lundi, septembre 25, 2006

Guide du mariage réussi

En ce moment et depuis la rentrée, je fais du tri. Prise d'une frénésie poubellienne irrépressible , dans ma vie domestique comme dans mon quotidien professionnel.
Souvent, dans les CDI d’établissements scolaires anciens, l’histoire de la fonction et du lieu font qu’on tombe sur des ouvrages tellement désuets qu’ils en sont comiques, sinon totalement déplacés !
Je me régale en ce moment, je me marre toute seule. Et, fleuron d’entre les fleurons, rencontré au hasard des rayons et à présent en au sommet d’une pile ridicule sur mon bureau , en attente d’un sort funeste parmi d’autres ,

"Le mariage : guide pour l’organiser et le réussir dans ses moindres détails". Peu nous importe l’année, ces conseils sont intemporels, dans les bonnes familles.

* Où l’on apprend juste après l’avant-propos comment organiser des fiançailles (donc, il faut se fiancer, c’est IMPERATIF). La demande en mariage aura été faite au préalable par l’amoureux au père de l’amoureuse (aujourd’hui on peut se passer des gants « beurre frais », précise-t-on). S’ensuivent de chics et sobres exemples de faire-part à imprimer sur « carton blanc de format 9x14 ». A l’issue du repas, la fiancée se verra remettre LA bague de fiançailles (l’exemple proposé par l’ouvrage est un solitaire de chez Mauboussin, hein, le manège à bijoux de chez L*** ou les bagues M**y on oublie !!)
Au cas où les parents et leur fidèle traiteur manqueraient d’idées, ce bon ouvrage propose quelques menus novateurs : perdreau au chou, gigue de chevreuil ou rôti de bœuf en croûte. A faire glisser à l’aide d’une bouteille de champagne pour deux et une bouteille de vin pour 3 personnes !

* Quand se marier ? Notre excellent guide conseille l’été comme saison idéale, même si « rien ne garantit que le soleil sera de la partie mais s’il vous fait faux bond vous pourrez vous consoler en répétant le proverbe « mariage pluvieux mariage heureux » (tu parles, Charles !NDLA)
Choix du témoin : quelques trucs et astuces de diplomatie sont donnés, que dire par exemple en consolation à l’ami qui n’a pas été choisi comme témoin ? « oh toi tu es tellement large d’esprit que je sais que tu ne te vexeras pas pour ça alors que Machine si je ne l’avais pas choisie… tu sais comme elle est… » (VERIDIQUE ! élégant, n’est-il pas ?)

* Les faire-part… ah, les faire-part… Faire une liste exhaustive des invités, « un oubli malencontreux pourrait avoir de nuisibles conséquences sur le développement de la carrière de votre futur époux ( ?!!) Est conseillée la version deux feuillets de quatre pages en vélin d’arche imprimées à l’anglaise (re- ?!!) Le nec plus ultra mais pas obligé : la gravure en taille douce, (une plaque par famille). Ou la lithographie avec le monogramme de la famille à sec ou en couleur, or ou argent.

* Liste de mariageune des tâches les plus agréables») : linge de maison, arts de la table , «électro-ménager qui libère la femme », l’automobile, le tapis d’Orient ou le voyage de noces. Il est vivement conseillé de dresser soigneusement cette liste afin d’éviter les doublons et les oublis.

* LA tenue : adaptez-la à votre morphologie ; si vous vous trouvez trop grande, évitez le fourreau ; vous vous jugez trop ronde, pas de manches ballons ni de jupon froncé ; si votre futur époux est de petite taille, pas de talons hauts et attachez la traîne sous la nuque et non sur le sommet de la tête. Le marié sera vêtu d’une jaquette (de la flanelle gris clair à la jaquette noir grain de poudre, avec pantalon assorti, en passant par le gris moyen et le gris foncé, allez, soyons fou)

* Choisir l’anneau nuptial … «l’achat des alliances incombe au fiancé» Avec un léger faible de l’auteur pour l’alliance trois or ou celle en diamants…

* Le cortège, « les enfants, petits garçons et petites filles feront le charme et la beauté de votre cortège ; ainsi, apportez un soin extrême à leur tenue ». Osez marier le fushia et le jaune pâle dans la composition de vos bouquets, dont les couleurs devront rappeler les tenues des enfants. Les petites filles porteront des chaussures à barrettes, vernies noires ou marines, les garçons des Charles-IX (re-re- ??!! vite, ami lecteur, éclaire-moi, qu’est-ce donc que la chaussure Charles i-ix ?) Tous auront des gants de coton blanc, avec ou sans pressions (aaaah, il n’est nulle part fait mention de soquettes impératives…)

* « Rien n’est plus fâcheux qu’une cérémonie où tout le monde cherche sa place (…) Une belle cérémonie c’est aussi l’ordonnancement du cortège ». (C'est vrai quoi, un peu d'ordre et de discipline, on n'est pas là pour rigoler !) Et là le lecteur est gâté, lui est fourni le schéma de l’entrée du cortège dans l’Eglise, dis donc (à la mairie on peut entrer en vrac , alors ?!) conforme à « la nouvelle lithurgie » (ah ?) "La cérémonie achevée, au son des cloches, la mariée sort au bras de son mari , puis la mère du mari, et le père de la mariée, les grands parents, la famille et les invités ; l’ordre sera le même pour le cortège des voitures."Attends, il manque quelqu'un... mais qui ? aaah, la mère de la mariée, et le beau-papa tout neuf, ils sont où ? haaannn...
Oh, point de lancer de riz, donc ? ni de pluie de pétales de roses ou autres fleurettes jonchant le parvis ?! trop dommage , vraiment... Aucune mention non plus du discret concert de klaxon...

