lundi, novembre 13, 2006

A cloche pied...

Vous vous ètes dit que peut être vous deviendrez amies. Non, tout de même pas, au mieux, copines, peut être même que vous recueillerez quelque confidence entre filles, parfois… Ou, hypothèse pessimiste, que vous ferez ce chemin de vie ensemble en souriant, à défaut de le faire main dans la main. Hypothèse très pessimiste mais non négligeable. Après tout, ça ne peut pas mal se passer, vous êtes pleine de bonne volonté, des bonnes intentions à en paver dix enfers… Après tout, vous êtes parties toutes deux pour partager la même route quelques années durant. Trèèèès longtemps, l’espérez-vous. Et puis vous l’aimez déjà, comme ça, a priori, vous l’aimez. Donc elle vous aime aussi. Par ricochet, par procuration, forcément, elle vous aime.

Vous pensiez combler un vide, à la droite du père ; vous êtes arrivée sur la pointe des pieds pour ne pas brusquer, d’ailleurs on vous avait ouvert la porte. Vous pensiez combler un vide… mais vous avez pris une place qui ne vous était pas destinée. Vous flottiez sur votre nuage en barbe-à-papa, telle le marchand de sable, avec sa flûte et son écharpe. Mais les enfants n’ont pas toujours sommeil, malgré votre poudre d’amour et votre bonne volonté. Simplement, vous étiez à la mauvaise place, c’est tout. Au mauvais endroit au mauvais moment. Juste un malheureux concours de circonstances, ça n’a rien de personnel. Vous étiez là, alors vous avez pris les coups à la place d’une autre, vous avez cristallisé les reproches qu’on n’ose dire en face, mais vous les dire à vous, c’est plus facile… vous avez synthétisé des douleurs qui ne vous concernaient pas. Vous êtes entrée de plain pied dans une histoire qui n’était pas la votre et qu’il n’était pas de votre ressort de guérir.

Comme une insomnie, vous vous êtes retournée dans un sens, sur le ventre, non le sommeil ne vient toujours pas, sur le flanc gauche, une jambe repliée sous l’autre et le bras sous la joue… Pas mieux… Sur le dos peut être, même si ce n’est pas votre position habituelle, peut être que le sommeil viendra de cette façon… Vous êtes même prête à dormir dans la posture inconfortable si le sommeil ne peut venir qu’ainsi… Guère mieux.

Au fil du temps et des essais infructueux, vous vous êtes émiettée, par petits morceaux. Vous avez enterré des bouts de vous pour que la douleur ne les atteigne plus ; vous avez reflué vers l’intérieur de vous-même, contre votre gré, pour ne plus laisser de prise. Mais ça ne vous ressemble pas, ça n’est plus vous, vous commencez à haïr ce que vous devenez… trop éloignée. Alors vous refaites surface, régulièrement, maladroitement; votre amour est immense et invincible.

Votre bonne volonté ne saurait panser aucune blessure, ni faire taire aucun oedipe. Comme s’il s’agissait de protéger ce qu’il y a de plus cher. Mais cette fois, ce plus cher est également votre plus cher à vous. Et là le bas blesse, PLUSCHER ne saurait être partagé. Mais vous êtes juste au mauvais endroit. Il n’aurait du y avoir personne mais vous êtes là, vous, vous plus qu’une autre, vous à la place d’une autre. A la place de rien. Mieux aurait valu rien. Rien plutôt que vous. Ah, vous pensiez naïvement que la place était libre…

"Rien n’est jamais acquis à l’homme, ni sa force ni sa faiblesse ni son cœur et quand il croit ouvrir les bras son ombre est celle d’une croix."

Vous avez ouvert grand vos bras. Vous avez insisté, persévéré, patienté, sommeillé, vous avez imploré, justifié, questionné... Avec toujours la même réponse, immuable, implacable, douloureuse. Vous êtes revenue à la charge, les bras toujours grand ouverts. Vous nagez dans le bonheur... nager en eaux hostiles, vous connaissez, ça ne vous effraie pas, voire ça vous motive. Prouver, toujours. Nager à contre-courant, même. Mais cette fois vous avez ce costume de bain qui gène, qui parfois s’emplit d’eau et vous entraîne vers le fond… Alors vous battez des bras, vous remontez, vous éclaboussez, vous vous débattez, parfois vous êtes tentée de repartir vers le rivage mais vous persistez quand même. Vous n’appelez même pas à l’aide ; vous portez ce costume de bain, le costume du personnage le plus laid de la littérature enfantine, le personnage le plus spontanément haïssable des contes de fées…

Celui de belle-mère….

