Untitled

Hier soir je pensais à elle, en regardant les noix dans le panier sur le plan de travail de la cuisine. Je me disais "tiens, il faudra que je lui en envoi un bon paquet, avec un joli casse-noix comme celui qu'on a trouvé". Parce qu'elle adore les noix, et à chacune de ses visites je lui confectionne une nouvelle recette de tarte aux noix. Et je renouvelle son stock d'huile de noix fraichement pressée de chez nous et des noix du coin... Parce que dans sa région elle ne trouve que des noix en sachets, en provenance de Chine.

Nous faisons des échanges rigolos par la poste, reblochon contre maroilles. Une fois, elle a même poussé la générosité jusqu'à charger son coffre de maroilles pour moi, elle venait nous voir en plein juillet et elle a fait 800 km en sa compagnie. Et elle est remontée avec du reblochon. Moins odorant, le reblochon ! Ainsi, elle peut manger des tartiflettes au rebloch' fermier et je peux manger dans mes Alpes de la tarte au maroilles.  Elle descend également avec de la bière la bière du Nord, elle s'est donné comme mission de nous faire découvrir de façon exhaustive la variété de la production locale. En échange, elle remonte avec nos bières à la noix, au génépi...

Nous échangeons nos tests savonnesques. Elle en fait des beaux, des colorés, des odorants. Elle vient tous les étés, nous marchons dans la forêt derrière la maison pour ramasser du millepertuis. Le soir à la fraiche, nous éffeuillons les pétales jaunes qui nous tâchent les doigts de rouge, nous en remplissons des bocaux avec de l'huile d'olive et ils dorent tranquillement au soleil de mon jardin.

Elle aura son premier petit fils dans un peu plus d'un mois. Elle trouve son fils trop jeune pour être père, à peine 21 ans. Mais elle a fini par s'y faire et je la charrie souvent, je l'appelle mémère. ça la fait râler. J'adore la faire râler !

Parfois elle commente ici, souvent je la retrouve virtuellement ailleurs.

Elle aura 43 ans dans 2 jours.

Elle n'aura pas 43 ans dans 2 jours.

Elle s'est tuée hier soir en voiture, en voulant éviter un chat elle a percuté la voiture d'en face.

J'ai tellement mal.... J'aimerais arrêter de pleurer des rivières, ne serait-ce que le temps d'écrire ce billet.

On brade...

Non, pour une fois je ne brade pas mes enfants... avec le temps, je dois reconnaitre qu'ils s'améliorent, enfin, ils deviennent moins "pires"...
Bref. Là n'est donc pas le propos du jour.

Hier matin , FD est allée  faire les soldes. Oh non, pas faire du lèche-vitrine pendant des heures genre les copines en goguette mais FD a profité d'une demi journée libérée dans son emploi du temps de formation dans le but de travailler à la bibliothèque de l'IUFM et de consulter tous les ouvrages de psycho-pédagogie utiles permettre aux mères de famille de faire leurs courses et un peu de ménage.

FD avait 1heure 30 chrono pour faire son shopping, trajet (2x25km ) compris.  Elle est rentrée dans une vaste boutique branchée, multimarques, où elle savait trouver de jolies choses pour son Doux. Dès son entrée dans la boutique et tout le temps que dura sa pérégrination, sillonnant entre tous les portants, rayons homme et rayon femme, elle fut suivie ostensiblement par le vigile de l'entrée. Qui, à 2m d'elle, ne la quittait pas des yeux... Exprès, pour vérifier, elle fit le tour des rayons, en zig zag et finit par sortir, évidemment sans rien acheter. Parce qu'il est hors de question que FD donne ses sous à cette boutique, même si elle l'avait déjà fait auparavant.

Des années que ça ne m'était pas arrivé, une telle suspicion, malgré mes 46 ans ,mon joli sac Des***gual, mon jean Die**el et mon joli manteau-pas-de-la-daube et mes belles bottes...

L'habit ne fait pas le moine, c'est bien connu... tenons-nous en au faciès bronzé, c'est plus sûr.

