jeudi, avril 26, 2007

Smels like teen...



Je reprends volontiers le flambeau tendu par BricolGirl chez elle, «ce que nous imaginions devenir plus tard quand nous étions petits» Si j’ai tout de suite trouvé le sujet intéressant, l’exercice s’avère à l’usage moins simple que prévu. Parce qu’un poème appris en anglais en classe de Terminale est venu se coller à ma mémoire et ne me quitte plus depuis. Vingt quatre ans que je n’avais plus pensé à ce poème, et là tout d’un coup j’en ai des morceaux plein la tête. Mais revenons à nos moutons…

- Qu’est-ce que tu voudras faire quand tu seras grande ?
Je suis allongée sur la table d’opération, l’anesthésiste tient à la main le masque qui m’endormira et c’est le chirurgien qui me pose la question.
- je voudrais être hôtesse de l’air.
- Ah, tiens, comme ma fille !
Sa fille c’est Patricia, la pimbêche de la classe. Je ne veux pas donner l'impression de copier Patricia, je renonce donc à 8 ans à faire ma Natacha. Mais ça ne m’empêche pas aujourd’hui d’avoir des talons hauts ! Finalement, je ne sais pas si Patricia est devenue hôtesse de l’air …

Par contre, deux choses étaient certaines, immuables au fil des années, évidentes, aussi loin que je me souvienne, du temps où je coupais encore les cheveux des poupées en espérant qu’ils repoussent.
1/ je me voyais avec beaucoup d’enfants, plus de deux en tous cas.
2/ je travaillerai et j’aurai un métier.

Ces deux objectifs étant fermement établis, il s’agissait de mitonner le quotidien, le tout-courant, en épicurienne cigale que je suis. Si le «avoir beaucoup d’enfants» s’est accompli sur le très tard, je ne perdais pas de vue le « avoir un métier », j’ai été élevée avec l’idée que l’instruction libère l’humain, et la femme en particulier, et que pour avoir le choix de ce que je voulais comme vie plus tard, il fallait que je laboure et sème tant que mon cerveau d'écolière était frais et dispo. Une sorte de "mange-ton-pain-noir-aujourd'hui-tu-auras-ton-paradis-demain" .

A 14 ans, j'ai une révélation violente : je veux être juge pour enfants, parce que j’ai lu Chiens perdus sans collier, de Gilbert Cesbron. Pendant deux ans j’ai eu ça en tête très fort, j’ai visualisé le parcours des études, de la fac de droit à l’Ecole de la Magistrature. On s'était promis-craché avec Luc de remettre l'autre dans son chemin en cas de déviation... Luc ne jurait que par la médecine, il est devenu avocat... Je ne suis pas juge pour enfants. Et puis je suis arrivée au lycée… je me suis emballée pour d’autres matières pour lesquelles j’avais plus de facilités, j’en ai découvert de nouvelles… et la magistrature a disparu de mes ambitions. Et quand plus tard j’ai connu les cours de droit dans le cadre d’un autre cursus universitaire, je me suis félicité d’avoir choisi une voie différente : la rigueur nécessaire à ces études-là m’aurait été fatale…

Plus que des rêves d’enfant, ce sont des aspirations plutôt diffuses : je veux grandir, je veux comprendre les adultes, je veux faire des vrais choix qui m’engagent, je veux être LIBRE, libre d’être moi-même sans regard réprobateur proche. Que du classique, quoi (à l’époque, je souhaitais par-dessus tout échanger ma petite sœur contre un grand frère, j’aurais tout donné pour un grand frère…ça n’est jamais arrivé. Heureusement, par la suite, j’ai eu des amis qui furent de moi aussi proches que des frères, et en prime j’ai même gardé ma sœur… !)