Petites veinardes, vous avez même un échéancier, le compte à rebours des trucs à faire et auxquels penser, du J-120 au jour J !! (avec un conseil unique à J-1 : « prenez un calmant et faites de beaux rêves » !!!)

*
« Les parents des mariés encadrant les jeunes époux reçoivent les félicitations des invités et les mariés leurs voeux de bonheur. » Ah tiens, de la photo il n’est point fait mention… tragique erreur, il n’est pas de bon mariage sans sa photo, n’est-ce pas, ami lecteur et de bon goût ?

A la fin, s’ensuit tout un blabla sur les oppositions éventuelles au mariage, qui et pourquoi . Top modernité, le divorce est même mentionné, «toute femme divorcée doit attendre en principe l’expiration d’un délai de 300 jours pour se remarier». Ceci afin d’éviter toute confusion de paternité , des fois qu’au moment de se séparer vous ayez fait un dernier câlin d’adieu non protégé avec votre ex et pile à J14 (brrr…). Moderne jusqu’au bout, sont évoqués les cas de nullité du mariage à l’Eglise.

Voilà ce qui est supposé constituer la lecture loisir des élèves d’un lycée professionnel tertiaire… mes pépettes en pantalons moulants taille basse , mes kakous en jean baggy de chez baggy et en sweat shirt griffés 3 tailles au dessus … je suis certaine que ça leur parle, ça !

Cela dit, si vous mariez quelqu’un de votre entourage proche sous peu et que vous avez encore quelque angoisse, n’hésitez pas, je garde cet excellent opuscule sous le coude et je réponds dans l’heure à toutes vos questions !

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mercredi, septembre 20, 2006

Un jour après l'autre, et un pas de plus !!

Angoisse(s), stress, nuits blanches, panique, échéance si proche. Déménagement, emménagement "à l'arrache" dans un logis à moitié fini,
* booster des artisans peu inquiets, (j'espère que d'ici là nous aurons les escaliers du 1er et les cuvettes des WC !)
* déboires EDF pour connexion au réseau,
* pas de téléphone et pire , PAS D'INTERNET entre le 29 septembre et le 11 octobre ("on peut couper à la date que vous demandez mais on n'a pas de technicien disponible pour faire le branchement avant le 11 octobre")
* une nouvelle vie sans télé va commencer (glups )
* déçue finalement du béton brut, beaucoup d'huile de coude pour un résultat mitigé, ça fait très roots en fin de compte...
* trouver le temps de faire les bricoles réparatrices en 1 semaine avant l'état des lieux ... heureusement, les nuits sont longues !
* trouver le temps de faire le grand ménage avant le 29 (si quelqu'un n'a rien à faire , j'embauche !)
* trouver le temps de mettre en vente jolis vêtements bébé fille 12 mois (si y a des interessées...)
* me taper 1h30 d'état des lieux le 29 et négocier le moindre trou.

MAIS

* nouvelle vie TOUS ENSEMBLE dans un vrai chez-nous, fait pour nous tout exprès, où chacun a participé à la gestation avec l'architecte pendant 6 mois (un ange de patience et de compréhension)
* plus grand, mieux agencé, qui pète la couleur comme dans les films d'Almodovar
* et surtout, surtout, TOUS ENSEMBLE, TOUS LES... nombreux nous sommes , vraiment très nombreux !!

Et ça, p****, ça fait passer tout le reste précédemment listé.
Et à ceux/celles qui se demandent de quoi leur(s) lendemain(s) affectif(s) de maman/papa-solo seront faits, je dis comme Kaa "AIE CONFIAAANCE".

samedi, septembre 16, 2006

Le joli monde que je t'offre, mon chéri...

Une fois n'est pas coutume, je fais part ici d'un truc lu hier et qui m'a fait dresser le peu de poils sur ma tête.
Dans un collège du centre ville d'une petite préfecture française, les parents d'élèves (tous) ont reçu, très peu de temps après la rentrée, une lettre indiquant nommément les sept élèves perturbateurs de l'établissement. Ceci hors de toute convocation desdits élèves, avertissement ni courrier spécifique aux parents des enfants concernés. Non, directement en place publique, ou presque. Les parents interrogés par le journaliste à la sortie du collège se sont déclarés surpris mais pas choqués par la procédure "j'aime savoir ce qui se passe dans la classe de ma fille" ... La mère d'un des élèves accusé souhaite porter plainte. Soulignons qu'il s'agit d'un collège, de surcroît du centre ville d'une cité aux établissements scolaires plutôt paisibles... Peut être s'agit-il d'un hasard (on dira ça...), sur les 7 élèves 5 n'étaient pas autochtones de longue date... Je me suis dit que si cela se passait dans le collège des miens, non seulement je n'apprécierais pas (même s'il ne s'agissait pas de mon rejeton) mais je le ferais savoir.