Inutile de vous dire que depuis hier, de la rage ou de l'humiliation je ne sais pas ce qui me donne le plus envie de hurler...

Je t'en ficherais, moi, de la fonction symbolique...

Le jeu est une activité essentielle du jeune enfant : l'assimilation du réel au moi, sans contraintes ni sanctions - Piaget.

OK. Je veux bien. Mais tout de même, parfois, je me pose des questions...

Nous sortons, avec la grenouillette, d'une longue période dont je n'espérais plus voir le bout... la période PETSHOPS.

Ces charmantes... comment dire... choses en plastique supposées être des animaux domestiques (ou pas, d'ailleurs...) et déclinables sur tous les supports, collectionnées avec amour par la grenouillette en mode fanatique. J'ai furieusement échappé au parapluie Petshop, au ciré Petshop, au T-shirt petshop, à la trousse Petshop et aux chaussons Petshop... mais j'ai dû faire le compromis du livre de coloriages Petshop et de la paire de chaussettes Petshop (sur fond rose, bien entendu) un jour de grande faiblesse au super marché. 

 Oui, ma résistance a des limites...

J'ai cru ne plus en voir la fin de cette Petshopmania dans mon foyer. Je vous passe les séances de panique au moment du coucher lorsqu'il manque un élément de la collection, par ailleurs bien alignée sur le lit... Et nous voilà tous, ado compris,  à sa recherche dans tous les recoins de la maison afin de faire taire les braiments de la princesse...

Ce soir, j'ai cru l'heure de ma délivrance de mère arrivée.

- J'en veux plus de mes Petshops. M'a annoncé la grenouillette, toute fierotte.

Et moi de m'en réjouir et mon coeur de danser la gigue...

Las... elle enchaine avec vigueur...

- JeveuxdescormiticommeEdouard.

- Des quoi ?! (jamais entendu ce mot-là...)

-DESCORMITICOMMEDOUARD !

-Euh... grenouillette, articule, je ne comprends rien du tout, je ne sais pas de quoi tu me parles.

- Je-veux-des-cormiti-comme-Edouard. Edouard il a des cormiti il a amené le violet à l'école je veux des cormiti comme Edouard.

Cormiti, ça ne me parle pas du tout... Cormiti violet, encore moins et je crains le pire... Une rapide recherche gougoule m'apprend qu'il ne s'agit pas de cormiti mais de Gormiti... et que j'avais raison de craindre le pire... 

Oh bigre...  (comme dirait ma copine). Voilà le bestiau...

Après trois garçons, j'avais cru en avoir fini avec ce genre d'horreur (non, je ne porte pas un jugement de valeur sur l'objet de culte de mes enfants mais avouez quand même que oui, quoi... c'est moche...) On a eu de la figurine Power ranger de toutes les couleurs (le bleu, le rouge le jaune et... le vert ? je ne me souviens plus....) , du Pokemon a en rêver la nuit, du DragonBall  et son cousin le Digimon... et j'en passe et j'en oublie.

Heureusement, dans le lot se sont glissés quelques brassées de dinosaures de toutes sortes, des contrées entières de Playmobils (avec tous les moyens de transports existants ou ayant existé, des meubles de tous styles qui pourraient équiper une capitale entière de locataires) , des armées  gigantesques d'Action Men (en hélico, en plongée sous-marine, en traineau avec chien, avec son ennemi juré dont j'ai oublié le nom, avec les rangers qui vont bien et le treillis et les équipements martiaux dont les petits bouts passent dans l'aspirateur...), des kilos de légo sous forme de villes et de vaisseaux spatiaux, une conséquente collection de poupées, Barbie or not Barbie mais toujours vêtues de rose et chaussées de  micro escarpins, mini peignes et autres brosses à cheveux...

Mais là...  j'avoue sans honte que je sature. Elle pourra braire comme elle sait si bien le faire, sicler (oui, nous disons "sicler" par chez nous... je vous laisse deviner à quel type de bruit ça renvoie!) à m'en vriller le tympan et se rouler par terre, ma grenouillette d'amour,  elle n'aura pas de... Comme ça s'appelle déjà ? De Gormiti...