La marâtre…

Et maintenant, débrouille-toi avec.

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17 Comments:

Blogger Anitta said...

Oh le magnifique conte de fées à l'envers... Un point de vue rarement traité, d'ailleurs, ce n'est pas Bruno Bettelheim qui me démentira ! "Vous flottiez sur votre nuage en barbe-à-papa, telle le marchand de sable avec sa flûte et son écharpe"... Est-ce que la belle-mère de Cendrillon était si perdue que tu le dis ? Tout s'expliquerait, alors...

13/11/06 15:55  
Blogger bricol-girl said...

Je digère d'abord et je commente aprés.

13/11/06 17:26  
Anonymous Anonyme said...

C'est très difficile d'entrer dans la vie d'un homme qui a une fille comme d'netrer dans la vie d'une femme qui a un fils d'ailleurs. Les enfants sont des monstres d'égoïsmes envers leurs parents. ILS ont le droit de vivre leur vie EUX mais surtout pas leurs parents !
Courage
La Troll Family

13/11/06 19:25  
Anonymous Anonyme said...

Que tout cela est bien dit, mais que tout cela est dommage...
Dans ton récit, toutes les ouvertures sont tentées, mais malheureusement toutes les parades s'y opposent !
Je ne pense pas qu'il y ait UNE solution, mais le temps par contre, doit normalement permettre de se retrouver.
L'esprit d'analyse d'un enfant ou d'un ado, fort occupé déjà à ses problèmes "naturels" n'est pas réceptif, en plus à ces situations.
Patience me semble être le maître mot.
Amitiés

13/11/06 23:13  
Blogger bricol-girl said...

Il était une fois une bonne fée qu'une enfant voyait en sorcière. Ses yeux s'ouvriront un jour, du moins je te le souhaite.
tu as tout tenté, tout proposé, elle comprendra un jour.

14/11/06 07:36  
Blogger FD-Labaroline said...

* Anitta, la belle-mère de Cendrillon ne faisait pas le ménage, elle !! Conte de fée à l'envers, mais conte de fée quand même ;-)

* La Troll, oui pas facile de se frayer un chemin, de prendre une place et de faire remarquer que cette place-là est celle d'une compagne, pas celle d'une fille...les enfants veulent parfois tellement protéger leurs parents qu'ils en perdent leur place.

* Macky, oui, du temps, c'est tout ce qu'il nous reste...et puis l'espoir qu'une fois devenue adulte "pour de vrai" elle verra les choses différemment.

* Bricol Girl, essayé beaucoup de choses, oui, peut être pas les bonnes... trouver la clé ?

14/11/06 07:57  
Anonymous Anonyme said...

j'ai tenu ce rôle 10 ans, je suis partie, à cause d'elle, pour elle, pour moi, je n'en pouvais plus de vivre ces tensions ...

14/11/06 10:46  
Anonymous Anonyme said...

Je ne connais pas la situation, mais je serai belle mère un jour

Tu crois que nous sommes marquées à ce point par la littérature enfantine parce que c'est vrai qu'aussi loin que je me souvienne et encore maintenant, en re-découvrant les contes de fées grace a ma fille, les belle mères n'ont pas le beau rôle.

En revanche, je suis belle fille et mes rapports avec ma belle mère sont je dirais bof bof, mais est ce mon fait ou le sien, parce que je lui ai pris son fils, son ainé, donc premier enfant.

Parce que je suis sur la défensive, car j'ai perdu ma maman il y a quelques années et je refuse qu'elle prenne sa place ... surtout auprès de mes enfants

Sans doute un mélange des deux, à vrai dire je ne le sais pas.

Autre configuration que je ne connais pas non plus, les familles recomposées, la seconde épouse ou compagne qui remplace la maman dans le coeur du papa ... pas évidente non plus j'imagine.

Une amie est "belle mère", elle a beaucoup de difficultés avec la fille ainée de son mari pourtant, elle aussi fait moultes efforts pour ne pas faire de différences, mais elle se prend régulièrement dans la figure "t'a rien à dire, t'es pas ma mère !!!" et le père commence seulement à la reprendre pourtant elle l'a élevée depuis son plus jeune age, c'est en effet le papa qui a eu la garde des enfants.

L'année passée, suite a des difficultés scolaires, la gamine s'est entendu dire par la maitresse, je veux voir tes parents, ton père et TA mère, pas ta belle mère !!

