de suivi et de soutien psychologiques pour eux... Deux sur les trois s'en sortent indemnes ; la lutte continue pour Zébulon-fend-la-bise... un beau gâchis, des noeuds à défaire dont personne ne trouve le bout du fil. Mais nous ne désespérons pas.
Et déculpabiliser. Tenter, du moins. Eviter de se reprocher d'avoir donné ce père-là à ses enfants... je leur demande pardon souvent, en silence, seule dans ma tête, lorsque je les sens aller mal. Toute ma vie je leur demanderai pardon. Même si de temps en temps ils me disent encore "mais c'est pas de ta faute si papa est comme ça, pourquoi tu pleures ?"
Aujourd'hui nous allons de l'avant, notre route est belle et bordée de gens formidables qui font notre quotidien. Même si notre sac est rempli de cailloux, on nous aide à les porter.
Je raconterai l'épilogue plus tard, le désengluement, la sortie du marécage; d'aucun prennent ça pour LA trahison suprême, l'inexcusable. Encore aujourd'hui. Tant pis pour eux, l'essentiel est
de
Rester en vie
Ce n'est que du music-hall
Un spectacle hors de prix
Une grande foire agricole
Rester en vie
Et devenir luciole
Se tourner vers la lumière
Et n'être plus que tournesol
N'être plus que tournesol
Rester en vie, rester en vie
Rester en vie
Même à dix mètres du sol
Essayer toutes les conneries
Sans s'en tenir au protocole
Faut-il prendre le maquis
Ou imploser en plein vol ?
Christophe Miossec, Rester en vie, in 1964.
PS : pour raisons techniques, je serai privée d'internet quelques jours ... mais please, hold the line !
Je pensais, oui, que l'écriture pouvait être libératrice. Mais elle demande de replonger profond, dans des abysses que l'on avait pris soin d'éviter ces dernières années. La chambre de Barbe Bleue. Je pensais avoir digéré. Mais ça n'est pas le cas. ça ne sera jamais digéré, intégré, accepté, clos. D'ailleurs, je me relis à peine, d'où les fautes qui y sont laissées. Le texte est jeté, brut de décoffrage ou presque. Désolée, je n'y mets pas de fioritures, le bouquet n'est pas emballé.
De nombreuses choses se mêlent dans cette histoire, comment l'amour s'en va-t-il ? Comment et à quel instant précis (si instant précis il y a ) désaime-t-on l'autre ? Comment peut-on être aveugle au point de ne voir que ce que l'on veut voir ? En treize ans de vie commune, personne n'a cru que je n'avais rien vu, rien repéré. Mais quand on a confiance, il n'y a pas de raison d'être sur ses gardes. Pas de raison de se méfier de ce qu'on ne connait même pas...
Et même quand on découvre, on ne peut pas changer les gens. On a tord de se croire plus fort, ce n'est que vanité et orgueil. Oui, je me suis sauvée, pas de la façon la plus admirable et la plus honnête qui soit (à trahison, trahison et demie...), mais parfois la fin justifie le moyen. Et je ne regrette pas. Il ne se passe pas un seul jour sans que je ne me félicite d'avoir saisi la main qui se présentait à moi, d'avoir sauté du train en marche quitte à passer sous les roues...
Comment s'en sortent les garçons ? Comment un petit garçon peut-il construire son identité sexuelle lorsqu'il découvre que son papa voudrait être une maman, que son papa change de prénom, que son papa a des seins qui poussent... Comment peut on laisser croire à un enfant qu'il suffit, par la force de la volonté, qu'on peut changer le cours de la nature, devenir oiseau si l'on a envie, ou poisson ou caillou ou arbre... "Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place", m'a t-on seriné quand j'étais enfant... "non poussin, ton kiki ne va pas tomber", "non poussin, tu continueras à l'appeler papa, il est ton papa, pas ta maman". Je passe sur la honte des enfants à l'école, en ville, au supermarché... je passe sur les longs mois de suivi et de soutien psychologiques pour eux... Deux sur les trois s'en sortent indemnes ; la lutte continue pour Zébulon-fend-la-bise... un beau gâchis, des noeuds à défaire dont personne ne trouve le bout du fil. Mais nous ne désespérons pas.
Et déculpabiliser. Tenter, du moins. Eviter de se reprocher d'avoir donné ce père-là à ses enfants... je leur demande pardon souvent, en silence, seule dans ma tête, lorsque je les sens aller mal. Toute ma vie je leur demanderai pardon. Même si de temps en temps ils me disent encore "mais c'est pas de ta faute si papa est comme ça, pourquoi tu pleures ?"
Aujourd'hui nous allons de l'avant, notre route est belle et bordée de gens formidables qui font notre quotidien. Même si notre sac est rempli de cailloux, on nous aide à les porter.
