Finalement, mes colères ne durent guère. Trouver autant que possible le bon coté des situations contrariantes, ou l'aspect "le moins pire" des choses. Regarder en bas parfois au lieu de regarder en haut...
Quand je disais dans un commentaire "
affectation pourrave", il ne s'agissait bien entendu pas d'un établissement que je n'aurais pas souhaité parceque j'y aurais des a priori ou une mauvaise expérience, il y a partout des élèves à instruire quel que soit leur origine urbaine ou familiale... et les plus attachants ne sont pas forcément dans les endroits que l'on croit plus "faciles"... Zaboo ne me contredira pas, je me retrouve dans sa façon d'aimer les élèves et le métier (
ça n'est à cet endroit-là que le bât blesse... n'est-ce pas...)
Mais là je m'éloigne. Il se trouve que les Grands Sages, dans le tourbillon des barèmes par milliers (
souvenez-vous, 50 points par enfant, 7 point par échelon d'ancienneté... etc) ont "oublié" trois de mes enfants, ceux issus d'un premier mariage, enfants du divorce et éléments incontestables de la nombreuse recomposition. "Oubliés" parceque n'apparaissait qu'en bas de page et non surlignée la mention "
les enfants résideront à titre permanent au domicile de la mère".
Il parait que ça n'est pas évident que cela signifie "
enfants à charge"; j'aurais dû fournir ma déclaration d'impôt indiquant le nombre de parts... documents qui n'était point demandé.
Mais, à toute chose malheur est bon, me console-je, j'apprends incidemment à l'occasion d'un coup de fil aux Instances que "
enfants à charge" comprend également les enfants qui ne sont pas de moi MAIS que mon foyer fiscal a à charge. En clair, tous les nains (
presque aussi nombreux que les "vrais" mais nettement plus feignants) qui vivent à mon domicile, engloutissent les céréales que je leur achète, font laver leur linge (quand ils y pensent) dans ma machine par votre serviteuse (et la leur accessoirement), subissent les sorties culturo-pédagogico-pseudo ludiques que nous leur infligeons mon complice amoureux et moi-même, s'habillent de vêtements que je leur achète (pas toujours de bonne grâce je l'accorde ..."
achète-moi ce que t'aime pas la prochaine fois, au moins chuis sûr que ça me plaira", dire que moi je portais sans moufter les sous-pulls en acrylique que ma mère m'achetait, ou les baskets bien blanches comble de ringardise suprême-même qu'elle les repassait au blanc quand elle les estimait sales), ceux dont je signe les mots dans le carnet (hum...), ceux qui me claquent la porte au nez parce qu'ils n'osent pas le faire "en face" et qu'il est plus facile de se défouler "ici"("
en face" comprennez lorsqu'ils sont chez l'Autre), ceux qui ronchonnent 15h par jour, ceux qui trouent leur chaussures en moins de deux mois, ceux qui se nourrissent en douce de compas, de stylos ou de double-décimètres, de gommes (
pas possible autrement ou alors c'est qu'ils entretiennent leur classe entière, vu le nombre d'articles qu'ils me font racheter en cours d'année !)Bref, tous ceux-là comptent comme A CHARGE. Soit, l'année prochaine, SIX enfants. Compteur explosé...
Pour l'instant, la rentrée prochaine m'offre une cure de jouvance, au cas où j'aurais eu envie de retourner 13 ans en arrière. "Titulaire sur zone de remplacement", ils appellent ça. A moi le nomadisme de mes années de néo ! Nomade certes mais près de chez moi, voilà qui, après 24h de réflexion, ne me déplait pas. Et je profite pour lever une idée reçue avant qu'elle n'envahisse les commentaires : non, entre deux remplacements, les titulaires-remplaçants ne restent pas/plus chez eux à se goinfrer de loukoums devant leur télé en attendant un appel du Puppet-Master : ils sont "rattachés" à un établissement dans lequel ils font les heures qu'ils doivent (
je dis ça je dis rien mais j'ai lu récemment un dossier Spécial Fonctionnaires- j'adore ce genre de marronnier à la veille d'élections...- dans un magazine qui m'a fait friser les cheveux !)Et puis qui sait, peut être qu'avec un peu plus de maturité prendrai-je aujourd'hui goût à ce nomadisme professionnel (
nomadisme tout relatif, je le reconnais humblement).
L'affaire étant pour moi réglée et digérée (j'ai un estomac à toute épreuve et un cuir de rhinocéros), je vais pouvoir revenir plus sereinement vous raconter mes petites histoires.
Merci à
Zaboo pour son dessin que je me suis approprié dans mes mauvais jours !
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