Je croyais que je parviendrai à la compréhension suprême, que je serai alors à l'aise sur le grand échiquier, dotée des clés pour tout comprendre, de la pierre philosophale. Adolescente, je me suis crue illuminée de cette connaissance universelle …très brièvement, avant de me rendre compte que plus on apprend, plus on découvre l’immensité de notre ignorance et le chemin sans fin qui est à parcourir. Ainsi, en entrant dans l’âge adulte (qui reste une période non définie pour moi, je la situe vaguement entre 20 et 25 ans…) je deviens humble, et plus que des renoncements, je réajuste légèrement mes ambitions, je les ré-étale dans le temps. La seule vraie douleur ressentie comme une amputation à mes aspirations, c’est, à 33 ans, de renoncer à l'idée d'une famille nombreuse (non, trois enfants ça n’était pas l'idée que j'avais de la famille nombreuse). Parce que je n’avais pas choisi le bon partenaire, celui qui m’aurait donné suffisamment confiance pour poursuivre ma conception du bonheur. Je sentais confusément que je m’enlisais dans des rêves qui n’étaient pas miens, et cela ralentissait ma quête. La quête de moi-même, parce que c’est bien de cela qu’il s’agit, en fait, non ?

En pointant aujourd’hui ce qui est fait et ce qui reste à faire, je réalise qu’au virage d’un certain mois d’Avril 2002, j’ai choisi de reprendre MA route, la mienne seule, de mon propre chef, celle de MA LIBERTE. Une certaine indépendance psychologique. Enfin. Attendue 38 années. Pour garder mes rêves, mon chemin, droit devant. Et il se trouve, ô cerise sur le fondant au chocolat, que ce chemin, je ne m'y promène pas seule. A mon rythme, comme je veux, mais accompagnée et marchant tous deux d'un même pas.
C'était ça, l'idée (floue) que j'avais de ma vie adulte.

Et comment je m'imagine dans 30 ans ? Comme ça...

When I am an old woman I shall wear purple
With a red hat that doesn't go, and doesn't suit me,
And I shall spend my pension on brandy and summer gloves
And satin sandals,and say we've no money for butter.
I shall sit down on the pavement when I am tired,
And gobble up samples in shops and press alarm bells,
And run my stick along the public railings,
And make up for the sobriety of my youth.
I shall go out in my slippers in the rain
And pick the flowers in other people's gardens,
And learn to spit.

You can wear terrible shirts and grow more fat,
And eat three pounds of sausages at a go,
Or only bread and pickle for a week,
And hoard pens and pencils and beer mats and things in boxes.

But now we must have clothes that keep us dry,
And pay our rent and not swear in the street,
And set a good example for the children.
We will have friends to dinner and read the papers.
But maybe I ought to practise a little now?
So people who know meare not too shocked and surprised,
When suddenly I am old and start to wear purple!
Jenny Joseph

Qui veut reprend le sujet, par exemple, Zaboo en preums et les autres suivent !

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mercredi, avril 11, 2007

Au Royaume de Siam

Ce matin, j'ai profité d'un réveil matinal.

Résolution number Ouane de la journée : enfin attaquer la bête, affronter SIAM, de son vrai nom Serveur d'Information et d'Aide aux Mutations. Tenter de changer de poste pour la rentrée prochaine. C'est la saison, celle du retour de migration des hérons cendrés. Parce que j'aimerais bien me poser quelque part, au lieu de migrer, chaque fois, comme les oiseaux... si je pouvais me poser là où je suis, ça serait l'idéal, et poursuivre ce que j'ai commencé... mais ça n'est pas si simple...C'est une question basique de... points.

Nous courrons après les fameux POINTS. Le sésame. Plus tu as de points (de vie), plus tu as de chances d'aller où tu veux. Pour cumuler les points, plusieurs techniques : te reproduire (50 points) ; prendre racine au même endroit (10 points) ; et d'autres subtilités encore. Fastoche, direz-vous, il suffit de pondre à tour d'utérus, d'aller se mouiller quelques années dans les régions dites «déficitaires», éventuellement officier en «Zone d'Education Prioritaire» (50 points)... et tu crois que hop hop hop, l'an prochain bonnard j'ai une super gâche au soleil. Naaaaaannnn ! Parce que tout cela est régi selon le principe de l'offre et de la demande. Cette année tout le monde demande à aller à Montpellier pour la rentrée prochaine ? Ben tu peux te brosser à la râpe à fromage avec tes 12 gosses, tes 8 années en ZEP dans une académie où il pleut souvent (mais que je ne nommerai pas- et toi là, ne te sens pas visée, hein, oui toi, Le Baudet et sa voisine Soeur Anne...)

