Smels like teen...
Je reprends volontiers le flambeau tendu par BricolGirl chez elle, «ce que nous imaginions devenir plus tard quand nous étions petits» Si j’ai tout de suite trouvé le sujet intéressant, l’exercice s’avère à l’usage moins simple que prévu. Parce qu’un poème appris en anglais en classe de Terminale est venu se coller à ma mémoire et ne me quitte plus depuis. Vingt quatre ans que je n’avais plus pensé à ce poème, et là tout d’un coup j’en ai des morceaux plein la tête. Mais revenons à nos moutons…
- Qu’est-ce que tu voudras faire quand tu seras grande ?
Je suis allongée sur la table d’opération, l’anesthésiste tient à la main le masque qui m’endormira et c’est le chirurgien qui me pose la question.
- je voudrais être hôtesse de l’air.
- Ah, tiens, comme ma fille !
Sa fille c’est Patricia, la pimbêche de la classe. Je ne veux pas donner l'impression de copier Patricia, je renonce donc à 8 ans à faire ma Natacha. Mais ça ne m’empêche pas aujourd’hui d’avoir des talons hauts ! Finalement, je ne sais pas si Patricia est devenue hôtesse de l’air …
Par contre, deux choses étaient certaines, immuables au fil des années, évidentes, aussi loin que je me souvienne, du temps où je coupais encore les cheveux des poupées en espérant qu’ils repoussent.
1/ je me voyais avec beaucoup d’enfants, plus de deux en tous cas.
2/ je travaillerai et j’aurai un métier.
Ces deux objectifs étant fermement établis, il s’agissait de mitonner le quotidien, le tout-courant, en épicurienne cigale que je suis. Si le «avoir beaucoup d’enfants» s’est accompli sur le très tard, je ne perdais pas de vue le « avoir un métier », j’ai été élevée avec l’idée que l’instruction libère l’humain, et la femme en particulier, et que pour avoir le choix de ce que je voulais comme vie plus tard, il fallait que je laboure et sème tant que mon cerveau d'écolière était frais et dispo. Une sorte de "mange-ton-pain-noir-aujourd'hui-tu-auras-ton-paradis-demain" .
A 14 ans, j'ai une révélation violente : je veux être juge pour enfants, parce que j’ai lu Chiens perdus sans collier, de Gilbert Cesbron. Pendant deux ans j’ai eu ça en tête très fort, j’ai visualisé le parcours des études, de la fac de droit à l’Ecole de la Magistrature. On s'était promis-craché avec Luc de remettre l'autre dans son chemin en cas de déviation... Luc ne jurait que par la médecine, il est devenu avocat... Je ne suis pas juge pour enfants. Et puis je suis arrivée au lycée… je me suis emballée pour d’autres matières pour lesquelles j’avais plus de facilités, j’en ai découvert de nouvelles… et la magistrature a disparu de mes ambitions. Et quand plus tard j’ai connu les cours de droit dans le cadre d’un autre cursus universitaire, je me suis félicité d’avoir choisi une voie différente : la rigueur nécessaire à ces études-là m’aurait été fatale…
Plus que des rêves d’enfant, ce sont des aspirations plutôt diffuses : je veux grandir, je veux comprendre les adultes, je veux faire des vrais choix qui m’engagent, je veux être LIBRE, libre d’être moi-même sans regard réprobateur proche. Que du classique, quoi (à l’époque, je souhaitais par-dessus tout échanger ma petite sœur contre un grand frère, j’aurais tout donné pour un grand frère…ça n’est jamais arrivé. Heureusement, par la suite, j’ai eu des amis qui furent de moi aussi proches que des frères, et en prime j’ai même gardé ma sœur… !)
Je croyais que je parviendrai à la compréhension suprême, que je serai alors à l'aise sur le grand échiquier, dotée des clés pour tout comprendre, de la pierre philosophale. Adolescente, je me suis crue illuminée de cette connaissance universelle …très brièvement, avant de me rendre compte que plus on apprend, plus on découvre l’immensité de notre ignorance et le chemin sans fin qui est à parcourir. Ainsi, en entrant dans l’âge adulte (qui reste une période non définie pour moi, je la situe vaguement entre 20 et 25 ans…) je deviens humble, et plus que des renoncements, je réajuste légèrement mes ambitions, je les ré-étale dans le temps. La seule vraie douleur ressentie comme une amputation à mes aspirations, c’est, à 33 ans, de renoncer à l'idée d'une famille nombreuse (non, trois enfants ça n’était pas l'idée que j'avais de la famille nombreuse). Parce que je n’avais pas choisi le bon partenaire, celui qui m’aurait donné suffisamment confiance pour poursuivre ma conception du bonheur. Je sentais confusément que je m’enlisais dans des rêves qui n’étaient pas miens, et cela ralentissait ma quête. La quête de moi-même, parce que c’est bien de cela qu’il s’agit, en fait, non ?
En pointant aujourd’hui ce qui est fait et ce qui reste à faire, je réalise qu’au virage d’un certain mois d’Avril 2002, j’ai choisi de reprendre MA route, la mienne seule, de mon propre chef, celle de MA LIBERTE. Une certaine indépendance psychologique. Enfin. Attendue 38 années. Pour garder mes rêves, mon chemin, droit devant. Et il se trouve, ô cerise sur le fondant au chocolat, que ce chemin, je ne m'y promène pas seule. A mon rythme, comme je veux, mais accompagnée et marchant tous deux d'un même pas.
C'était ça, l'idée (floue) que j'avais de ma vie adulte.
Et comment je m'imagine dans 30 ans ? Comme ça...
When I am an old woman I shall wear purple
With a red hat that doesn't go, and doesn't suit me,
And I shall spend my pension on brandy and summer gloves
And satin sandals,and say we've no money for butter.
I shall sit down on the pavement when I am tired,
And gobble up samples in shops and press alarm bells,
And run my stick along the public railings,
And make up for the sobriety of my youth.
I shall go out in my slippers in the rain
And pick the flowers in other people's gardens,
And learn to spit.
You can wear terrible shirts and grow more fat,
And eat three pounds of sausages at a go,
Or only bread and pickle for a week,
And hoard pens and pencils and beer mats and things in boxes.
But now we must have clothes that keep us dry,
And pay our rent and not swear in the street,
And set a good example for the children.
We will have friends to dinner and read the papers.
But maybe I ought to practise a little now?
So people who know meare not too shocked and surprised,
When suddenly I am old and start to wear purple!
Jenny Joseph
Qui veut reprend le sujet, par exemple, Zaboo en preums et les autres suivent !
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