Dans un même ordre de choses, nous habitions il y a quelques années un immeuble cossu d'une petite ville chic pleine de "qui-se-la-pètent" en grosses voitures. Dans la classe de grande section de mon fils (école publique), il y avait un petit garçon de 5 ans malade, dont la maladie le faisait vomir fréquemment. Certains parents ont écrit au directeur, des lettres ouvertes aux autres parents, au Maire, à l'Inspection académique, pour que cet enfant "porteur d'une maladie honteuse et très certainement contagieuse", qui représentait un danger pour leurs enfants devait être évincé de l'école, "il n'a qu'à aller dans une école privée si on veut bien de lui !" . Le directeur a tenu bon, les parents du garçon ont reçu des témoignages de soutien dont le mien, ont eu les pneus systématiquement crevés sur le parking de l'école (à tel point qu'elle accompagnait son fils sous escorde de la gendarmerie), leur poubelle incendiée plusieurs fois, des menaces de mort... Qu'elle qu'aie été la maladie du petit poussin, il ne méritait pas cela, sa famille non plus. Il s'est avéré qu'il était atteint d'une tumeur au cerveau et il n'a jamais terminé son année de CP... J'en ai été extrêmement bouleversée... Que ceux qui ont hurlé haro sur le baudet en cauchemardent la nuit...

Toujours dans cette jolie bourgade, un violent orage avait cassé les branches d'un pin dans le parc de l'immeuble, fait voler les feuilles d'automne de façon à boucher un regard d'égout. Une lettre du syndic est arrivée dans toutes les boites aux lettres, accusant "les enfants du 3è étage" d'avoir cassé les branches de pin et volontairement bouché le trou d'égout ! Les enfants du 3è, c'était les miens, parcequ'ils étaient plus nombreux que la moyenne des 6 familles de la résidence (ils étaient 3, mes enfants ! ) et probablement aussi parcequ'ils étaient un peu plus bronzés que la moyenne... Grimper à un pin centenaire ils n'auraient pas pu, ils avaient 6, 4 et 1an 1/2, quant à s'amuser à entasser des feuilles dans une bouche d'égout, ils ont d'autres occupations plus saines ! Je me suis fendue d'une lettre au syndic, d'un droit de réponse aux voisins. Aucune excuse ni réaction ni du syndic, ni des voisins... Par la suite, une superbe flêche de toit en zinc d'un bon mètre de haut (il s'agissait d'un château XVIIIè rénové) s'est détachée et plantée dans le bois de notre terrasse, risquant d'empaler l'un des enfants s'il s'était trouvé là à ce moment. Si ça n'avait pas été notre propre terrasse, sûr que mes poussins auraient été accusés d'avoir joué les Spider man et grimpé sur le toit pentu pour arracher la flêche de leurs menues mimines. Et la flêche en zinc, qui coûte la peau des... est partie avec le camion poubelle du lundi matin. Nan.

Même lorsqu'il s'agit d'enfants, certaines natures humaines se montrent bien inhumaines, et surtout d'un exemple bien répugnant...

mercredi, septembre 13, 2006

Chez le psy



Il avait attendu d'être installé dans la voiture, de retour de son cours de gym du mercredi.

- Maman...
- Oui mon Chéri ?


- Chais pas pourquoi mais des fois j'ai envie de mourir... c'est comme si j'arrivais pas à être heureux. J'ai pas envie de vivre, ça sert à rien mais je sais que tu serais triste si je meurs...
(les enfants ont l'art de faire des révélations ou de poser des questions au moment où vous vous y attendez le moins...)

Son sang s'est glacé, figé. Son coeur de mère a émis une légère contraction douloureuse, comme un pincement. Ça n'était pas la première fois que son petit bonhomme de 6 ans parlait ainsi. Jusqu'à présent elle l'avait pris pour un mal-être passager, comme lorsqu'il lui disait, fâché «maman je t'aime pas ! »
Elle prenait ça pour elle, comme une accusation d'incompétence parentale, son incapacité à rendre son propre enfant heureux, comme l'évidence assourdissante d'un gâchis monumental. Au fond, tout au fond d'elle, elle savait. On n'élève pas un enfant, on ne fait pas un enfant heureux dans une ambiance d'hypocrisie et de faux-semblants , de bouts de quotidien sans âme enfilés les uns à la suite des autres. Surtout pas lui, son «bébé-Séccotine», son «bébé-panda» comme disaient les pédiatres, son miroir à elle, fusionnel, le plus sensible de ses fils, celui qui va mal quand elle va mal, celui qui se tord de douleurs abdominales quand elle est angoissée, celui dont les médecins demandaient chaque fois «y a-t-il quelque chose de changé dans son quotidien ? Un événement qui l'aurait marqué ?» Et chaque fois elle répondait "non, rien".
Non, rien dans les faits, ça ne se jouait pas au niveau de l'observable, de l'évident. Elle savait donc qu'il était temps, qu'il était temps que les choses soient claires pour tout le monde, pour permettre à son enfant de grandir sereinement au lieu de porter des douleurs qui n'étaient pas les siennes, au lieu de le laisser crever d'impuissance. Il était temps, temps de se sauver, de sauver son fils et d'en finir avec une décennie d'un rôle de composition trop étriqué.