Bref, tout ça pour vous dresser un portrait rapide et ultra shématisé du Système. Notre grand échiquier electronique. Démocratique. J'ai appris à mes dépends l'année dernière que le Super Sophisticated System avait du mal avec les familles recomposées. Soit tu es seule, avec la chair de ta chair issue d'un mariage défunt, et là on te donne des points (oh, pas beaucoup non plus, hein, ne fantasmez pas !) cadeau pour que tu puisses rester dans la zone géographique du papa, pour que les enfants ne soient pas traumatisés outre mesure... L'Administration fait des progrés, elle s'adapte à la société. Dans ce cas, tu coches la case «autorité parentale unique»; soit tu es mariée, pacsé, dans ce cas coche la case «Rapprochement de conjoint». Easy.

Tu suis ? Sois tu n'es ni l'un ni l'autre, donc célibataire sans enfants, et là, bon, t'as pas trop de bol, sauf à rester 10 ans au même endroit, et on voudra bien t'octroyer une bonification pour ta fidélité... Fastoche, tu te dis. Eh beh non... parce que si tu cumules le cas de figure 1 ET le cas de figure 2... que tu as des enfants d'avant, Et que tu es remariée (avec un autre, s'entend)... tu ne peux pas cumuler. Bref, il te faut faire d'ultra savants calculs pour savoir dans quelle catégorie il vaut mieux te perdre.

Tout ça m'a pris une semaine de tergiversations, de creuse-méninges et de cogitations nocturnes. Maintenant, on va passer à la pratique.

7h15, le camion toupie du voisin livre le béton pour sa future piscine... sous mes fenêtres..

8h30, le camion a fini sa livraison et je n'arrive pas à me rendormir pour autant.

8h45, pétrie de mauvaise conscience, je me lève. Cloture des inscriptions le 15, d'ici là, la Science Infuse Salvatrice ne me tombera pas dessus et sa soeur de miséricorde l'Inspiration non plus. Donc, y a pas, faut le faire. D'abords, douche.

9h15, café.

9h20, nettoyage de cuisine et vidage de lave-vaisselle.

10h, je réveille mon PC.

10h04, consultation des mels.

10h05, les blogzamis.

10h15, Lapin à la sieste

10h20, je relis les documents syndicaux concernant les modalités. Ne pas faire d'impairs...

10h40, je relis encore, j'ai pas tout compris...

10h50, j'ai toujours pas compris...mais on fera avec. Go. On se connecte sur le site.

Vous savez peut être que lorsqu'on navigue à l'intérieur d'un site, tout bon ouêbemestre aura pris soin de ne pas vous faire faire plus de trois clics pour accéder à l'info recherchée. La fameuse «règle des trois clics» ne s'applique pas au cas qui nous concerne. Les trois clics, c'est valable pour ne pas impatienter le chaland, pour qu'il n'aille pas voir la concurrence. Mais nous... peu leur chaut, nous sommes un PUBLIC CAPTIF. Vingt clics s'ils veulent, d'abords.

Page 1 : se connecter à E-prof par l'Académie. OK. Tu clicques sur ton Académie, ça tu peux le faire.

Page 2 : compte utilisateur+mot de passe. Ahaaannn... ça se corse : nom d'utilisateur ? On te signale que c'est le nom d'utilisateur que t'a donné le Rectorat pour ta boite mel professionnelle. Ah. Et que ton mot de passe c'est ton NUMEN. Pour peu que tu n'utilises pas ta boite pro souvent, t'es grillé. Tu passes un tour. Voire deux. Voire carrément tu fais marche arrière et tu vas fouiller deux heures dans les monceaux de circulaires à entête qu'on t'a envoyé «par la voie hierarchique» et que, dans le meilleur des cas, tu vas retrouver froissées au fond de ton sac à main.Ou de celui de l'année dernière. Dans le meilleur des cas... Une fois que tu auras ton Nom d'utilisateur, tu vas rechercher ton NUMEN, qui est ton numéro d'immatriculation. Parce que quand tu rentres dans le Mammouth, tu deviens un numéro... que tu n'as pas interêt à l'oublier, sinon... alors tu l'as noté quelque part pour bien t'en souvenir... mais où ?!

