mardi, mars 17, 2009

Envie d'été

Diois (26) été 2008

L'air sent l'été. Le matin est plein de promesses et les après-midi sentent l'été.
Cette année, pour la première fois, je me dis que peut être nous pourrions faire une chose que nous ne faisons jamais, mon Doux et moi, un truc qui nous ressemble tellement peu : PREVOIR LES VACANCES FAMILIALES A L'AVANCE !

Une fois admise l'idée de ne pas pratiquer l'impro-surprise de dernière minute, il nous faut trouver le lieu. Et comme nous adorons quand même l'aventure et les surprises (qui en doutait ?!) je teste un truc ici, en free style :


Echange maison 7 ch. (6 disponibles) avec jardin au pied de la montagne. Zone semi-rurale, prox commerces et grandes voies de communication, à mi-chemin (30 km) de deux grandes villes aux coeur des Alpes. Innombrables ballades possibles (guides des ballades à faire en famille tous niveaux fournis) à une demie-heure de la maison (ou à 3 mn à pied dans les bois derrière la maison !)

Italie et Suisse proches (possibilité excursion à la journée pour les lève-tôt).

Impératif : nourrir deux chats et deux lapins.

Equipement bébé disponible (bébé pas fourni, par contre)

Point négatif : nous n'avons pas la télé (vous verrez, on vit très bien sans - n'est-ce pas, Aile ?!)

S'il y en a que ça tente, contactez-moi en cliquant sur le portrait-Meez dans la colonne de droite (échange pour Bora-Bora bienvenu !)

Allez, on se dit que ça fait du bien de penser déjà aux vacances d'été, même s'il reste encore des seaux d'eau à tomber en avril et le loooooooonguissime mois de juin qui n'en finit jamais.

jeudi, mars 05, 2009

Passeur de mémoire

Vous savez comme j'aime mon boulot, je l'ai suffisamment laissé apparaitre ici. Néanmoins, il est certaines journées que je n'aime pas du tout. Non pas que je déteste ou qu'elles me font regretter d'être où je suis mais certaines journées difficiles à vivre. Mais utiles. Mais difficiles, quoi. Aujourd'hui en était une.

Chaque année ou presque, les établissements dans lesquels je suis participent au Concours National de la Résistance. Le thème de cette année est " Les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi ".
En clair, les enfants en camps de concentration. Sujet douloureux s'il en est. Travailler sur documents au cours de l'année avec les élèves de 3è, de 2de ou de BEP est une chose, accompagner (ou pas, selon les années) les classes visiter ici et s'émouvoir jusqu'aux larmes devant les petits cahiers abandonnés, ou ou encore est déjà une épreuve.

Aujourd'hui nous avons eu droit au cadeau final, la visite d'un conférencier, ancien Résistant et déporté. Certaines années, ce sont les déportés victimes de la Shoah, d'autres ce sont des Résistants. Peu importe, la douleur transmise et le sentiment de révolte qui nait alors en nous est identique.

Prenez 95 ados d'une quinzaine d'années, "gauffrés" par terre à même la moquette des 150 m2 du CDI, prenez un monsieur bien âgé mais fort vif, devant une table et une bouteille d'eau. Pendant plus de 2h, il a tenu son auditoire suspendu à ses mots ... pas un souffle autre que le sien ne se faisait entendre, pas un toussottement, pas une gesticulation... pas même un mouvement lorsque la sonnerie de la récré a retenti... Pendant plus de deux heures il nous a raconté sa Résistance d'adolescent d'alors, son arrestation. Puis Drancy. Puis Buchenwald. Puis le tunnel de Dora à fabriquer l'arme secrète du Reich, les fusées V1 et V2.

Et chaque année, à chaque séance, c'est toute l'horreur du XXè siècle qui s'abat sur une nuée d'ados, qui ne ressortent jamais indemnes de cette rencontre. Ils découvrent ce que leur semblable peut faire de pire, peut être de pire. Chaque année j'en suis toujours autant émue, troublée, ébranlée. Bouleversée. D'année en année je vois avec inquiétude les témoins vieillir. Chaque année, je me dis que ces élèves-là ont de la chance, dans 5 ans, un chouillat plus, les derniers témoins ne disposeront probablement plus de suffisamment de forces pour accomplir cette mission-là. Comme leur a dit le conférencier cet après-midi, "dans vingt ans, quand vos enfants vous demanderont, sceptiques, si ça a vraiment existé, vous leur direz oui, ça a existé".

L'année dernière, les classes de 3è de ce collège sont allées à Buchenwald. Ils n'oublieront pas. Pendant ce temps-là, dans le collège où j'étais, au fond de la vallée encaissée de la Maurienne, terre de Résistance, un monsieur fatigué nous montrait son avant-bras bleui. ça ne s'efface jamais, nous-avait-il dit de sa voix fragile...



Devoir de mémoire...





Edit : désolée, Blogger me fait du grand portnawak avec les tailles de police, pas le courage de fouiller son html.