Elle avait besoin d'une aide extérieure, neutre. Elle avait alors pris rendez-vous chez un pédo-psychiatre pour lui. La première séance, la prise de contact, s'était passée avec lui blotti sur ses genoux, elle ses bras enroulés autour de lui. Fusionnels ils étaient tous les deux, chacun relié à l'autre comme à une bouée. Il les avait regardé ; il lui avait donné à elle l'adresse d'une consoeur, psychologue, «allez la voir de ma part , elle vous prendra rapidement , je la préviendrai que c'est urgent ».
Il avait compris, elle en avait les larmes aux yeux de gratitude, sans rien dire vraiment elle avait raconté leur vie de famille , d'un ton qu'elle voulait très neutre, RAS, famille unie et parents aimants. Vraiment elle ne comprenait pas pourquoi cet enfant n'arrivait pas à être heureux, elle avait l'impression terrible de faillir à son rôle protecteur de mère incapable de faire le bonheur de ses enfants, malgré ses efforts. Quand il lui avait répondu « mais vous ne pouvez pas l'aider tant que vous n'ètes pas claire avec vous-même, il faut dénouer vos propres noeuds, madame », elle était en train de happer l'air désespérement pour pouvoir respirer, elle suffoquait. Dévoilée. Découverte . Elle avait beau se cramponner à son fils pour se donner une contenance, se pincer discrètement la peau fine du dessus de la main pour déclencher la douleur qui détournerait les larmes, elle avait beau papillonner des cils au rimmel, regarder avec une concentration feinte les grandes toiles abstraites et colorées aux murs, l'homme, délicatement, avec une finesse experte, la conduisait doucement vers la rive, la sauvait du naufrage. Au moment de partir et de fixer le rendez-vous suivant, pour son petit patient, le petit bonhomme de 6 ans avait dit « tu vas m'aider à être heureux ? ».
Elle en ressortit plombée, lourde, du sable plein la gorge et des graviers dans le coeur. Comme encastrée dans un mur. D'ailleurs, sa mère lui avait téléphoné, affolée un matin, quelques jours plus tôt « j'ai fait un cauchemard cette nuit, j'ai révé que tu étais plantée dans un mur et que je tirais de toutes mes forces sur tes bras pour t'en sortir mais c'était trop bien planté. Tu vas bien ? Tu es sûre que ça va ? » Elle avait répondu oui, bien entendu...

Quelques semaines plus tard, le pédospychiatre avait demandé à la voir 10 mn, avant la séance de son fils. Là, il l'avait faite asseoir sur la méridienne de velour rouge, juste en face du grand tableau qui représentait des entrelacs rouges et oranges.

- J'ai un problème avec votre fils.
- Ah bon ?
Elle avait l'impression d'être au bords du vide, elle serrait très fort sa corde de rappel. Tant que tout restait dans le non-dit, elle gérait bien, ça lui allait. Mais poser des mots, nommer les situations, les sentiments, c'était ouvrir la boite de Pandore, la chambre de Barbe Bleue...

- Je ne retrouve pas ce que vous m'avez dit de votre famille chez votre fils. Il n'a pas une image de la famille unie, chez lui cette image est déstructurée, quasi absente; il est perdu. Il ressent des choses mais vous ne vous en faites pas l'écho, vous lui renvoyez de lui l'idée qu'il fait fausse route, ce qui est faux et vous le savez. Il faut que vous l'aidiez, que vous m'aidiez. Sinon je ne peux rien pour lui. Vous m'avez dit la dernière fois que ça allait dans votre couple, aucune contrariété ? Il vous faut régler ça d'urgence, madame, votre fils est dans un état dépressif.

Elle était ressortie en titubant. Elle s'était levée comme une automate sans dire un mot, elle avait fait entrer son fils qui attendait à coté, «à tout à l'heure, chéri». Elle s'assit lourdement sur une chaise de la salle d'attente mais elle ne pouvait pas tenir en place alors elle se leva et sortit. Elle avait terriblement envie d'une cigarette. Cette envie de recommencer à fumer lui était venue quelques mois auparavant, en même temps que cette envie très bizarre de ne pas tourner le volant de la voiture dans les virages ou de lancer le véhicule contre le pilier des ponts qu'elle rencontrait sur les 50 kms d'autoroute qui la séparaient de son boulot. Parfois il lui arrivait même de ne mettre que 20 mn porte à porte pour aller travailler, traversée de la ville comprise. Un drôle de jeu, vraiment.