Ayéééé... tu as tout retrouvé, c'est parti. Nous étions donc page 2. VALIDER.

Ecran 2bis : «saisissez votre mel personnel». VALIDER.

Et là, dans un beau camaïeu de tons prune-mauve et blanc t'apparaissent six boutons. Eh bé, pour savoir que l'accès aux mutations c'est le bouton LES SERVICES, tu vas tous les ouvrir... et tu vas découvrir consternée que tu es fichée, toute ta carrière est là sous tes yeux, tous les postes que tu as occupé depuis septembre 1992.

Ecran 3 : Bouton LES SERVICES. A nouveaux, six puces... et tu as interêt à jargonner et à savoir que ce que tu cherches s'appelle SIAM. Si tu ne jargonnes pas... pas possible, un poltergeist a pris possession de ton corps... Donc, tu sais que c'est Siam qu'il te faut.

Au total, c'est sept (7) clics ... pour accéder à l'écran de saisie proprement dit. Une fois que tu auras cliqué sur des boutons mauves, visualisé des écrans redondants et inutiles... Comment perdre du temps et encombrer un serveur... parce que mine de rien ça fait déjà plus d'une demie heure que tu es là dessus.

Alladin te dit : AJOUTER UN VOEU. Et page suivante. SELECTIONNER UN TYPE DE VOEU. Tu as le choix : académie, département, commune, groupe de communes, établissement... Là, attention, ton Type de voeu est importantissime ! Si tu prends par exemple la petite magie Etablissement, elle ne te rapporte pas beaucoup de points de vie ; alors que si tu vas chercher la besace Groupement de communes par exemple, tu as plus de points...

Mais surtout, ne réfléchi pas trop, ni trop longtemps au risque d'être déconnectée et de devoir reprendre la procédure depuis le début (mais cette fois tu gagneras du temps puisque tu auras pris soin de conserver sur un coin de ton clavier ton numéro d'utilisateur et ton mot de passe...!) Réfléchi vite vite...hop, on va diiiiiire... groupement de communes ! Et c'est là que... dans un bref éclair de panique entremêlée de lucidité, tu te demandes «mais, groupement de communes... combien de communes et lesquelles, ça va jusqu'où ?» La page d'aide ne t'aide pas, elle n'est pas là pour ça... tu vas abandonner temporairement la partie, et aller fureter sur le net pour dégoter les codes mystérieux qui te permettront de passer les niveaux. Notre annuaire des codes s'appelle le Répertoire National des Etablissements. Bien, tu as trouvé le code, l'explication en clair te convient, retour au Royaume de Siam...

12h30, tu te reconnectes. Tu n'as pas encore saisi un seul des 20 voeux auxquels tu as droit...là tu t'impatientes un petit peu, parce que même si tu es en congés, tu n'as pas que ça à faire.

Pense bien à mettre en route le calculateur automatique de barême, tu pourras ainsi voir défiler tes points, selon le voeu que tu émets. Un établissement, pouf, 59 points ... pas assez, on supprime, on remplace par Commune, Bling, 289,20 points. Ah, c'est mieux. Comment arrivent-ils à te trouver des 20 centimes de point,... mystère.

13h. Lapin a fait une grosse sieste, tu la colles devant le DVD de Oui-Oui. Pour un temps tu es une mère indigne mais il en va de ta vie..!

14h,Oui-Oui en boucle. La voix qui chante en bruit de fond «montez avec lui il vous emmenera au pays des joueeeeeets» commence à te taper sur les nerfs, en plus, tu n'as toujours pas mangé, tu as fini la liste, sans être satisfaite pour autant : sur les 20 lignes auxquelles tu as droit, tu n'en a remplie que 12... en même temps, dans ta liste tu as écumé deux départements entiers, en croisant les doigts, en espérant que tu ne seras pas affectée sur ton voeu 12, à 150 km de chez toi... «pour dix sous vous connaitrez l'aventure avec luiiii... Oui-Oui.. Oui-Ouiiiiii».

