mardi, octobre 30, 2007

Le rendez-vous des P.P.

La fin du mois d'Octobre me voit en général très perplexe : j'oscille entre la réjouissante perspective de quelques grasses matinées successives pendant quelques jours et les inconvénients de saison : le froid, le brouillard matinal, la fatigue générale, proportionnelle à l'agitation d'adolescentulus domesticus... et surtout... surtout... plaie d'entre les plaies ... LA REUNION PARENTS-PROFS !!!

Je le reconnais, je suis probablement une très très mauvaise mère à la limite de l'incurie parce que je ne bondis plus de joie à la perspective de rencontrer les enseignants de Ainé. Ma première rencontre en maternelle s'est avérée très décevante : celle qui avait 6 h par jour la charge de ma Merveille avait déjà, au terme d'une fort brève cohabitation, repéré les quelques menus défauts de mon poussinou (défauts aussi maigrichons que rares, évidemment...)
Depuis, chaque année, l'opération se reproduit à l'identique.
Si en 5ème il apportait encore la feuille de rendez-vous afin que je me glisse dans les cases horaires convenant à mon emploi du temps de femme active, depuis l'année dernière, il décide tout seul de mon emploi du temps entre 18h30 et 20h ces soirs-là... Cette année, mal-heur du calendrier, la rencontre tombait un jeudi, mon jour le plus chargé.

"J'ai oublié de te dire, j'ai pris un rdv en plus avec le prof d'anglais, c'est à 18h40". Il est 18h, si je dois repartir dans 20 mn pas la peine de quitter mes bottes... ça ne fera jamais que 11h que mes pieds macèrent ... Je jette un coup d'oeil au planning et encore une fois j'admire cet optimisme débridé dont fait preuve chaque année l'administration de nos collèges : un rdv cadencé toutes les 5 mn... hop hop hop, 5 mn théoriques par prof et par élève... sauf à supposer que tous les élèves sont brillantissimes et que le chant des louanges est bref, 5 mn, c'est tout de même très peu. 18h40-18h50-19h-19h05-19h10. Soit 5 enseignants à rencontrer... Là, un parent novice se serait dit "bah, trinnquiiiiille, à 19h30 grand max je suis à la maison".
Las ! Nenni, nenni de chez nenni !

Bon. Dociles, nous arrivons en avance sur le parking du collège. Puis, au pied des escaliers, nous nous écorchons les yeux (surtout moi) à chercher la liste profs/salles affichée sur un poteau dans la pénombre ... Ainé connaissant les lieux par coeur, il me guide à travers les étages, d'un pas qui ralentit à mesure que nous approchons. Toujours dans la pénombre. Surtout, il ne lui viendrait pas à l'idée d'allumer, lui qui connait l'emplacement des interrupteurs... Un instant, je me demande si par hasard il ne ferait pas exprès, une fracture inopinée du col du fémur de sa vieille mère serait probablement un contre-temps fort apprécié.
Nous émergeons dans un couloir, des nuées de parents collés au halo lumineux des salles de classes restées grandes ouvertes. 102-103-104-105-106-voilà, 107. Evidemment, nous ne sommes ni les seuls, ni les premiers et c'est là que l'anarchie commence. Et l'école de la patience et de la zen attitude. Ambiance Forum des Associations... Y a une queue monstre au stand judo et à celui de la danse.

Sourire à la ronde ; en langage non verbal, ça signifie que tu viens en paix et que tu n'as pas l'intention de piquer le tour de ceux qui sont arrivés là avant toi. Même s'ils avaient rendez-vous 1/2h après toi. C'est la tacite loi du parent d'élève. Tes compagnons de galère tu respecteras... Mais ta progéniture n'a ni ta patience ni ta courtoisie et va s'enquérir auprès des progénitures d'autrui "t'avais rendez-vous à quelle heure, toi ?" avant de t'en revenir en soufflant "ça saooouuule, y en a encore deux avant nous..." et de s'adosser bruyamment contre le mur en soupirant de plus belle... jusqu'à ce que surgisse au détour du couloir un sien conscrit, ses ascendants dans son sillage...
On reconnait d'où ils viennent à son air contrit, à celui furibond des adultes qui l'accompagnent et aux mètres qui séparent ces deux camps ... Emplis d'une compassion mutuelle et réciproque, nos ados s'adressent vague rictus, borborygmes tribaux et frôlements de mains.
Ainé reprend sa position contre le mur... un peu plus mollement qu'auparavant. Lorsque vient ton tour de parent d'élève, tu écoutes, accablé mais pas surpris... Après tout, tu connais la chanson, les paroles, la musique et la muse. En sortant tu te demandes ce que la suite te réserve.


Consciencieusement tu t'empiles dans la queue à la salle d'en face... toujours sourire, même si le thé que tu as bu dans l'après-midi se rappelle à ton bon souvenir... rester là, ne pas manquer son tour on a déjà 30 mn de retard...
" En attendant je vais voir salle 204 si Mme Machin a du monde sinon on va la voir direct parce que là, heu, ça saoule". On avait compris... Va mon fils, ça m'évitera de te voir soupirer d'impatience alors que moi je piaffe de joie, à 19h bientôt 30, avec une implosion de vessie qui menace ! Bien sûr, Ainé a en cours de route rencontré un copain (qu'il n'a pas du voir dans la journée, entre les récrés, la cantine et les heures de perm'...pensez donc !) et a quasi oublié pourquoi il était encore au collège en pleine nuit ... il vient vous rejoindre, penaud, tandis que vous écoutez tête basse une prof d'espagnol très remontée... "Il pourrait tellement mieux faire s'il s'en donnait la peine".
Je sais, ma brave dame... je sais...