Je raconterai l'épilogue plus tard, le désengluement, la sortie du marécage; d'aucun prennent ça pour LA trahison suprême, l'inexcusable. Encore aujourd'hui. Tant pis pour eux, l'essentiel est
de
Rester en vie
Ce n'est que du music-hall
Un spectacle hors de prix
Une grande foire agricole
Rester en vie
Et devenir luciole
Se tourner vers la lumière
Et n'être plus que tournesol
N'être plus que tournesol
Rester en vie, rester en vie
Rester en vie
Même à dix mètres du sol
Essayer toutes les conneries
Sans s'en tenir au protocole
Faut-il prendre le maquis
Ou imploser en plein vol ?
Christophe Miossec, Rester en vie, in 1964.
PS : pour raisons techniques, je serai privée d'internet quelques jours ... mais please, hold the line !
Libellés : Elle, Mes poussins, Moi et mon nombril...
17 Comments:
tu as bien fait de prélever qqs cailloux de ton sac...et de les semer sur ce blog.
C'est gentil d'avoir pris soin de nous répondre avec une nouvelle note.
J'aime beaucoup (enfin si je puis m'exprimer ainsi) les phrases telles que :
-Il ne se passe pas un seul jour sans que je ne me félicite d'avoir saisi la main qui se présentait à moi, d'avoir sauté du train en marche quitte à passer sous les roues... c'est à la fois certes "risqué" mais en même temps très courageux car tu as évité à ta famille de subir les conséquences d'un déraillement
- Même si notre sac est rempli de cailloux, on nous aide à les porter : alors oui la marche est longue et laborieuse mais l'aide que les autres t'apportent te rend plus légère et te permet d'avancer sans trop t'arrêter mais toujours avec beaucoup de courage
je ne vois aucune trahison dans ce que tu écris. Tu as agi pour le bien de tes enfants et pour le tien aussi. Përsonne n'a le droit de juger ton attitude, tes choix. Parce que PERSONNE n'a eu à vivre cette expérience à ta place.
nous serons la à ton retour sur le net
Bises
La Troll Family
Vos commentaires me font chaud au coeur... je suis touchée. Des notes plus gaies à mon retour, promis ! Parce que la vie fait parfois volte-face de la plus belle façon qui soit !
Bises à vous aussi.
Le train déraillait tellement que la seule solution était de sauter en marche, je trouve.
Il arrive un moment, où il faut sauver sa peau.
J'attends ton retour "ouebesque" avec impatience...
Bises.
On sera là à ton retour
Bisous et a bientôt
je suis toujours sous le choc, je sais que ça existe, je ne juge pas du tout mais quelle souffrance pour toute la famille.
Je viens de lire tous tes billets depuis lundi... je suis sidérée. Je me joins aux commentaires qui t'ont été écrits. On a peine à imaginer toute la souffrance engendrée et pourtant tes enfants et toi l'ont vécue. Tu as réussi à rester lucide et à avoir beaucoup de courage. A bientôt.
Je t'ai lue depuis la pemière note, mais je manquais de mots pour commenter :(....
Juste te dire que j'attends moi aussi que tu retrouve une connexion, j's'rai là derière mon écran à te lire :)
Je n'ai pas pu passer depuis quelque temps, et puis je lis les 4 notes d'une traite, quelle baffe !
Je rejoins les commentaires sur le jugement qu'on ne peut pas porter, qui en a le droit ?
Juste des bises, tiens :)
Je profite d'une connection RTc à l'ancienne au coup par coup pour répondre rapido.C'est un sujet "à la mode" (le transexualisme et le travestissement) abordé par certains médias mais ils omettent systématiquement de parler des dégats aux familles et proches. Quid de l'épouse et/ou des enfants ?Il n'en est jamais fait mention, ni même dans la litterature webesque. Et pourtant... Mais je sais aujourd'hui que nous vivons plusieurs vies dans une vie terrestre... l'être humain a une capacité à rebondir souvent insoupçonnée... c'est encourageant !
Coucou juste en passant.
Pareil. Je t'embrasse !
j'aimerais pouvoir t'écrire quelque chose qui serait à la hauteur de ce que tu viens de nous raconter. Malheureusement, les mots se dérobent, et puis de toute façon, qu'ajouter à tout cela?
Alors, je te remercie simplement de ce courage incroyable que tu as eu pour raconter ton histoire, et je t'embrasse bien affectueusement.
j'étais resté sans voix sur ton avant dernier texte...et là je ne peux que déposer un souffle d'air et de compassion pour t'aider à porter ses petits cailloux . bise
Bonjour à toi,
Je me remets et je te réponds !
Bonne journée
* Bellzouzou, bienvenue ici. Comme je l'ia dit, il ne s'agit pas de courage mais d'un instinct de survie si fort qu'il fait déplacer des montagnes à une maman louve.
* Dam, merci de ramasser mes petits cailloux blancs, mais j'espère qu'ils ne t'encombrent pas.
* Maky, remis ?!
* à tous : finalement, sur le coup ça a été douloureux, la rédaction. Mais aujourd'hui, je me sens plus légère. Il fallait le faire. Exorciser. Mais ça ne répond pas à toutes mes interrogations...
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