Elle appuya sur le bouton de l'ascenseur et là, tout d'un coup, une vanne lâcha. Comme un barrage qui cède. Mal construit, mal calculé, en terrain peu stable. Elle s'effondra sur les marches de l'escalier de cet immeuble cossu, et elle pleura bruyamment. Elle y noya son rimmel, elle vida son cerveau, elle lava à grande eau ses dernières années , sa vie qui ne lui ressemblait en rien, sa force d'hypocrite et sa faiblesse de mère. Et par la suite, elle pleura à nouveau beaucoup, elle n'aurait jamais cru qu'un corps puisse fabriquer autant de larmes, à l'infini, tant qu'il en avait besoin pour diluer la peine, jusqu'à l'innondation. Et parfois, de l'innondation nait la mangrove, un nouveau paysage, méconnaissable mais pourtant au même endroit que le précédent.

Lorsqu'elle récupéra son fils une demie heure plus tard à la fin de sa séance, elle s'était fait la promesse de mettre les choses au net le plus rapidement possible, pour lui, pour ne plus le faire souffrir ainsi, pris en étau entre ce qu'il préssentait et les mensonges que lui disait sa mère. Sa décision était prise, et le joli destin allait l'aider à se désengluer, en lui offrant le plus beau des courages.

Aujourd'hui, son fils est un pré-adolescent heureux, toujours très attaché à sa mère. Il est en train de devenir quelqu'un de bien et elle en est très fière. Pour lui elle a traversé le marécage pieds nus, pour lui elle a affronté les cris et les coups de bec des charognards. Et elle a bien fait,
comme elle a bien fait !!

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lundi, septembre 11, 2006

Cassééééée !

Lorsqu’on devient parents, on pense avec beaucoup de présomption qu’on pourra modeler des citoyens responsables, des êtres plein de ces qualités que nous admirons chez les autres, des personnes respectueuses … bref, on se dit que nous allons tenter d’en faire des gens bien. Je n’ai pas échappé à la règle, et j’ai toujours eu la (vaine) prétention que l’on pouvait commencer par changer le monde en balayant devant sa porte. Rien ne sert d’avoir de beaux discours, si au quotidien on n’est pas raccord.

Quand j’ai appris que j’attendais un garçon, la première fois ça a été une grande surprise (je suis d’une famille de filles et là tout d’un coup, qu’une fille fasse un garçon ça m’a laissée perplexe… non non , ne riez pas !) mais j’étais en même temps ravie : quelle meilleure arme pour changer le monde et les mentalités, que d’élever des garçons, puisqu'il est irréfutable que ce sont les mâles qui font le monde ? Les miens allaient être élevés dans l’idée que les filles et les garçons sont égaux, même devoirs, mêmes droits ; que tous les êtres humains sont égaux, blablablabla.

Ils ont voulu des jouets guerriers et bien martiaux, j’ai lutté (mais hélas, des influences extérieures étaient toutes puissantes) pour finir par céder, vaincue. Ils ont voulu des poupées Barbies « pour faire des femmes aux Action man », ils ont voulu de mini-bébés «pour faire des bébés aux Action man et aux Barbies »…Soit. Ils ont eu l'établi du parfait bricoleur en couches-culottes, ils ont voulu apprendre à coudre et à tricoter, ils ont voulu faire du rugby et de la gym au sol… Parfait.
Mais ils ont du affronter des réflexions de membres de leur famille moyennement proche (ceux qui me lisent régulièrement verront à qui je fais allusion !) qui les recadraient bien dans des activités/pensées de leur sexe «les petits garçons ne pleurent pas» (mais si, ça pleure un petit mec, même un grand…), « ne joue pas avec la poupée de ta cousine, tu as tes voitures», «les petits garçons ne font pas tout le temps des bisous à leur maman» (alors ça c’est ce qu’on va voir !), sous LA menace supposée me faire frémir «vous allez en faire des homosexuels».

Puis ils sont allés à l’école, la maigre influence que j’avais pu avoir sur eux s’est diluée rapidement dans le vaste monde. Et quand j’entends mes ados/pré-ado parler aujourd’hui, («y a une fille dans ma classe tu verrais comme elle est bonne !»), je soupire un bon coup, je les reprends en espérant sincèrement qu’ils n’auront pas entre eux les conversations que j’entends parfois dans les cours de lycées, qu’ils respecteront leur(s) partenaire(s) , qu’ils seront des papas présents dans l’éducation de leurs enfants et qu’ils ne reproduiront pas le schéma séculaire de l’homme à la zapette télé et la femme au tablier dans la cuisine…

Mes dernières illusions sont tombées, se sont effondrées , devrais-je dire, la semaine dernière avec une remarque de mon Zébulon de 8 ans. A tour de rôle ils mettent la table, débarrassent le lave-vaisselle et la table après le repas. Chéri et moi cuisinons, les nains (que nous avons aussi nombreux que peu vaillants, hélas…) prennent le relai. Donc, Zébulon trainait les pieds, 10 mn s’étaient écoulées à tourner en soupirant autour de la table sans trouver l’élan

- Bon allez, au lieu de tourner en rond si tu avais commencé tout de suite tu auras déjà terminé.

- Pfffff…mais c’est trop duuuur…

- Mais non, Roudoudou, c’est pas dur, regarde en plus je t’aide, tu vois , j’empile les assiettes.