Là, ami lecteur, tu es en train de te dire, «bah, alors pourquoi faire un voeu si éloigné ?» C'est que, si tu ne mets rien et qu'on ne trouve pas à satisfaire tes souhaits, on élargit... en cercles concentriques.. de plus en plus loin, jusqu'à ce qu'on trouve un endroit que personne n'a demandé, parce que personne n'a voulu y aller. C'est pour toi, c'est cadeau.

14h15, Lapin commence à avoir faim, tu vas faire chauffer l'eau des pâtes.

Alea jacta est. S'il t'a fallu une journée complète pour être la Reine du Royaume de Siam, tu peux devenir en moins de temps l'Impératrice des Klingons, là-bas dans la lointaine galaxie, après réunion du Conseil des Sages. Pour 10 mois... jusqu'au prochain passage de la navette, quelque part entre deux solstices.


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jeudi, avril 05, 2007

Dé-com-ple-xée !

Totally décomplexée ! D'abords, c'est une idée de Zaboo, rattrapée au vol par Titeknacky, la Troll, Mlle Maupin, Bii, Khey, SoeurAnne ... Alors je m'y jette aussi, sans complexe aucun. Parce qu'on ne peut pas être au four et au moulin, parce qu'une mère de famille n'a pas six bras, elle est faite comme n'importe quel autre être humain. Même humain mâle, c'est pour dire qu'on ne nait pas avec des prédispositions pour le ménage, ou pour le repassage, nan nan nan !

C'est parti pour la visite, entrez, ne faites pas attention aux placards à chaussures et à manteaux restés ouverts, enjambez sans vous gêner les baskets dépareillées qui traînent par terre et avancez jusque dans la salle principale, qui fait office de cuisine-salle-à-manger-salon. Discrètement en passant je ramasse un blouson jeté sur le dossier d'une chaise pour le... jeter sur le canapé (oui, oui... l'ordre est une qualité héréditaire chez nous...)

Si on souhaite se pencher sous les meubles de la cuisine (hauts sur pattes exeu-près pour qu'on puisse passer l'aspirateur en dessous) nous pourrons trouver
* un tracteur playmobil vert et rouge,
* une voiture à friction,
* un bouillon cube emballé (ah chouette...),
* des pelures d'oignons et quelques miettes diverses et variées...
* ah, aussi un couvercle alu de pot de yaourt...

Mais ça c'est seulement si vous voulez vous penchez, hein, vous n'êtes pas obligés. De toutes façons vous êtes en train de marcher sur des grains de riz secs/bouts de spaghettis séchés (selon le jour) tout autour de la chaise haute... ça va, la sauce tomate a séché. Non, je n'ai pas passé la balai juste après le repas, voyez-vous, ça se voit que vous n'avez jamais passé la balai sur du riz ou des pâtes bien collantes, vous. Primordial, attendre que ça sêche. Evitez juste de marcher dessus entre temps...

Non non, ne faites pas attention à qui se trouve dans l'évier, c'est juste que le lave-vaisselle est propre, plein et celui dont c'est le tour aujourd'hui ne l'a pas encore débarrassé. Alors les bols et cuillères du goûter sont en vrac... vous avez de la chance, 5 mn plus tôt tout ça était encore sur la table, avec la boite de céréales et le lait ouvert... et des cornflakes qui font la course.

Passez au salon, vous pouvez vous assoir sur le canapé, allez-y, poussez le linge, vous gênez pas, ou alors jetez-le sur le fauteuil à coté... ah, oui, vous avez dérapé sur une page arrachée de Petit Ours Brun veut une histoire... désolée. Posez-la sur la table basse, elle tiendra compagnie aux 15 revues qui y sont déjà, au tome 2 de Aya de Yopogon (super BD, soit dit en passant) , aux 25 dessins de Zébulon, au programme des activités de la MJC locale et aux deux tasses qui restent de notre tisane d'hier soir...

