mercredi, mars 14, 2012

Revue de courriels

Cher inconnu,

Je sais comment tu as eu connaissance de mon adresse électronique... mais ça n'est pas moi qui te l'ai donnée directement, avoue-le.

Mais tout de même, je n'aime pas être envahie par des inconnus. Toi et moi ne nous connaissons pas, même si tu te présentes toujours aimablement et que tu connais mon nom. Tu t'appelles Tania, Rucker, Mailody, Lionel, Mélanie, Jessica, Natasha, Alan et j'en passe des plus farfelus. Parfois, en toute honnêteté tu affiches la couleur : tu es mon "conseiller mutuelle" et tu me proposes une mutuelle adaptée à mes besoins ; tu es "croisière****" et tu me proposes en exclusivité des croisières à très très bas prix à des périodes où je ne peux pas prendre de congés (je comprends qu'en ce moment tu sois un peu aux abois, ton fonds de commerce prend l'eau).

Je te le dis tout de suite, je ne vais pas te faire perdre ton temps outre mesure, je suis sûre que toi aussi tu as d'autres chats à fouetter dans la vie. sache donc que je ne suis pas intéressée par les articles ou services suivants :

* Croisières, même si tu proposes la gratuité à mes gosses.

* Un outil facile pour rédiger ma newsletter. Tu es gentil de me flatter mais ma notoriété n'est pas telle que j'aie besoin d'une newsletter pour faire coucou à mes amis.

* Je ne souhaite pas faire racheter mon crédit immobilier, je te remercie. Même si tu me le proposais à un taux défiant toute concurrence et en francs suisses.

* C'est gentil mais je ne peux accepter ta proposition à me faire gagner un an de courses ou un an de carburant. Merci quand même de m'avoir tiré au sort et d'avoir pris la peine de me prévenir. Offre-le à quelqu'un qui est plus dans la mouise que moi (il y en a, si tu veux je peux t'indiquer des organismes caritatifs)

* Eliminer mes kilos difficiles. Alors là je te trouve limite insultant, tu ne m'as jamais vue mais tu pars du principe que puisque je suis une femme et que nous sommes à l'approche des maillots de bain, j'estime avoir de difficiles kilos à perdre...

* Je n'ai pas d'or à vendre au poids, et je n'en aurai pas plus la semaine prochaine (je n'ai pas de lingots du pépé à déterrer, ni de bijoux précieux, tiens-le toi pour dit.) Donc, pas le peine de me renvoyer  l'invitation dans quelques jours.

* Mon avenir dans les cartes ne m'intéresse pas, même si tu me promets un événement majeur en mars, j'aime les surprises alors j'attendrai la fin du mois pour voir. Il ne me reste que 2 semaines de suspense, je vais pouvoir tenir, t'inquiète !

* Comme ton copain qui trouve que j'ai des kilos en trop,  ça me vexe que tu m'offres une épilation rapide, simple et indolore. Tu sais, ça ne se fait pas, quand on ne connait pas intimement une dame c'est un peu indélicat ce genre de proposition. 

* C'est gentil, Jessica, de jouer les bonnes copines et de me prévenir qu'un célibataire a flashé sur moi mais tu vois, je n'ai aucune curiosité de ce coté-là, le seul dont ça m'intéresse qu'il flashe sur moi est actuellement à l'étage d'en dessous pas loin, je dors avec lui ce soir et nous avons même déjà mélangé nos ADN. La semaine prochaine, le mois prochain et dans 6 mois je te ferai la même réponse. Capito ?

* Je vais te dire la même chose, "rencontres sans lendemain", tu peux tenter de m'appâter avec "la chasse est ouverte, des rencontres légères et sans lendemain près de chez vous", ça n'est pas mon trip. Oui je sais je suis une fille conventionnelle, j'ai trouvé mon MIEN et j'ai un peu passé l'âge des coups d'un soir (si tant est que ce fût un jour un de mes fantasmes...) Bien essayé quand même mais non, même si tu précises "en toute discrétion".

* Non, je n'aime pas les jeux télé en ligne non plus... Si je n'ai pas la télé à ton avis c'est pour quelle raison ?!