- Mais c’est dur quand même…

- Hé ho, tu as 9 ans dans 3 mois, dans d’autres pays ils travaillent dans les mines dès l’âge de 6 ans, ou ils tissent des tapis 12h par jour à s’en faire mal aux yeux ou alors ailleurs ils se lèvent à 5h du matin pour fabriquer des briques en terre avant d’aller à l’école , quand ils peuvent y aller (je sais, ami lecteur, c’est mesquin et d’une efficacité non prouvée à ce jour !)

- Pfffff… mais c’est ch … de débarrasser la table.

- (je change de registre pour attiser la motivation) Et moi aussi des fois j’ai pas envie, pourtant je fais à manger tous les jour et je fais les courses et je t’assure que ça aussi c’est très ch. (oui, ami lecteur, je suis contrite, moi aussi parfois je me lâche…), et faire les lessives aussi ça ne m’amuse pas !

Et là, la remarque de la mort qui tue :

- Oui mais toi c’est pas pareil.

Arhg ! Trop facile, toi tu es née super douée, toi tu es née avec un attrait tout spécial pour les tâches domestiques, toi tu es forte, toit tu ne pleures jamais , toi tu ne sais pas ce que c’est la fatigue…

- Comment ça moi c’est pas pareil ?

Et là, retour de bâton alors que j’étais déjà à terre

- Toi t’es une fille, c’est normal.

Ma machoire s’en est décrochée d’un coup.
Une décennie d’éducation qui va de travers, qui n’a servi à rien. Toutes mes convictions bafouées par mon propre fils ! Où est l’erreur ? A quel moment n’ai-je pas vu la direction à prendre ? Ma première réaction a été de lui rétorquer
- Ben tu la débarrasseras tout seul, la table !

Mais heureusement, il m’arrive (rarement mais ça m’arrive ! ) de réfléchir avant de parler. Je me suis alors lancée dans une petite séance à lui expliquer que personne n’a de prédisposition pour les trucs pénibles à faire, tout le monde préfère les activités amusantes et pas fatigantes mais nous vivons tous dans la même maison alors nous participons tous à la vie de la communauté, qu’il n’y avait pas des activités domestiques filles et des trucs de mecs, que moi regarde t’es bien content que je répare ton vélo, et dans la maison, qui est-ce qui fait le repassage ? C’est pas moi, tu vois, c’est en fonction de ce que chacun peut faire, de ce qui l’embête le moins.
Je ne suis pas persuadée que mon discours ait eu l’effet en profondeur attendu. Je verrai bien, à l’usage.

Mais il y a certainement pas mal de ma faute, cette très mauvaise habitude qui consiste à faire à la place parceque ça va plus vite, au lieu de prendre le temps de la pédagogie…

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mercredi, septembre 06, 2006

Le cadeau de mariage


Les vacances de Toussaint approchaient, à grands pas attendus. Fatiguée, elle lorgnait sur ces quelques jours comme la petite fille aux allumettes.

- Ah tiens, je t'ai pas dit, mes parents viennent enfin nous voir.
Il avait dit ça comme ça, entre deux portes, et elle était supposée se réjouir de ce que le Comte et sa Comtesse daignassent pousser du carrosse jusqu'à leur humble demeure.

- Ah, ils viennent quand exactement et tu prends donc des jours ? Elle se méfiait, elle connaissait son homme et elle sentait venir le plan "bonne poire"...

- Non, pas besoin que je prenne des jours, tu es là, non ? Je peux pas, j'ai trop de boulot.

Bingo. Riante perspective : beau-papa mange à heures fixes (sinon il s'auto-détruit ? Elle aurait adoré faire l'essai mais affronter un Beau-papa affamé c'était trop fort pour elle) ; Belle-maman est debout aux aurores (et si elle ne veut pas qu'elle lui déplace tous ses meubles pour s'occuper, il va falloir surveiller de très près...) Il faudra donc qu'elle soit sur le pont dès potron-minet, que les repas soient prêts à 12h30 et 19h30 tapantes entrée+plat de légumes+viande+fromage+dessert impératif, qu'elle concocte des ballades touristiques, qu'elle soutienne des conversations stériles, qu'elle matte ses enfants de l'aube au coucher («ces enfants sont un peu mal élevés, sont-ils obligés de courir tout le temps et de crier pour s'exprimer ?», «les enfants bien élevés ne posent pas de questions comme ça», "cet enfant a les mains bien sales"), foin des vautrages larvaires rêvés devant la télé à contrôler toute seule la zapette, il faudra qu'elle brique, qu'elle frotte, qu'elle astique («vous ne craignez pas la poussière, vous, ça se voit... », «ah ? Vous ne lavez pas le sol après le repas ?»).

Elle a juste dit,
- quand même t'es gonflé, on aurait pu en parler ensemble, définir une date et surtout c'est TES parents, tu pourrais prendre des congés pour les voir un peu.

- Toi tu sais mieux que moi recevoir les gens. Je les verrai le soir, ça suffira largement.
Aaaaah, le lâche !! La flagornerie pour pas cher !

