dimanche, novembre 21, 2010

Vie de famille...

Non, malgré le titre, il ne s'agit pas de nouvelles réflexions sur la vie en famille recomposée. Mais juste un aperçu de ce que donne un dimanche chez nous... un dimanche normal.

- Dimanche, y a Machin qui vient on va répéter du son.

Depuis que l'Ainé et Beau-fils se sont offert une sorte de mini-studio d'enregistrement avec l'argent de leur labeur estival, studio installé dans la chambre de l'Ainé, chambre de l'Ainé  en rez-de-chaussée à la baie vitrée coté cour, leurs "appartements" ne désemplissent pas. Le positif c'est que nous n'avons plus à faire les trajets dominicaux d'un bout à l'autre de la vallée (et elle est grande notre vallée, surtout si l'on compte également les flancs des deux massifs comme nids de potes !). Par contre, notre chez-nous, à la fois géographiquement central et bien fourni en matos, devient le repaire desdits potes. Nombreux, les potes, nous le découvrons de dimanche en dimanche.

Les déjeuners dominicaux sont tardifs, les hordes de potes musiciens commencent à déferler en général bien avant. Enfin, pour autant que je le sache... l'antre de l'Ainé étant accessible directement de l'extérieur sans autre formalité, ils débarquent souvent sans que j'en sois informée.  Doux et moi ne nous formalisons pas, un de plus dans la maison ne change pas grand chose au nombre final !

Le dimanche actuellement compte donc fréquemment quelques invités-surprise supplémentaires... quand je dis "surprise", c'est qu'au moment de passer à table, l'Ainé annonce qu'il y a Machin qui n'a pas mangé, et Truc non plus et que finalement il va mettre le couvert sur la terrasse (une chance, il fait beau les dimanche !) pour 6, dont leurs 4 amis supplémentaires. Qu'à cela ne tienne, je fais comme faisait ma mère il y a 30 ans avec mes amies à moi, on sait improviser pour le double de personnes à table.Quand on prépare pour 7, on peut préparer pour 11 ou 12... Aujourd'hui, c'était ailes de raie-sauce citronnée crème fraiche-brocolis (ni vu ni connu les brocolis fondus dans une chouette sauce au citron !)  avec riz pour les uns et pommes vapeur pour les autres. Zou. Enchainer sur une petite sieste de la grenouillette, la faire dormir dans notre chambre à l'étage, à l'opposé du studio de musique et laisser ainsi les artistes répéter,composer, chanter, guitarer et pianoter (ouf, la batterie est électronique, merci les nouvelles technologies !) en paix ! S'octroyer soi-même un petit temps de repos en écoutant  le morceau de la semaine, avant de s'attaquer au gouter de la horde (3 litres de pâte à crêpe, ou brioche à la machine à pain ou gâteau géant chocolat-banane en fonction des restes de bananes blettes) Regarder les litres de lait se vider, le gâteau ou les crêpes ou la brioche descendre en 5 mn et la horde s'en retourner dans son antre...

Et quand tombe la nuit à l'orée de l'après-midi, se poser devant son ordi sans scrupules, laisse le Doux s'attaquer au repassage et se dire que demain c'est lundi et qu'il serait temps que je commence à faire mes savons à offrir pour Noël.

Un dimanche comme les autres... jusqu'au suivant. Et la maison pleine, des hordes de groumpfs à nourrir, j'adore ça ! (ça me permet d'une part d'avoir  les garçons sous les yeux, et d'autre part de connaitre qui ils fréquentent... on est cool mais on est maman quand même !)

Sur ce, je m'en vais faire des savons au beurre de cacao odorant.

Bonne semaine !

Libellés : ,

lundi, novembre 01, 2010

Je, tu, il/elle, nous, vous... Eux.

UTOPIA


Il y a longtemps... très longtemps que j'avais en tête, envie, d'un billet sur notre recomposition. Par micro touches de pointilliste j'en ai parlé par ci par là. Des uns, un tout petit peu des autres, pas du tout de certains et probablement pas de l'essentiel.
Le déclic c'est aujourd'hui, en réponse à un autre billet ailleurs dont l'auteur se reconnaitra.