La fois suivante vous ratez votre tour, vous avez insisté pour visiter les toilettes, ouf, c'était moins une ("Voilà, maintenant on a raté notre tour on va encore devoir attendre des plombes...") Je peux te gifler en public, poussinou ingrat ?!! Vous vous en étranglez de stupeur et la répartie est cinglante. S'ensuit une logorrhée qui a pour effet immédiat de vous soulager de l'énervement qui s'accumule tout en mettant K.O. l'adversaire adolescentulus. Saoulé de paroles, il est. C'est le double effet "mère-en-colère". Dans le torrent de mots sans contrôle parental, il y a guitare et confisqué. Même en te cachant derrière un minable "puisque c'est comme ça", sur ce coup-là t'es pas très fière d'agiter ça en représailles... la guitare c'est sa soupape de survie. Tu as même carrément un peu honte. Ainé est à présent assis par terre, il a trouvé l'astuce pour échapper au verbiage il change d'étage...

Même joueur rejoue encore ...

Il est 20h 15 quand tu sors tout juste de l'avant-dernier rendez-vous, encore plus abattue, adolescentulus plus que penaud... Il fait maintenant nuit noire dehors, tu as faim, chaud aux pieds, chaud à la tête et une grosse colère que tu contiens comme tu peux... Tu te demandes si ça vaut encore le coup d'aller voir la prof de math, vu qu'on t'a gardé le meilleur pour la fin... tu te demandes s'ils ne vous ont pas oubliés dans le collège désert... tu te demandes si... Eh bien si, la prof de maths est encore là, pas toute seule, elle est en pleine séance de remontage de bretelles... SUIVANT. Ainé se dilue, il traine la patte, se colle au fond de sa chaise en regardant ses pieds comme s'il découvrait ses baskets pour la première fois. J'essaie de sourire encore poliment à celle qui prend de son temps si tard le soir. Oui. Oui... tu as bien compris ? C'est sûr ça ? Tu promets ? C'est bien vrai ? Se désoler, opiner du chef, faire les gros yeux, se demander simultanément ce qu'on va bien pouvoir trouver comme méthode nouvelle pour motiver cet ado... orientation... blabla... orientation... blablabla... trop tard pour...

21h. Dire merci d'être resté si tard... s'en aller ensemble parce que vous êtes vraiment les derniers, chercher avec une désinvolture feinte une porte de sortie encore ouverte dans le collège toutes lumières éteintes... parler avec la prof un peu plus légèrement... tout ça n'a été drôle pour personne. Ainé est muet. Il marche tête baissée, ses cheveux rabattus sur son visage. Deux tâches grises garées côte à côte sur le parking sombre, quelle drôle de coïncidence. Bonne soirée, au revoir et bonnes vacances !

Sermoner. Jouer son rôle de parent. Menacer et en avoir honte en même temps. Revenir sur ses mots et faire un marché quelques centaines de mètres plus loin. En fixant le halo des phares sur la route à travers champs, les dents serrées. Soupirer. Faire promettre. Se promettre à soi-même de prendre plus le temps de se pencher sur lui. Vers lui. L'aider à s'organiser, par exemple. Lui prévoir une méthodologie. Se dire qu'il vous ressemble, qu'il vous fait tellement penser à vous au même âge... ne pas le lui dire, par contre, ça ferait ancien combattant ! L'aider sans le harceler, parce que c'est fragile à cet âge-là, c'est tellement, tellement susceptible... Mine de rien.
D'ailleurs, en rentrant, il a juste marmonné un "j'aipasfaimj'vaism'coucher" d'une telle voix que le coeur maternel s'est fendu... Plus tard, je suis allée poser ma main sur sa joue, dans son lit. Il ne dormait pas, il n'a pas bougé. Il n'a pas retiré sa joue. Je me suis enhardie à y déposer un baiser, lui glisser un "je t'aime mon grand poussin ,et je te fais confiance".
Le lendemain matin, son appétit n'était toujours pas revenu...

Je fais quoi, maintenant, je confisque la guitare pour marquer le coup ou pas ? J'avoue ne pas avoir le courage de lui ôter ce qui lui tient lieu de bouée en cas de gros grain... en même temps, "marquer le coup" semble nécessaire ...

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lundi, octobre 29, 2007

Les raisins de ma colère

Silence n'est pas absence... c'est juste grosse fatigue et une énergie redirigée... En attendant, je vous laisse avec de la lecture.
Histoire de bien commencer la semaine.

A très bientôt... entre une grasse matinée et une sieste, une visite chez le suédois jaune et bleu qui vient d'ouvrir près de chez moi son plus gros attrape-coeur, et de la tambouille-cosméto--party (vacaaaaaances ! Oui, j'ai un peu honte) , je vais me remettre à écrire, promis !

Edit : rappelez-moi la prochaine fois de ne plus aller chez le Suédois AVEC MARI ET ENFANT !!!

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dimanche, octobre 14, 2007

C'est l'automne, ou bien ?



Les forsythias bourgeonnent et fleurissent, la lavande revient, les courges sont rebondies comme des chèvres prêtes à mettre bas, les bambous s'élancent et la sauge s'étoffe.

Des urgences à régler, du quotidien à gérer... que du lourd en ce moment. Peu de temps, peu d'énergie, voire pas du tout, me sont laissées pour le "superflu" ("le superflu, chose si nécessaire"... Simone de Beauvoir).
Mais je suis dans les parages, par apparitions fugaces...

Please, hold the line...
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