Le jour dit, elle s'était tenue propre, elle avait cuisiné, rempli le réfrigérateur de bonnes choses fraîches à préparer longuement, elle était à jour de son repassage , elle avait essayé de briefer ses fils de 4 et 2ans ½
- vous devez vouvoyer vos grands-parents. On ne leur dit pas Tu on leur dit Vous.
- Pourquoiiiiiiiiiii ?
- Parce que, c'est comme ça chez eux, on dit Vous à ses parents dans leur famille.
- Mais pourquoiiiiiiiiiii ? On les connait, on dit vous aux gens qu'on connait pas...
- Oui je sais chéri mais c'est comme ça.

Elle avait du mal à rester objective, elle avait du mal à jouer ce double jeu vis-à-vis de ses propres enfants, défendre des choses auxquelles elle n'adhérait pas. Elle avait l'impression de s'éloigner de plus en plus d'elle-même et mentir ainsi à ses enfants lui faisait mal.

Elle avait été mauvaise langue, elle avait appréhendé la visite alors qu'ils étaient venus avec les meilleures intentions du monde, brandissant le calumet de la paix.

- Nous voulons vous offrir un cadeau de mariage... lui avaient-ils annoncé, la voix pleine de miel. Maintenant que vous ètes mariés depuis huit ans nous pensons que vous allez rester ensemble et nous avons maintenant suffisamment confiance pour vous offrir quelque chose.
(rhâââ, c'est trop d'honneur !)

Elle était abasourdie... elle s'en étouffait intérieurement. De quoi s'étouffait-elle d'ailleurs ? De rire ? D'humiliation ? Elle aurait pu/du leur dire «euh merci c'est gentil mais non, sans façon, bien vrai». Au lieu de ça, elle avait souri niaisement, comme elle savait bien le faire. Ainsi donc ils avaient attendu HUIT années, pour voir quoi ? Si elle tenait le choc ? Si leur héritier ne s'était pas trompé ? Si elle était assez méritante ? Huit années de test ? De bizutage ? Alors ils allaient enfin avoir des relations normales, sereines et simples maintenant qu'elle avait réussi l'examen ?
Las !! Elle s'égarait, elle supputait lorsque sa belle-mère ajouta
- de quoi avez-vous besoin ?
- Oh, de rien, Belle-maman.
Ce qui était vrai. Après 9 ans de vie commune, un couple a-t-il encore besoin de vaisselle ? D'un appareil à raclette peut-être...?! Ou d'un aspirateur de table, sinon.

- J'ai vu que vous n'avez pas de jolie vaisselle, je vais donc vous offrir des verres.
(ah bon... les verres Ikea n'étaient donc pas jolis ? Elle n'avait pas envie de verres en crystal, pour quoi faire ? Avoir à chaque fois la trouille au ventre de les casser en buvant, en les lavant, en les essuyant ? Ça faisait beaucoup de contraintes pour ... )

Belle-maman a continué :
- Vous connaissez les magasins de la ville, vous choisissez.

Ce qui pourrait sembler un rêve pour certaines de ses consoeurs s'avèrait être une torture pour elle : où était le piège ? Car forcément il devait y en avoir un... Non, elle était paranoïaque, du calme ma fille, tu vas faire les magasins, tu te choisis le beau service qui te durera toute ta vie et chaque fois tu repenseras à cette générosité si soudaine et tes yeux bruineront d 'émotion non retenue...

Alors, elles en ont fait des boutiques chics. Elles ont éclusé celles de la ville, puis celles de la ville à coté.
- oh noooon, ne me dites pas que ces verres-là vous plaisent, c'est une plaisanterie !!

Plus passait l'après-midi, plus elle se ratatinait... je ne veux pas de verres, je m'en fiche des verres, je veux du RESPECT ! Plus l'après-midi s'écoulait, moins elle savait ce qui lui aurait plu, comme verres. Mais sa patience restait égale, c'était d'un air égal qu'elle répondait timidement, lorsque la généreuse donatrice tombait en pâmoison devant le service le moins sobre de la boutique,
- Moui... je ne sais pas, je ne crois pas qu'ils iront avec les assiettes/la nappe/les couverts.
(Non ,ce n'était pas un appel du pied au renouvellement intégral de ses services Ikéa)
Pour finalement céder...
- Choisissez donc pour moi, Belle-maman, vous ètes d'un goût plus sûr.
Sous-entendu "que moi pauvre gourde mal dégrossie de nos riantes provinces qui ne sait pas ce qui fait le chic des bonnes maisons".
Car elle aussi savait mettre du miel aux oursins dans ses phrases.

Il n'en fallait pas plus pour plaire à la Comtesse ! Et l'affaire fut pliée en deux temps :
premier temps, j'entre dans la boutique d'un pas déterminé, suivie d'une crevette rabougrie à l'air éffarouché, deuxième temps je jette un oeil connaisseur alentours et je repère LE service à verres qui fera de la crevette rabougrie la reine des hôtesses du Gotha de la Côte d'Opale, la Nadine de Rothschild des bonnes tables calaisiennes.