* Je ne veux même pas essayer le "soutien gorge qui va résoudre tous mes problèmes", même si j'ai eu la curiosité d'aller voir à quoi il ressemble. Comment oses-tu proposer des telles horreurs tue-l'amour ?! Il faudrait vous mettre d'accord, les gars, ce n'est pas avec un soutif de sport que je vais faire se pâmer mes rencontres sans lendemain.

* Pas envie non plus de gagner jusqu'à 850 euros en misant sur la ligue des champions. Je ne sais même pas de quel sport il s'agit, c'est te dire... Comment veux-tu me faire gagner, avec une telle inculture ?!

* Thank you Tania but I don't need any bigger, harder, longer-lasting erection ... désolée pour les non-anglophiles, je réponds à Tania dans sa langue, elle n'a pas l'air de parler français.

* Investir dans un projet immobilier "Loi Sellier" et économiser jusqu'à 63 000 euros d'impôts ne me parle pas non plus... même avec un prêt immobilier en francs suisses (oui, je fais une fixation sur cette affaire tant le procédé m'a choquée) C'est gentil d'avoir pensé à moi quand même.

* Ne me demande pas d'argent même si tu es coincé au bout du monde et que tu as un urgent besoin de 3000 euros. Je vais faire ma méchante mais mes vrais amis ont mon numéro de téléphone en cas de pépin et ne m'écrivent pas sur cette adresse. Essaie le consulat ou l'ambassade, plutôt.

* Idem pour celui/celle qui a de l'argent planqué en suisse ou aux îles Caïman et qui a besoin de mon innocence candide pour le faire sortir. Je décline ton offre de gagner 100 000 $ facilement, je préfère le dur labeur.

* La palme revient à celui qui me propose régulièrement une convention obsèques... je crois que j'ai encore un peu de temps, du moins laisse-moi le croire...

Ou alors c'est pour ça qu'on me propose de façon impérieuse de découvrir mon avenir proche et de m'en donner à coeur joie avec des rencontres sans lendemain... y aurait-il un truc que toi tu sais et que moi j'ignore ?!

Ces mises au point étant faites, j'espère que tu arrêteras d'encombrer ma boite-à-spam parce que même si je te déclare en indésirable, tu sais changer de nom et d'adresse à chacune de tes visites, petit coquin ! Allez, j'avoue, parfois tu me fais rire, mais tu tombes toujours à coté de la plaque !

vendredi, mars 02, 2012

Le bon air de la montagne

Une fois n'est pas coutume, petit coup de gueule par ici.  Avouez que c'est plutôt rare, n'est-ce pas...

J'aime ma montagne. Vous le savez, je l'ai déjà dit et redit souvent. Je l'aime et les années (nombreuses...) où j'ai été loin d'elle, elle m'a manqué. Même la chaleur d'ailleurs, même la mer d'un autre ailleurs n'ont jamais remplacé. Je l'aime parce que j'y suis née, peut être. Mais pas seulement. J'aime qu'elle me protège de ses massifs enveloppants, j'aime qu'elle m'obstrue l'horizon dont le vertige m'angoisse, j'aime qu'elle me donne des repères dans l'espace que je n'ai plus sans elle. J'aime voir le soleil rosir ses crêtes à l'opposé de l'endroit d'où il surgira, j'aime qu'elle m'indique quel temps il fera (quand je vois le Mont Blanc, c'est qu'il va faire beau), j'aime qu'elle me donne une idée erronée des distances.

Je l'aime de loin, je l'aime de près, j'aime ses couleurs, je ne me lasse pas de l'automne et je m'extasie des ses camaïeux, j'aime ses odeurs, sa masse imposante et sombre à la tombée de la nuit. J'aime ses vallées, les rivières qui s'y sont creusées, ses routes vertigineuses parfois et même son autoroute la plus chère de France. J'aime croiser des familles de cervidés ou de sangliers sur le bord de la route. J'aime voir, de loin , les chamois farouches.