Parce que ça va bien, quoi...

Cuite aux pommes

Autrement dit, fatiguée.

Oui, dès la première semaine de la rentrée.

ET ALORS  ?!

J'avais dit que je commençais une formation cette année... une certification supplémentaire, ça s'appelle. Je vous épargnerai le sigle barbare et abscons mais il s'agit d'une spécialisation concernant "l'accueil et la scolarisation des élèves en situation de handicap et troubles de l'apprentissage" . En gros. J'ai tellement aimé travailler avec mes Segpa que ça m'a donné des envies. De très grosses. Du coup, je m'y colle en gros pointillés sur deux années. Et donc depuis lundi, c'est béatement que je m'abreuve, des heures durant, de psychologie de l'apprentissage ou de psycho du développement de l'enfant. Entre autres passionnantes séances de 3 heures sans pause..

Comme diraient mes nains :  haaaaannnnnn... trop biiiieeeeen !  Mouliner à nouveau du cerveau, ce que je n'avais plus fait depuis 18 ans... la perspective de faire à nouveau un mémoire et sa soutenance l'année prochaine  (ça c'est le coté qui m'emballe le moins... je serai peut être un peu plus inspirée dès que j'aurais trouvé un sujet de mémoire) Revenir dans les mêmes locaux, dans le même bâtiment de (feu) l'IUFM que 18 ans auparavant et croiser dans les couloirs des étudiants qui ont l'âge de ma belle-fille... Me farcir tous les jours, et 5 jours par semaine (foin de mes mercredi off, passés à faire les courses et le taxi... ) l'aller-retour à la grande ville et ses embouteillages 30 km avant à l'entrée... la perspective d'en profiter pour faire les soldes la semaine prochaine, hé hé hé, sans une grenouillette pendue à mes basques et sans le timing serré parce qu'il faut aller chercher une grenouillette à l'école. Le Doux prend le relai. Les relais. Mais le plus dur reste à faire.
Juste pour janvier, en février je récupère les trolls au collège. Et rebelotte en Mai. Et encore deux fois l'année prochaine.

Un constat : J'AI PERDU MES NEURONES D'ANTAN !

Tout ça rapidement pour vous dire que le soir je n'ai plus d'autre énergie que celle qui me maintient à peine debout, à la limite larvée devant mon ordinateur. Et si je m'écoutais, j'irais me coucher directement habillée, dents pas lavées et le visage pas démaquillé (han, pas bien). Et pire, aucune énergie pour lire le soir, lire l'appétissante pile-à-lire qui git près de mon lit (et le volume 1 de Millénium commencé... j'accroche moyen-moyen...) A peine eu le temps d'acheverr mon boléro Biarritz au tricot , encore moins celui de rentrer les millions de fils de la couverture en carrés au crochet enfin terminée pour ma soeur : l'ouvrage-boulet de l'année 2010, 8 mois sur le machin à tricoter comme une damnée plus de 50 carrés... et je ne parle ni de l'assemblage, ni de la bordure festonnée de plusieurs mètres ... sur les genoux je l'ai terminée, cette satanée (trop petite) couverture et jamais plus jamais, j'ai juré ! Quand je pense que ma grand-mère en faisait des couvre-lits à tour de bras sans faiblir, j'en tombe d'effroi à la renverse !

Bon, demain c'est vendredi... et ce week end je devrais non pas me reposer mais lire. Des trucs du genre Britt-Mari Barth, l'apprentissage de l'abstraction, ou alors, du même auteur Le savoir en construction (Former à une pédagogie de la compréhension), ou sinon  Maurice Berger et son passionnant gros livre écrit petit sans images sur Les troubles du développement cognitif (approche thérapeutique chez l’enfant et l’adolescent). 


ça fait envie, hein ?!


Sur ce... dodo !

Bonannée !

Photo Forêt du Mas de la barque (Lozère) juillet 2010

Que cette année vous apporte ce que vous souhaitez, en gardant encore des voeux inachevés pour l'année suivante ! 

Que 2011 soit douce pour vous et pour vos proches.