Faire table rase...
Elle me demandait il y a peu pourquoi je ne bloguais plus... Sa question m'a surprise... je n'avais pas l'impression que ça se voyait tant que ça ! La réponse est que paradoxalement, j'ai trop de choses à dire. Que je n'arrive pas les hiérarchiser, les classer. Alors je remets au lendemain, comme si le lutin de l'organisation allait frapper dans la nuit, mettant en ordre non seulement mes idées mais, tant qu'à faire, la pile de papiers administratifs et autres en souffrance sur un coin du bureau familial.
J'étais partie, il y a quelques semaines, pour vous parler de notre famille. De l'art de vivre en milieu recomposé. La ratatouille familiale. Puis, de fil en aiguille, de quotidien en quotidien qui stratifie, fin d'année scolaire et statut de remplaçante obligent, je fais du tri. Je range, je fais du vide, je fais de la place pour le suivant, je mets en ordre.
C'est en préparant ce matin les cartons de livres «désherbés» cette année (joli nom) que je m'interrogeais sur ma propension quasi compulsive à «faire le vide», justement. A me débarrasser de ce qui ne sert plus. Sans états d'âme ou presque.
Si j'aime mon métier, ça n'est pas uniquement parcequ'il me permet d'acheter des livres et d'en lire en moyenne 2 par semaine ; ça n'est pas non plus seulement pour le bonheur et les fous-rires avec les 6è Segpa le jeudi (sauf quand Mickael et Ferdun font des concours de pêts...) Un de mes grands bonheurs est de faire le tri, le nettoyage dans les rayons. Ôter ce qui est ancien, obsolète, inadapté au public. Vieillot et peu engageant (un Dalloz de 1958 sur l'Histoire des institutions et des régimes politiques de la France moderne 1789-1958 est totalement inadapté – en plus d'être dépassé- en collège, je vous mets au défi de faire travailler un jeune ado là-dessus !).
Ce matin, je mets en cartons. Une association locale vient demain trier et récupérer ce qu'elle pourra revendre lors de sa grande brocante annuelle. J'avais dit «à la louche 3 cartons»... sans vraiment regarder les piles empoussiérées derrière mon bureau. J'en suis déjà à 5 cartons... Ce dont elle ne voudra pas partira à la déchetterie. Oui, je sais, j'en fais bondir certains... "on ne jette pas un livre". Certes. Dans l'absolu. Mais je ne suis pas archiviste et la BNF fait ça bien mieux que moi pour ce qui est de la conservation des livres parus en langue française depuis des lustres.
Trier. Jeter. Faire table rase. Je sais qu'on peut repartir de zéro.
En 1971, mes parents ont pris leurs deux filles sous le bras et sont partis refaire leur vie à 6000 km. 7 ans plus tard, nous avons fait le chemin inverse, en deux «lots», en loucedé, chassés par une dictature. «Une main devant une main derrière», se plaisait à se ironisr en grimaçant ma grand-mère, qui n'avait jamais accepté notre départ ; elle qui était arrivée en France dans les années 20, «une main devant une main derrière» en droite ligne de son village du Piémont.
Longtemps plus tard, c'est sans états d'âme que j'ai pris mes trois garçons sous le bras et que je nous ai installés tous les 4 dans une nouvelle vie sans leur père. La décision avait toutefois mûri en tâche de fond pendant des années.
Aujourd'hui, je sais que « rien n'est jamais acquis à l'homme, ni sa force, ni sa faiblesse ni son coeur, et quand il croit ouvrir les bras, son ombre est celle d'une croix, et quand il croit serrer son bonheur, il le broie » (spéciale dédicace à celle qui se reconnaitra). Si demain dépend d'aujourd'hui, les jours qui se suivent ne sont pas obligés de se ressembler. Nos morceaux de vie non plus. Je vis léger, comme on voyage léger. J'ai dit un jour ailleurs sur la blogosphère que je ne m'attachais pas aux objets... le « doudouisme ». Ainsi, les vêtements vont et viennent dans mes armoires, ainsi que les paires de chaussures (bon, elles, elles viennent plus qu'elles ne vont, je dois rétablir la vérité sinon Doux-qui-me-lit va encore me faire une réflexion !)
Je vis léger, je vis comme si demain tout pouvait chavirer, s'arréter net. Les amitiés vont, les amitiés viennent, quelques unes demeurent, par delà les décennies. Les autres reviennent, avec le temps de l'âge adulte.