Nous, les "gens des vallées", sommes lovés dans cet espace plus ou moins étroit où les hommes se sont posés il y a des millénaires et où, avec énergie et foi ils ont installé leurs chaumières, à l'abri des envahisseurs tout en maitrisant les accès à leur environnement. J'aime l'histoire de mes montagnes, des Allobroges à "Hannibal le Carthaginois", de Umberto 1 au Risorgimento, jusqu' au développement de la "houille blanche" qui fit la fortune des vallées... du teigneux Duc de Lesdiguières aux prémices de la Révolution Française.
Avec le temps, l'homme a développé cette industrie sise le long des rivières, la houille blanche, cette énergie venue de l'eau, et par la suite les industries voisines, papeterie, métallurgie. L'homme, donc, s'est installé dans les vallées, le long des cours d'eau. L'homme a crû (du verbe croître, bichette...) et s'est multiplié pour finalement devenir quelques centaines de milliers d'individus dans une région au taux de chômage moins élevé que la moyenne nationale.

Bref. J'aime son histoire, paradoxalement ouverte aux autres, à l'extérieur, à l'étranger, malgré la barrière naturelle du roc protecteur et les accès restreints.

MAIS... MAIS... Voilà... dans les goulots de ses vallées, ses "cuvettes" favorisent l'accumulation de polluants lors de phénomènes atmosphériques particuliers. Et nous sommes contraints, il en va de notre santé,  d'adopter un comportement civique au volant : nos autoroutes affichent des messages lumineux bien visibles "Pic de pollution - moins 20km/h obligatoire". Depuis quelques jours, il a fait très beau et ces températures clémentes et l'absence de vent sont propices à cette pollution à l'origine encore mal identifiée. Certes, c'est rageant lorsqu'on a un timing le matin où chaque minute compte afin d'ouvrir une porte aux élèves à 8h pile à plus de 20km de son domicile. Mais c'est de bonne grâce que mes compatriotes et moi-même levons le pied. 110 km/h. Pas 130. Encore moins 160.

Là où j'enrage et où j'ai envie de ne pas être accueillante envers ces touristes qui font vivre nos stations, ce sont des jours comme ce jour d'hui où, ayant terminé ma journée (et ma semaine) dans la vallée qui mène aux grands blancs, je me glisse sur l'autoroute dans les files des touristes qui rentrent chez eux. Et qui eux se foutent comme de l'an 40 que mes vallées soient polluées et foncent à 130 (voire plus, hein, soyez honnêtes...) Et nous restons, dociles autochtones, glués à 110 sur la voie de droite pendant que les grosses berlines dotées de coffres de toit et d'immatriculations d'ailleurs doublent à vive allure.
Et quand je m'énerve trop comme ce soir, je me cale sur la voie de gauche, à 110 et je fais ma mauvaise tête, sans tenir compte des pressés qui font des appels de phares et cornent derrière moi. Avis au impatients, ma voiture aussi peut rouler à 200km/h, je n'ai jamais besoin d'aller jusque là pour prouver que j'existe et que j'en ai une plus grosse, je ne fais la course avec personne. Et comme,  dans mes mauvais jours, je suis perfide jusqu'au bout (et qu'avec l'habitude des lieux je connais l'emplacement des radars mobiles), je me remets sagement à droite quelques centaines de mètres avant la maréchaussée, laissant l'énervé de derrière s'emballer pour chasser sa frustration. Et bing ! Lorsque, quelques tous petits kilomètres plus loin je vois déboucher d'une encoignure la Mégane surpuissance prendre un étourdi en chasse, excusez-moi de jubiler du malheur d'autrui (je sais, c'est pas charitable mais c'est plus fort que moi !)

Alors, vous qui venez en nos villages pourrir not' neige déguster nos spécialités, vous repaitre du "bon air" et des grands espaces que nous vous offrons, je vous croise chaque vendredi de vacances scolaires (même s'il m'arrive de faire un détour campagnard pour éviter les bouchons aux péages), même si je vous aime parce que moi aussi je viens chez vous, pensez à nous la prochaine fois que vous circulerez sur l'A43, l'A41 ou leurs adjacentes.

Nous vivons ici, nous respectons notre lieu de vie, notre nature. Vous l'aimez, vous y revenez, alors merci d'en prendre soin également si vous voulez qu'elle continue à vous offrir ce qu'elle a de plus beau.
Et si un jour vous tombez, sur l'autoroute, sur une voiture qui vous donne envie de la traiter de bouseux local, demandez-vous juste si vous ne roulez pas un tout petit peu trop vite...




Je vous l'ai dit, je suis très énervée !