Je pense que parfois, le système ne fait pas grand chose non plus. Bien évidemment, impossible de faire au cas par cas. Et pourtant, dans ce cas là, ca ne serait pas du luxe ... enfin ....

En tout cas, merci à toi d'avoir abordé le sujet ... parce que ca porte à réfléchir ...

14/11/06 11:19  
Blogger FD-Labaroline said...

* Kheyliana, tu as baissé les bras ? aucun regret ? et comment père et fille l'ont vécu ? Pas facile comme place, pas facile non plus je suppose celle du père pris en étaut...

* Titecknacky, je ne pensais pas déjà à la belle-mère de la future femme de mes fils (oh damned, là ça me fait encore plus peur !) mais prendre la place d'une mère près du père, d'une part et être d'autre part l'intruse entre père et fille, intruse n'ayant même pas la légitimité d'être la vraie mère... c'est complexe. Pour elle aussi, certainement; surement, même d'ailleurs, apparemment !

14/11/06 12:05  
Anonymous Anonyme said...

Voilà une situation que je ne connais pas personnellement. Mais je la vois beaucoup autour de moi. Tu dis de manière magnifique, quoiqu'oh combien douloureuse, que le seul tort d'une belle-mère, c'est d'exister.
Je crois que la belle-mère, ou le beau-père, permet de cristalliser la colère ressentie sur UNE seule personne.
Je remarque que le passage à l'âge adulte à l'air de calmer la situation, du moins dans mon entourage.

14/11/06 15:22  
Anonymous Anonyme said...

Ah d'accord, c'est de la femme qui a pris la place d'une maman dans le coeur d'un papa dont tu parles ... je pensais que tu avais des soucis avec une petite amie d'un de tes fils ... pffff ils ont quel age déjà ??

Alors là oui, mon amie est un bon exemple ... et pourtant dieu sait qu'elle s'en donne du mal, elle a élevé les deux enfants de son mari et a deux enfants en commun avec lui.

Difficile de faire face aux crises de jalousie et à tout le reste.

La mère naturelle de ces deux enfants ne fait rien non plus pour aider à stabiliser la situation, elle ne fait que critiquer, monter la tête de sa fille (qui a 10 ans je crois), elle n'est pas respectueuse envers elle non plus, sans doute une aigreur ou un mal vécu, en effet le monsieur n'avait jamais voulu l'épouser elle.

Alors la gamine est entre les deux et comme je le disais précedemment, le père n'intervient que depuis peu alors qu'il me semble qu'il aurait du remettre les pendules à l'heure depuis longtemps déjà ... c'était quand même pas normal qu'une mome de 4 ans à l'époque fasse la loi à ce point là.

Quant à ma copine, sa position était telle qu'au départ, elle n'osait pas trop sévir ... comme elle le fait avec ses propres enfants, de peur de braquer la petite ... je crois que c'est a ce moment là que le papa aurait du s'en méler (mais bon pour ce qui est de l'attitude du papa, cela concerne mon exemple hein, bien évidemment)

14/11/06 17:57  
Anonymous Anonyme said...

Tu ne seras jamais la copine, ni la confidente, ni une nouvelle maman. Tu es juste l'amoureuse de papa. Il me semble que c'est donc à lui que revient le rôle principal (de "maitre-nageur"?).
Ceci étant, avec la maturité de l'une, la patience de l'autre et la présence "gentiment autoritaire" de papa, une certaine complicité peut naître. C'est ce que je vous souhaite, à tous les trois...

14/11/06 21:34  
Anonymous Anonyme said...

FD : la fille a ricané en disant : ça fait 10 ans que j'attendais ce moment, et le père l'a prise dans ses bras et m'a dit : fait comme tu veux, mais tu l'emporteras pas au paradis.
Je suis partie sans rien, juste mes fringues dans un sac poubelle, mais je le jure, je ne regrette vraiment pas ...
J'ai tout perdu, pour mieux me retrouver

15/11/06 08:28  
Blogger FD-Labaroline said...

*Titeknacky, c'est vrai qu'on est moins sévère avec les enfants de l'autre, on a peur de mal faire peut être, ou peur d'intervenir là où n'est pas notre place... ça n'a pas du être faicledu tout pour ta copine, et c'est au père de mettre les barrières tout de suite, sans laisser s'installer des situations malsaines. Après c'est trop tard.