Prendre le meilleur de chaque jour, dire je t'aime, le montrer. Poser ses cailloux et regarder devant soi. Remplir son coeur plus que ses poches (ou que son 24h de Darel- j'en veux uuuuuuuuun!)
Le secret du bonheur, quoi.
Oh, j'ai dévié du début de billet. Mots en vrac.
Tu vois, je blog encore ;-)
Libellés : Moi et mon nombril...
16 Comments:
très joli billet, d'un bout à l'autre
même s'il a dévié (surtout s'il a dévié ;-) finalement)
merci :-)
Bonjour FD, en effet ça faisait un petit temps,mais ce délai valait la peine. Je suis comme toi, à essayer de vivre à 200% le temps présent, regarder devant moi. Je comptais écrire à billet à se propos mais n'en ai pas encore trouvé le temps: "C'et fait c'est fait..." disait une connaissance il y quelques semaines. Mais qu'il est difficile de ne pas s'attacher parfois, surtout quand on vit à du 200%. Par contre je trouve que l'expression "faire table rase" est porteuse de connotations très péjoratives, n'es-tu pas de mon avis? Bon courage pour la dernière ligne droite, le tri des antiquités et les examens!
* Merci Luna, P. toujours ravie de te retrouver ici et là.
* Delphine, "table rase péjoratif" ? Pour moi, faire table rase ne veut pas dire brûler les ponts derrière soi. C'est partir sans se retourner, avec juste ce(ux) qu'on aime, ce(ux) qu'on a dans le coeur. Reconstruire en terre fertile. Faire le tri, garder le meilleur et grandir avec.Parce que de toutes façons, quoi qu'on fasse, qu'on le veuille ou non, nous sommes imprégnés de notre passé, de ce que nous avons vécu. C'est en nous. On peut donc dire des au revoir,ils ne seront jamais des adieux parce qu'on n'oublie rien. Jamais.
ça alars j'essaie de te pécho sur MSN et te v'là ici...bon là c'est pas le bon timing mais je reviens
Hold on Babe, I'be right back!
Pffffiooouuuu! C'est sacrément bon quand tu blogues, ma chère amie! Et je vais te dire, en te lisant, je me sens vraiment très proche de toi, et de ce que tu exprimes, comment expliquer ça ? Il y a des théories comme quoi on vibrerait à une certaine fréquence, plus ou moins haute selon les moments, et là, j'ai vraiment l'impression de vibrer à la même fréquence que toi, d'être sur la même longueur d'ondes c'est le cas de le dire. Pas seulement parce qu'on fait le même métier, bien que, quoi qu'on puisse en penser, ça crée des liens de partager les mêmes galères. Je me suis esbaudie toute seule à l'évocation de tes deux zigotos en train de jouer les pétomanes.
Non , pas seulement parce que j'ai fait vingt ans de ZEP. Mais aussi, et surtout, parce que je sens une force en toi égale à celle qui m'anime, une façon inimitable d'écrire qui coule de source et qui appartient de fait à ceux qui "lisent deux livres par semaine" , ce n'est pas un hasard.
Ta "propension " à faire le vide, je l'assimile à ce que j'appelle , moi, le grand nettoyage de printemps. Une faculté de l'esprit de repartir, de redémarrer, de recréer, de faire du neuf, de muer. Une souplesse intellectuelle qui rejaillit dans les faits et les actes du quotidien. Ne pas se scléroser, ne pas se cristalliser sur de vieilles choses, de vieilles idées, de vieilles haines. Aller de l'avant, foncer, se remettre en question, "tout quitter et tout emporter" comme dans la chanson. Ce qui ne veut pas dire oublier, n'avoir aucun passé. C'est pourquoi je te précisais dans mon blog que les moments de nostalgie, les états d'âmes, sont toujours très fugitifs chez moi. Et je ne refais jamais deux fois le même cahier-journal, jamais exactement la même leçon. Et je n'ai aucune rancune, parce que j'oublie le mal qu'on me fait au fur et à mesure.
Bonne soirée et bon tri!
Célestine
on n'oublie rien. Ca marche! A 100% d'accord avec vous FD et Célestine. A très bientôt!
on n'oublie rien. Ca marche! A 100% d'accord avec vous FD et Célestine. A très bientôt!
Carpe Diem, Sister Ô My Sister...
A J-8 de partir de cette maison que nous habitons depuis 7 ans, dans laquelle nous nous sommes toujours sentis "de passage", nous allons y laisser BEAUCOUP de choses que nous avons construites, du matériel, certes, mais qui correspondait à un style de vie que nous avions cru notre....
Nous faisons table rase, repartons locataire, avant qu'un autre projet nous attrape....