On n'a pas le mode d'emploi. Parce qu'il n'y a pas de mode d'emploi. Il n'existe pas. Lorsqu'éperdus d'amour le Doux et moi nous sommes rendus compte que le quotidien avec l'autre devenait vital, s'est posée la question des... ENFANTS de l'autre. Eux entre eux. Eux avec nous. Nous avec eux. Eux avec leur parent. Ce sont toutes les relations établies qui se modifient, du fait du choix des 2 adultes. Il leur faut intégrer bon gré mal gré un autre adulte au quotidien... d'autres enfants... un autre type de relation avec leur parent "recomposant".

Nous avons commencé discrètement par des week-end tous ensemble... puis des vacances... Nous avons regardé l'autre, notre nouvel amour, inter-agir avec notre progéniture, notre amour viscéral. Nous avons regardé sa progéniture, ses amours, en relation avec nous-même.
Quelques couacs. Mini. Infimes. Inévitables. Parce qu'on ne reconstruit pas à partir de rien mais à partir d'histoires personnelles kaléidoscopes, des ronds et des carrés, sur des braises encore rougeoyantes. Et puis on reconstruit également avec celui d'En-face comme nous l'appelons ici. L'Autre parent. L'Ex. Rarement inoffensif. Mais pour être honnête, l'ex doit en dire autant de nous.

Ici, ce sont 3 garçons d'un coté et une fille/un garçon de l'autre qui étaient appelés à régner -araignée araignée à vivre ensemble. Quasiment du même âge. De 13 à 5 ans. Qui tout de suite, je mesure aujourd'hui cette chance que nous avons eu, ô mystérieuse alchimie, se sont entendus comme larrons. Tous se sont coulés sans trop de difficulté dans le nouveau groupe, prenant ainsi une position nouvelle dans la fratrie. Un ainé devenait 3è, un 2è le 4è et un garçon qui n'avait qu'une soeur récupérait 3 frères plus jeunes, un benjamin de 3 devenait benjamin de 5. Avant d'être tous soudés à l'identique par la naissance d'une soeur commune.

Depuis la naissance de mon ainé, son père et moi étions en profond désaccord sur l'éducation des enfants. J'ai observé Doux avec les siens. Je l'ai observé avec les miens. Je me doute qu'il en a fait de même, c'est de bonne guerre. J'ai aimé sa façon d'être père. Je ne me serais pas senti le courage de vivre au quotidien, de confier mes enfants à nouveau à quelqu'un qui aurait eu une conception différente. Trop d'énergie et de contrariétés dont j'avais décidé de me passer. L'amour mais pas à n'importe quel prix. Punir pour les mêmes choses. Lâcher la bride à l'identique. Un niveau de patience et de tolérance similaire. Sinon simultané, tout au moins en alternance, afin de compenser les fatigues de l'autre. Par des chemins identiques, amener ensemble nos enfants à devenir des adultes. Nous voyons le monde de la même façon. C'est reposant. Très. On passe notre énergie à autre chose. Ensemble. Non pas l'un contre l'autre. Jamais. C'est un luxe. Et ça ne sont pas les contrariétés externes qui manquent.

Sans ce pré-requis de départ, il y a belle lurette que notre couple ne serait plus. Et l'utopie de famille recomposée aurait sombré avec. L'amour seul ne suffit pas à faire passer toutes les couleuvres grosses comme des anacondas. Hélas.

L'adhésion des enfants ? Si nous les avons vu vivre sereinement les vacances, il n'était pas pour autant évident qu'ils accepteraient de partager leur quotidien avec un autre adulte que le parent connu. Qu'ils accepteraient remontrances et affection de cet étranger. A qui ils doivent, exige-t-on d'eux, obéissance et respect. Qui prend la place du parent absent et les oblige à la déloyauté, croient-ils.

Le beau-parent n'est pas le parent, n'a pas l'autorité parentale (non non, il ne l'a pas,"on" en a parlé mais c'en est resté aux promesses...qui n'engagent que ceux qui y ont cru) n'a même, au quotidien, pas le droit de signer les mots d'absence ou les autorisations de sortie dans le carnet de correspondance ; n'a en théorie même pas le droit d'aller chercher l'enfant à l'infirmerie du collège ou en permanence s'il n'a plus cours... n'a en théorie pas sa place lors des réunions parents-profs. Peut l'emmener à l'hôpital en cas d'urgence mais ne peut pas aller le chercher... Vous pensez comme c'est pratique, dans ce cas ! Heureusement, dans la pratique de la vraie vie, nos interlocuteurs sont souvent plus intelligents que la théorie.