N'empêche, regardez bien, pas un mouton, pas un grain de poussière... hein... comment ça se fait ? Non j'ai pas briqué avant votre arrivée, je ne triche pas !! C'est juste que sur le béton huilé rien ne se voit, trop cool, hein ! Aaah, ben vous aussi, si vous regardez les vitres... les traces de doigts à 80 cm du sol... et tout autour de la poignée de la baie vitrée ...

Reprenons : au sol dans la salle principale :
* une pantoufle,
* une page de Petit Ours Brun,
* un téléphone musical jaune "bonjououour... veux-tu téléphoner à tes amis ? C'est le mouton. Le mouton fait bêêêê".
* Une poussette taille normale pour balader un Lapin.
* Une poussette taille Lapin pour balader une poupée de Lapin.
* Un caddy en plastique orange taille Lapin (ben oui... j'ai honte, je la dresse déjà, y pas de raison!) ,
* un charriot à pousser en bois bleu,
* des feuilles du malheureux ficus,
* un bouchon de stylo bleu,
* une moissonneuse-batteuse verte,
* une barrière en plastique de la ferme (dont les autres éléments sont... mystère...)
* une clé pour resserrer les roues des skate-boards

Non non, n'allons pas les chambres des ados, conservez vos illusions. N'empêche, ils ont fait leurs chambres hier... bon, ils ont taggés leurs murs aussi avec des pochoirs offerts par leur magazine de skate favori ... ben oui, bon, c'est leur chambre, hein...

Prenez l'escalier, ne regardez pas les croquettes qui gisent près des gamelles des chats, allez savoir pourquoi un chat adore jeter ses croquettes par dessus bord ...... ne montez pas les mains vides, merci de prendre le panier de linge qui est sur la première marche... Ben oui c'est lourd du linge propre. Ben non, on ne peut pas faire d'une pierre deux coups et mettre aussi le linge du canapé, vous voyez bien que le panier est plein. Nous prendrons au passage un panier vide en haut lorsque nous redescendrons .

Vous êtes à présent sur la mezzanine. Vous pouvez apercevoir dans le désordre
* une sandale jaune pointure 19, trop petite
* un carton explosé plein de vêtements trop petits à donner,
* un sac à dos rouge vide,
* une demi affiche déchirée de Le secret de Terabithia offert avec je ne sais quel magazine, peut être le Géo Ado qui git à coté,
* 1 panière de linge propre et 3 panières vides (yeeessss !)
* 1 serviette de toilette jetée sur la rambarde de l'escalier,
* 1 livre bébé Mouk Mouk s'ennuie,
* 1 casque de Playmobil Viking,
* un Playmobil NON SCALPE, donc rare !
* la moitié inférieure d'un étui à lunettes,
* le couvercle de la maison des formes ,
* deux légos rouges,
* un Duplo bleu,
* un Ken aux cheveux coupés...
Et là, quelques menus bêêêêê... ben oui...

Notre chambre maintenant, juste à coté. Sous le lit
* une petite bouteille d'eau,
* un boitier de DVD de Petit Ours Brun fait du roller. Vide.
* Un autre boitier de manga Fullmetal Alchemist. Avec le DVd de Petit ours brun dedans. Au moins le DVD ne traîne pas par terre face contre le parquet...si si, ça arrive... je continue.
* Une télécommande. Aaah, elle est donc là....
* un camion de pompier rouge,
* un moutain bike d'Action man,
* un pistolet lance je sais pas quoi gris et orange d'Action Man,
* un Playmobil manchot....
* et comme il se doit, un joli troupeau de moutons agglutiné au niveau de la tête de lit...

Nous évitons les salles de bains qui sont quasi nickel, et les autres chambres des enfants. Trop de choses diverses, ça va de
* la Patafix collée par terre,
* aux taillures de crayons,
* aux cartouches d'encre vides ou pleines,
* aux bouts de feuilles gribouillées,
* au contrôles de maths/d'anglais/d'histoire-géo froissés par terre,
* aux BD qui trainent,
* un Bescherelle ouvert,
* un dictionnaire L. junior à la couverture arrachée,
* 18 Action man et leurs accessoires,
* 5 kgs de Légo...
*et bien sûr, encore et toujours quelques bêêê... et quelques miettes aussi. Parfois une briquette vide avec sa paille encore dedans. Ou pas loin.