C'est ainsi qu'elle se retrouva à la tête d'un superbe cheptel de verres à pied en crystal ciselé, du verre à porto au verre à eau en passant par l'inévitable verre à vin, sans oublier la flûte à champagne, de quoi abreuver douze convives sans fauter. Elle aurait préféré mille fois qu'ils participassent financièrement au repas de mariage huit années plus tôt, elle aurait préféré ce canapé en alcantara bleu roi qu'elle avait vu dans ce catalogue, elle aurait préféré des sourires et un peu de chaleur, elle aurait préféré être acceptée dans la famille, pour ce qu'elle était, telle qu'elle était... Mais elle n'avait pas de quoi se plaindre, l'ingrate, elle avait un magnifique service de verres à pied dont le prix était l'équivallent de son loyer et qu'elle ne trouvait même pas à son goût ...

De la confiture aux cochons je vous dis, de la confiture aux cochons !

Et puis les verres, comme les fleurs de la chanson de Jacques Brel, «c'est périssaaaable»... (si si je vous assure, ils se fânent rapidement et disparaissent tous brisés s'ils manquent d'amour !)

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dimanche, septembre 03, 2006

Mon D Day à moi...

J'ai hésité, j'aurais pu bloguer le menu de WE, soit des magrets de canard aux figues et aux raisins, sauce au miel et aux épices (je n'oublie pas la recette des nems promise en d'autres lieux mais il faut attendre que j'en fasse chez moi pour photographier la séance pliage !) .
Je pourrais aussi bloguer la journée de pré-rentrée dans un établissement nouveau avec des collègues nouveaux... parler un peu de mes crises d'angoisses, crampes d'estomac et autres insomnies ou rhume carabiné bien a propos...

Je pourrais raconter mon arrivée le long de l'allée cavalière qui mène aux bâtiments principaux, le coeur qui bat et le pas qui se fait de plus en plus lourd et ralenti... de l'accueil chaleureux du chef d'établissement et du plantureux petit déjeuner d'accueil... je pourrais passer de longues minutes à narrer comment on tient 3/4 d'heure quasi prétrifiée avec une seule tasse de café, comment on hésite à franchir les trois pas qui séparent du buffet et de la pyramide de croissants et pains au chocolat convoitée... de la façon dont j'ai franchi ces quelques mètres pour m'aggripper désepérée à un croissant chaud... il serait facile de m'étendre sur ma gène une fois grignoté mon croissant , de savoir quoi faire des miettes dans ma main (les lêcher ?! les jeter discrètement par terre ?!)

Parler de la curiosité des collègues,
- vous ètes nouvelle ?

de leur bienveillance et de leurs essais de réconfort
- S. faisait des choses formidables avec les élèves, ça ne va pas être facile pour vous de prendre la suite
- (grrrrrr...lui je le repère et le raye de mes listes)

De leur générosité à me mettre dans l'ambiance
- alors elle c'est Mme XX, prof de lettres-histoire, ça va, elle est sympa; lui c'est M. YY, prof d'éco-droit, bon, euh tu verras il est un peu spécial; là-bas en rouge c'est Mme ZZ, prof de compta, alors elle franchement moi je m'entends pas du tout avec, enfin , tu verras bien mais méfie-toi quand même.
-(allez hop, langue-de-vipère, une deuxième à rayer de ma liste)

Je pourrais même vous dire combien de plaques à trou-trou il y a au plafond du foyer où nous étions réunis (17 en largeur, 48 en longueur), combien de chaises de jardin en plastique bordeaux ont été installées (12 rangées de 11 chaises), combien il y a de fenêtres (9, dont une ouverte), combien il y a de platanes dans la cour (4) et de tilleuls (2) et de cèdres immenses (2) et de chevaux qui paissaient dans le champ voisin (3).

Il serait amusant de vous décrire la visite de l'établissement, "alors, il y a une couleur par étage et un étage par section", les avertissements "il y a plein de recoins sombres, là et là par exemple dans lesquels les élèves se cachent pour ne pas aller en cours ou ne pas descendre à la récré" (ça va être sympa pour moi qui sursaute dès que je croise quelqu'un).

Je pourrais également m'étendre sur la description des collègues, ceux qui prolongent les vacances, en tatannes, short élastiqué et T-shirt siglé MAIF, ceux qui se sont mis sur leur 31, les jeunes "pépettes" en mini-jupes (et certaines moins jeunes d'ailleurs,) celle qui se parfume à l'odeur poudrée de l'Heure Bleue de Guerlain en plein été (ou presque, ne chipotons pas !) , ceux qui racontent leurs vacances bricoleuses, trekkeuses, bronzeuses, studieuses... ceux qui ...
Je pourrais même vous dire que j'étais "pas dans le truc", du moins pas encore.

Je pourrais me désoler de commencer à 8h et que demain lundi, pour la rentrée en 6è de mon "Oui-Oui" à moi je ne serai pas là pour lui, puisque moi je serai ailleurs à accueillir les enfants des autres... tout en sachant bien que mon Oui-Oui sera certainement accueilli par quelqu'un qui se désolera de ne pouvoir accompagner ses propres poussins etc.

Je pourrais vous parler de tout ça mais non, je ne vous embêterai pas, ne gâchons pas un si beau dimanche !

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