Etre beau-parent, c'est l'école de l'humilité. C'est accepter, juridiquement et officiellement, de n'être RIEN pour l'enfant que l'on co-élève comme le sien, à qui on donne de l'affection, que l'on nourrit, que l'on habille, que l'on trimballe aux activités extra-scolaires et aux soirées chez les copains. Rien du tout. Accepter en cas de séparation ne plus exister pour cet enfant, quelle que soit l'affection et les liens noués. Etre beau-parent, c'est l'école de l'humilité. C'est accepter d'aimer "à perte", parfois même pour ne recevoir qu'ingratitude et mépris. Qu'importe. C'est le job qui veut ça. C'est se remettre en cause et en question en permanence... C'est de la culpabilité de tous les jours. C'est accepter que les liens qu'a le compagnon/compagne avec ses enfants soient différents que ceux qu'il noue avec les nôtres. Puisque nous les pratiquons également à l'inverse. C'est leur laisser leur histoire commune. Vivre et construire ensemble ça n'est pas effacer le passé de chacun. Et croyez-moi, lorsque 2 divorcés décident de vivre ensemble, il y a dans la corbeille non seulement les enfants respectifs mais également les ex, les nouveaux beaux-parents (n'est-ce pas, Cellequisereconnaitra?!), les amis (ou futurs-ex amis...). C'est clairement au début un ménage à 4 :-)

Pour peu que la sauce ne prenne pas, que le courant ne passe pas entre les enfants et le beau-parent, l'affaire est morte-née. Ou presque. Les relations ont tout de suite été tendues (pour le moins) avec ma belle-fille. J'ai essayé des trucs. Et des bidules. Et d'autres choses. ça ne pouvait venir que de moi, puisque c'était moi l'adulte. C'était donc forcément à moi et à moi seule de faire l'effort. Croyais-je. j'ai acheté et lu pléthore de livres. Des recettes présomptueuses parfois. Des suggestions souvent. Je me suis inscrite à des forums, j'ai longuement lu les autres. J'ai lu le livre de Dan Franck (Les enfants). Et puis j'ai fini par tout envoyer valser. J'ai fait comme j'ai senti. Comme j'étais. Advienne que pourra.  Jusqu'à baisser les bras. On ne fait pas boire un âne etc.

Il n'y a pas de recette. Il n'y a pas d'expérience qui serve aux amis. Et depuis quelques années je me désole de constater parfois-souvent que nos amis recomposés finissent par "décomposer" à nouveau. Ou presque. ne laissant entre eux que le fil ténu des amants. Plus de vacances ensemble. Une cohabitation qui n'en est pas vraiment une. De douloureux personnages qui se croisent sans se lier. Qui s'évitent s'ils le peuvent dans une grande maison. Un rêve qui s'étiole. Parce que certains membres n'ont pas voulu de ce rêve-là. Je constate avec tristesse que lorsqu'on recompose avec des ados, ou des pré-ados, sans généraliser mais d'après ce que j'en ai vu, ça ne colle pas. Trop tard ? Mauvais moment pour ces enfants ? Bad karma ? Peut être.

Chez nous non plus, pas plus qu'ailleurs ça n'a collé avec l'ado. Le temps a passé, l'ado est devenue adulte et même s'il  y a aujourd'hui un respect mutuel et une affection tout en retenue, demeure pour moi la frustration de ces rendez-vous manqués, de ces années vides des liens avortés que nous aurions pu nouer. Notre relation a été à l'inverse de ce qu'elle est entre son jeune frère et moi. Tout est si fluide et facile, entre nous.

C'est un pari, la famille recomposée. C'est un pari risqué. C'est jouer avec des dés souvent pipés, c'est jouer selon des règles sur lesquelles nous n'avons que peu de prise. C'est donner beaucoup d'énergie, de capacité à rêver, de soi. Avec un résultat dont le décodage nous échappe.

Je souhaite courage, abnégation, humilité infinie à tous les recomposés actuels ou à venir. Parce qu'il n'y a nulle recette infaillible et que sur le métier l'ouvrage est remis un millier de fois.

Parce que rien n'est jamais acquis. Rien n'est non plus à jamais perdu.


To whom it may concern...

Libellés :