J'en profite pour jeter, trier et faire le point.
Je te comprends.
Bonne route à toi sur ce chemin ! (Et j'adore toujours te lire !)
Tant que tu ne jettes pas ton blog tu peux trier, classer, cataloguer autant que tu veux.
si je pouvais vivre avec juste un lit (un grand quand même) deux trois fringues, une chaise, un table pour poser mon PC et un vase pour un bouquet de roses...
je serais la plus heureuse des femmes.
C'est une très beau billet que tu signes là...
Je me félicite ;-)
Je viens d'enrichir mon vocabulaire grâce à ton commentaire chez moi, si je connaissais la fleur, je n'avais aucune idée de son nom : hélycrise.
J'ai bien aimé lire ton dernier billet et j'espère te retrouver souvent, les vacances approchent, tu aura le temps de trier tes idées... Bon après-midi et bon début d'été.
Hé bien, je te comprends, sauf pour les livres. je suis positivement incapable de jeter un livre (Encore moins un Dalloz, mais j'ai fait mon droit, c'est une bonne excuse)pourtant j'en achète énormément...
J'en suis moi-même à un point où j'ai décidé, tout au moins dans les loisirs et les amitiés, de ne faire que ce qui me plaisait, sans obligations ni contraintes dont la vie est déjà si riche...
PS Si tu trouves une mine de Darel, j'en veux un aussi !
Ah bravo pour ce billet plein de vécu mais qui au final donne la peche
tu es très courageuse
et tu as fait le bon choix visiblement
Pour ma part j avoue ne pas vivre toujours léger
parfois c est lourd sous ce toit là
30 ans de mariage ça fait un bail
Courage pour ta dernière ligne droite
bientot les vacances
J'aime beaucoup la légèreté et l'intensité de ton billet... Merci!
Je suis admirative...Je jette et trie moi aussi et en ressent aussi beaucoup de bonheur. Je me sens parfois légère (inconstante? frivole? immature?) cependant que j'ai encore du mal à quitter "mes doudous" (il me reste par exemple la bouteille de parfum de muguet que j'ai eu à 7 ans : je la renifle de temps en temps). J'aimerais aussi avoir la force d'envoyer promener ces liens/boulets invisibles qui me donnent l'impression de ne pas avancer. Ton billet me permet d'y réfléchir autrement.
Et tu as une adresse msn...ça m'intéresse...!!
* Celestine, mon grand nettoyage de printemps est quasi permanent, limite compulsif. Et mon conservateur-accumulateur de Doux a dû s'y faire, plus que moi à l'inverse !
J'aime bien ton truc de fréquences...
* Natacha, contente d'avoir de tes nouvelles. Bonne chance dans ta nouvelle vie plus légère. Allez, J-pas beaucoup ;-) Reviens quand tu veux.
*Bricolgirl, celui-là je ne le jetterai pas, il évolue avec moi...
*Béné, tu peux te féliciter, merci de l'inspiration, d'ailleurs. Et branche-toi sur msn, bon sang de bois, chuis toute seule !
* Tannette, oh que oui, en vacances j'ai tout le temps de faire le tri et apprécier le vide!
* Soeur Anne, il ne manquerait plus que pour ses loisirs ou dans ses amitiés ne pas faire ce et comme on a envie de le faire ! Quant à jeter du livre, à la maison c'est une chose mais au boulot il s'agit d'inciter à la lecture d'une part (avec des ouvrages neufs et attractifs) et de proposer de l'info récente. Et quand tu te retrouves avec 1m3 de bouquins obsolètes, vieux et abimés dont même Emmaus ne veut pas, tu ne vas pas les stocker chez toi, quand même ? Un livre dans ce contexte là ça n'est qu'un objet remplaçable. Point de culte de l'objet, soyons pragmatiques. Mais si ça te fait mal au coeur, donne moi ton adresse et je t'en fais envoyer quelques tonnes, mes collègues seront ravies d'un endroit où déverser leurs désherbés !
Une mine de Darel, arrête, tu me fais du mal...
* Marijo, merci de tes passage et de ton commentaire... tu devrais déménager plus souvent, la vie de nomade rend plus libre par rapport aux objets !
*Amandine, trier, jeter, changer... je crois me souvenir que tu y avais pensé aussi il y a peu...
* Jeolianne, doudou Queen ! même suggestion qu'à Marijo, déménage plus souvent pour t'alléger ! Mais ses boulets invisibles on se les traine longtemps, jusqu'à ce qu'on décide de shooter de dedans une bonne fois pour toutes!
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