Voilà. Comme partout, quoi. Finalement, décomplexée totale !

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mardi, avril 03, 2007

Le coup de gueule du jour ou Le client est Roi

Je devais, en principe, telle la bergère, sur la suggestion de Zaboo, faire l'inventaire de mes moutons-ton-taine domestiques (ceux sous les meubles, vous savez...) Mais il faut que je partage ma mésaventure de cet après-midi. Coup de gueule, donc.

J'habite depuis peu tout près d'un gros bourg, Plouc-Ville (si si, quoi qu'en pensent ses habitants, ça n'est qu'un gros bourg, à l'esprit de village bien ...village, quoi) qui fait office de "grande ville" locale. Donc, j'avais besoin de terreau, et de "pralin" pour planter mes pieds de haie, puisque les 70 trous sont faits et bien faits, et qu'ils attentent patiemment.
Vu l'écart de prix entre le rayon Jardinerie du BricoTruc local et le AgriMachin local (fournisseur des agriculteurs professionnels et des maraîchers du dimanche), mon choix se porte sur le... moins cher.

Fermé le lundi. Hier j'ai donc fait demi tour en pestant. Mais bon, il a le droit... Puisque c'est ainsi nous reviendrons mardi. Mardi j'y retourne. Le parking de 8 places est plein, je gare le minibus familial tant bien que mal entre un gros 4x4 boueux et une Clio blanche. Et j'entre dans ledit magasin.
Etes-vous déjà entré dans une vraie boutique antillaise ou africaine, à Paris ou ailleurs ? Je vous le conseille... L'accueil vaut le détour : les filles papotent entre elles ou sont au téléphone, personne ne s'occupe de vous, ni ne répond à votre bonjour, limite vous perturbez la réunion de copines. Idem chez AgriTrucTruc.
Si je trouve tout de suite le seau de "pralin", je erre comme une âme en peine à la recherche d'un sac de terreau, entre les pelles de toutes tailles, les rayons d'aliments pour bétail, volailles (entre nous , j'ignorais qu'on faisait autant de sorte d'aliment pour nourrir les poules, si avec ça elles vous pondent pas trois douzaines d'oeufs par jour c'est bien du Diable...) J'ai l'impression d'être arrivée par erreur dans un mariage où je n'étais pas invitée, ils se connaissent tous et je suis l'intruse ; ça se bise à chaque rayon, et que je te raconte ma dernière sortie pêche, la chasse de samedi dernier, des nouvelles du fiston , des patates à repiquer mais "il fait encore froid quand même houloulou", des "moi j'ai ressorti mes géranium et toi ?", des "ma fille m'a offert un camélia, il est dans la véranda", des "ben tiens vl'à l'Marcel, alors Marcel, qu'est-ce t'en dis ?" (version locale pour dire "comment vas-tu ?") ; bref, un vrai bonheur pour un ethnologue, un parfait nid d'autochtones, mais sur l'heure je n'ai ni le temps ni l'humeur... je cherche du terreau, nomdidjou, ça devrait pas être compliqué tout de même...

Désespérée, je me plante dans la queue à la caisse, tant pis pour mon terreau, au hasard de mes pérégrinations dans les rayons j'ai rencontré un litre de liquide vaisselle bio pour quatre fois moins cher que mon supermarché habituel, je n'aurais pas tout perdu ! Voilà qu'un gentil pépé se plante devant moi, tranquillou, pose ses emplettes sur le tapis roulant tout en discutant avec un autre plus loin. Moi ? Je n'existe pas. TRANSPARENTE. ça faisait des années que ce truc du transparente, inexistante, ne m'était plus arrivé, j'en avais oublié cette désagréable sensation, désagréable et humiliante. Encore toute étranglée de rage, plus la déception de n'avoir pas trouvé mon terreau, l'idée d'aller quand même au Brico en chercher et d'avoir un peu perdu mon temps... je me rapproche du tapis, ne pas laisser de quoi s'insérer, on sait jamais. Voilà -t-y pas qu'un autre de ses conscrits arrive, et bonjour, et comment tu vas, et mine de rien que je te passe devant la dame qui poireautait avec son seau de pralin à la main, me bouscule, se retourne, me voit, ME REGARDE.. et se retourne et continue de discuter... A la limite c'est moi qui aurais du m'excuser de m'être trouvée sur son chemin ! Soufflée j'étais ! Estomaquée ! Mais on m'a appris à respecter les anciens, trop bien élevée je suis et pour le coup je ne remercie pas mes parents... Je leur trouve des excuses, ils doivent être très pressés, ils ont mille choses à faire, ils sont vénérables, le privilège de l'âge les autorise à toutes les impolitesses...