*Rosalie, j'ai bien compris à force que je ne serai jamais rien d'autre que l'amoureuse de son père, mais même ce rôle-là ne m'est pas reconnu... Peut être estime-t-elle que je ne suis "pas assez bien" pour lui, comme les parents qui veulent le meilleur pour leur enfant ?

*Khey, glups...en plus c'était à toi le mauvais rôle, toi l'inadaptée ? C'est terrifiant... moi j'attends.. j'attends qu'elle ait elle-même un amoureux dans sa bientôt-vie adulte et peut être qu'elle comprendra. Peut être.

15/11/06 09:30  
Blogger *isadora* said...

Ces situations sont difficiles à vivre, parce que c'est vrai qu'elles cristalisent tellement de sentiments contradictoires.

Je suis une belle-fille (je l'ai été plusieurs fois, d'ailleurs, et chaque fois c'était une histoire différente, un autre lien). Parfois j'ai trouvé ça insupportable, parfois très bien. Aujourd'hui, malgré la distance et le fait que je sois devenue mère (ou peut-être parce que je le suis devenue avant ma belle-mère), j'ai l'impression que le sentiment de rivalité est passé dans son camp à elle et risque de peser sur nos filles (quel terrain d'expérience merveilleux pour un psy, hein ?).

Parfois, la loyauté envers ma mère a influé dans mon statut de belle-fille. Ma fille a eu une belle-mère aussi, et ma trouille était de lui faire porter ce poids-là à mon tour. Je ne sais pas dans quelle mesure ça a joué ou non, mais la belle-mère est partie...

C'est bien compliqué ces histoires, parce que le père, la fille, la belle-mère et indirectement la mère sont tous remis en question dans l'équilibre à trouver.

Je t'envoie des bises et du courage, en tout cas.

15/11/06 11:55  
Blogger FD-Labaroline said...

* Isadora, merci de ton témoignage, c'est le bout qui me manquait...il y a effectivement de la loyauté envers la mère en jeu, de l'acceptation d'une intruse dans le shéma de la famille originelle et également une autre entre père et fille, étouffer un complexe d'oedipe pour laisser la place à une inconnue, faire le deuil de la séparation de ses parents... et pour l'autre, accepter d'être "remplacée" (succédée serait plus approprié) dans le lit de celui qui fut son mari mais aussi au quotidien auprès de ses propres enfants...
A l'inverse, depuis plus de 4 ans mon ex est célibataire et j'aspire à ce qu'il trouve une compagne (ou un compagnon, n'importe) pour qu'enfin il fasse le deuil et accepte de se décoller de moi ;-))
Bref, sujet douloureux et aucune recette miracle.

16/11/06 07:47  
Blogger Jane said...

ok, maintenant je pleure. Je pleure en lisant tes mots, comme j'avais l'habitude de pleurer en écoutant tes mots. On s'est dit des choses bien dures, bien difficiles à avaler, souvent regrettées, on a eu des torts, chacune notre tour. Aujourd'hui ce n'est plus un sentiment de malaise, d'impuissance, de tristesse qu'on n'ai pas construit notre histoire à nous deux, qui fait couler mes larmes. Ce sont tes mots si vrais. Quand je regarde la date, c'est encore plus touchant:
"j'attends qu'elle ait elle-même un amoureux dans sa bientôt-vie adulte et peut être qu'elle comprendra. Peut être.

15/11/06 09:30"

J'avais quoi, 16 ans ? Et bien voilà, tu avais raison. Quatre ans plus tard, j'ai un amoureux dans ma vie (adulte ?), et oui je comprend. Ça fait 2 heures que je lis ton blog, deux heures que je ne peux descotcher mes yeux de l'écran (et pourtant il est tard, vraiment très tard, et demain j'ai cours mais tant pis, ta vie est fascinante, j'ai plongé dans ta bulle, je me suis coupée du monde). Deux heures que je me sens plus proche de toi parce que aujourd'hui je partage ta vision de l'amour. Je suis avec émotion et sentiments les aventures d'une héroïne que j'admire. Inspirée. Je t'ai toujours dit que j'avais l'impression de te connaitre sans te connaitre. Ton blog m'aide beaucoup à découvrir qui tu es toi. Une femme amoureuse. Je le sais depuis ta lettre mais depuis que je suis amoureuse de mon chéri à moi, je sais plus exactement ce que tu ressens. Alors c'est par l'intermédiaire de ton blog que j'ai envie de te dire que parce que tu es cette héroïne amoureuse, moi je t'aime.


Vanille

20/1/10 03:08  

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