Pendant ce temps, j'observe autour de moi et je constate avec soulagement que cette serviable échoppe dispose d'un vendeur, même âge que ses clients, qui tutoie et connait tout le monde, qui va chercher les sacs de patates à repiquer et les pose sur le tapis roulant, à la demande. Et puis même, ooooh dis donc, des sacs de terreau ! Voilà qui fait mon affaire, finalement, vieille boutique mais les habitudes "à l'ancienne" ont du bon : on va vous chercher les trucs lourds, comme dans certaines stations on vous sert encore de l'essence ! Rapide comme le cobra, désespérée comme la mangouste, je me lance sur lui qui passe à ma portée pour lui jeter ma requête comme une bouteille à la mer.

- Excusez-moi monsieur (j'y mets les formes, on n'est pas des bêtes, même si on est un chouill' énervée) je cherche du terreau...
- Quelle quantité ?
- Ben... 40 litres ça devrait aller.
- 50 litres, on n'a pas 40.
- Bon ben 50 litres ça ira bien.

Et là... alors qu'aux autres, muni de son caddy greffé au bout de son bras il faisait la navette en leur disant "je vais te le chercher, c'est tout ce qu'il te faudra ?" à moi, que croyez-vous qu'il me dit ?

- C'est là-bas derrière. Il vous faudra un charriot, ils sont dehors les charriots.

Re-re-glurp... Normalement... j'aurais du tout planter là. Mon liquide vaisselle et mon pralin à 8 euros. Normalement. Mais je ne l'ai pas fait. J'ai posé mes bidules sur le tapis, j'ai dit "je reviens". Et je suis allée tout doucettement chercher un caddy, dehors, sous la pluie, en me disant "si c'est à jetons je me barre". Mais comme ils sont troooop sympas dans ce magasin, ils n'embêtent pas leurs clients avec des jetons de caddy (c'est parce qu'ils ne savaient pas que j'allais venir...)
J'ai trouvé le terreau, la vaaaaache comme c'est lourd 50 l de terreau ! Et ça rend le caddy difficile à manoeuvrer, ça ne fait que conforter ma joie, mon immense bonheur, ce bonheur-là qui vient de me déclencher une méga-crampe d'estomac (Spas*fon au secours ! ) de rage contenue.

Longtemps que je n'avais plus vécu ça, depuis mon passage rapide en Ternois profond il y a quelques années. Plouc-Land, à moins de quarante kilomètres d'une ville universitaire de 400 000 habitants agglomération comprise... qui l'eut cru ?

En sortant je suis allée me calmer au BazardLand du coin, ben je les ai trouvé vachement sympas les filles de chez BazardLand, même si je n'ai pris qu'un fouet à main (pour battre mes crèmes) à 1 euros 15... Et pour vraiment vraiment bien me calmer je me suis ruée en rentrant sur une boite de Brownie "Format familial à découper", d'une traite, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien dans l'emballage d'alu ("format familial", c'est quoi ces familles d'ascètes, dis-moi ?) Et une bonne poignée de poissons au chocolat par dessus, même ceux au lait que j'aime pas. Après j'étais calmée. Dégoûtée, furax, mais calmée.
Et je me suis dit que j'y retournerai, dans ce magasin. NA ! Ils m'y verront, ils ne me feront pas fuir, je les forcerai même à me parler parce que je poserai plein de questions la prochaine fois... NAN MAIS !

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